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à Liège avec son fils. Thierry fut élu évêque par le peuple, et Henri de Hornes fut déclare mambour, le 28 septembre 1406. Les membres du chapitre refusèrent d’approuver cette double nomination, dont l’irrégularité était flagrante. Thierry publia aussitôt un mandement, leur ordonnant de quitter la ville avant le coucher du soleil, faute de quoi ils seraient déclarés ennemis de l’Etat. Les chanoines se retirèrent pendant la nuit à Saint-Trond. Thierry obtint une bulle de l’antipape Benoît XIII et un diplôme de l’empereur Wenceslas, que les échevins refusèrent de reconnaître. Le parti populaire se vengea par des pillages et des incendies : plusieurs notables furent exécutés devant l'évêque et le mambour. Jean de Bavière, ayant obtenu des secours de plusieurs princes, s’enferma dans Maestricht, où Henri de Hornes, à la tête des Liégeois et des habitants des autres grandes villes de la principauté, vint l’assiéger par deux fois. Durant le second siège, Jean de Bavière écrivit aux Liégeois pour les exhorter à rentrer dans le devoir ; il reçut pour toute réponse un parchemin renfermant un morceau d’écorce et scellé de sceaux en bouse de vaches. Sa vengeance fut terrible. Il fit pendre un grand nombre de prisonniers liégeois et crever les yeux aux autres, qu’il renvoya aux révoltés sous la conduite d’un borgne. Puis il obtint le concours du duc de Bourgogne et se porta à la rencontre de l’armée liégeoise. Celle-ci leva précipitamment le siège de Maestricht. Le mambour, peu confiant dans son armée, eût voulu éviter une bataille générale. Il proposa aux siens de s’enfermer dans les villes, et, sous la protection de leurs murailles, de harceler l’ennemi et de le battre en détail. Le peuple protesta énergiquement. Alors le sire de Perwez fit appel à tous les hommes d’armes de Liège et de la banlieue, leur ordonnant de se rassembler le lendemain, au son de la grosse cloche du ban. Il en vint environ trente mille, dit l’archiviste Polain, dont cinq à six cents cavaliers armés selon la coutume de France. Ils sortirent de la ville avec canons, chars et charrettes chargés de bagages. » Mes amis, dit alors le sire de Perwez, je vous ai remontré plus d’une fois que livrer bataille à nos ennemis, c’était s’exposer à un grand péril : ce sont tous nobles hommes, accoutumés et éprouvés à la guerre, et qui ne sont dirigés que par une seule volonté ; il n’en est pas de même chez vous, simples gens de métier. Il eût mieux valu demeurer dans nos villes et dans nos forteresses, les laisser courir la campagne, les attaquer à notre avantage et les détruire peu à peu ; mais vous avez désiré la journée et nous y ferons de notre mieux. Soyez unis, je vous en conjure, et préparez vous à mourir, s’il le faut, en défendant vos vies et votre pays. «

Les armées se trouvèrent en présence dans les plaines d’Othée. Le duc de Bourgogne détacha mille quatre cents hommes pour prendre l’ennemi en flanc quand le combat serait engagé. Les Liégeois se mirent à crier : » Ils se sauvent ! Ils se sauvent ! « Mais le sire de Perwez, qui savait la guerre, les renseigna sur la manœuvre des ennemis et voulut, pour en détruire l’effet, détacher aussi un corps de son armée. Les Liégeois s’y opposèrent en criant qu’il voulait fuir et les abandonner. Alors, l’âme agitée de sombres pressentiments, il se plaça avec son fils à la tête de ses troupes, qui s’avancèrent aux cris de Saint-Lambert au mambour! La mêlée fut horrible, et quand, au plus fort du combat, la réserve bourguignonne se précipita sur les Liégeois, ce fut une affreuse boucherie. Henri de Perwez et son fils furent tués, et leurs têtes présentées le lendemain sur des piques à l’évêque Jean de Bavière (1408).

J. Nève.

Cf. Goethals, Hist. généal. de la maison de Hornes. — Monstrelet, Chroniques. — Polain. — De Gerlache, Hist. de Liège. — Dewez, Hist. de Liège. — Hemricourt.


HENRI DE LEYEN ('Leianus), LXe évêque de Liège, gouverna cette principauté ecclésiastique depuis le 24 juin 1145 jusqu’en l’année 1164. N’étant encore que prévôt de Saint-Lambert, il exerça autour de lui l’in-