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pas inférieur à l'artiste. Il participa à la révolution brabançonne par un acte qui a fait entrer son nom dans l’histoire. Ayant offert, pour être libre, sa démission à la chapelle royale, on le vit, au premier signal de insurrection, le 10 décembre 1789, dans l’église Sainte- Gudule, afficher la cocarde tricolore, aux applaudissements de la foule. Déjà en 1787, il faisait partie des Serments, garde bourgeoise qui servait d’égide à la cité. Il s’enrôla aussi parmi les volontaires, ayant pour mission de défendre, contre les entreprises de Joseph II, les institutions nationales. Les clubss démocratiques, qui travaillaient à délivrer le pays de la domination autrichienne, le comptaient parmi leurs adeptes et leurs plus actifs émissaires. En 1791, disent les rapports officiels, il se rendit à Gand pour y fraterniser avec les patriotes coalisés. Après le départ des impériaux " il donna à ses amis aide et " assistance, blâmant les royalistes de la " maison d’Autriche, autant qu’il fut " possible, et se donnant un ton fier et " méprisable." Quand les troupes impériales entrèrent à Bruxelles, " plusieurs " grenadiers hongrois s’étant présentés " au jubé de Sainte-Gudule, il les en " chassa avec brutalité. " Il continua " d’être dans les mêmes sentiments fana- " tiques avec ses confrères de Sainte- " Gudule. " C’est en ces termes que s’exprimait la police autrichienne sur le fanatisme patriotique d’Adrien Van Helmont.

Il finit néanmoins, à force de courage, par désarmer ses adversaires qui, rendant justice à son mérite, le remirent en possession de son emploi à la chapelle royale, le 26 février 1791. Les provinces belges ayant récupéré leurs anciens privilèges. Van Helmont put contribuer à rehausser, par les pompes chorales, les fêtes de l’inauguration de l’empereur Léopold II et le retour des gouverneurs généraux. Il continua à diriger la musique de Sainte-Gudule jusqu’en 1818 ou 1820, époque où il fut remplacé par Borremans. Pendant sa vieillesse, Adrien Van Helmont vivait retiré chez son fils Pierre-Joseph, qui fut professeur au Conservatoire de Bruxelles.

Son œuvre religieuse se compose de plusieurs messes et motets conservés en manuscrit à la maîtrise de Sainte-Gudule, à la collégiale d’Anderlecht, à Malines enfin, où son frère, le chanoine P.-J. Van Helmont a tout laissé, y com- pris les archives de sa famille. Adrien a écrit entre autres une messe de Requiem, à cinq voix, deux violons, deux hautbois, deux cors, deux trompettes, timbales, violoncelle et orgue, datée de novembre 1791. La collégiale d’Anderlecht possède de lui une messe sous ce titre : " Missa solemnis , 4 voc. et strom, " duo obœ, 2 corn., 2 viol., 2 bassi ; " partes 12, auctore domino Adriano " Van Helmont " (I783).

Le caractère de sa musique religieuse était celui de son époque : style théâtral, procédés harmoniques d’une extrême simplicité. C’était, en un mot, l’école française-italienne , l’école de Grétry et de Monsigny, trop dédaignée de nos jours. Il n’y faut point chercher le travail, le développement de l’idée musicale dans les combinaisons d’orchestre. Mais, à défaut de science, on y trouvait du moins une grande naïveté de formes et une fraîcheur de mélodie qui a son charme. On n’y regrette qu’une chose : l’absence d’élévation dans l’idée. Les moyens d’exécution manquaient trop à cette époque au kapelmeester pour lui permettre d’atteindre à la puissance. L’école de Bach était inconnue. Les plus savants se réglaient sur Haydn. Et quand on se décidait à mettre à l’étude une œuvre même de Mozart, il fallait recourir à des moyens extraordinaires. Dans cette pauvreté de ressources orchestrales, Adrien Van Helmont dut renoncer à des combinaisons harmoniques trop compliquées. S’il avait pu développer l’instrumentation comme il savait conduire les voix, sa musique religieuse eut gagné beaucoup en valeur.

Van Helmont s’est essayé aussi dans la musique profane. Son opéra l'Amant légataire, composé sur un misérable libretto, aussi monotone de situations que