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encore d’ignorance. Après une enquête sévère, le malheureux fut reconnu indigne de la dignité épiscopale et « lui qui était naguère duc, comte, marquis et abbé, sortit prêtre à peine du tribunal du pape » (3 juillet 1274).

À partir de ce moment, la vie de Henri nous est peu connue. Son testament, daté du 12 décembre 1277, et par lequel il fait abandon de tous ses biens à son neveu, est le dernier acte signé par lui qui nous soit parvenu. Selon toute vraisemblance, son naturel batailleur lui fit prendre part encore à plus d’une expédition militaire. Le pays de Liège qu’il avait si longtemps gouverné fut à maintes reprises harcelé par ses gens d’armes. De son château de Nieustadt, près de Ruremonde, il pénétrait souvent dans l’évêché sous prétexte que des sommes jadis avancées par lui ne lui avaient pas été remboursées. Son successeur, Jean d’Enghien, voulut enfin loyalement s’entendre avec lui à ce sujet. On convint d’une entrevue à Brule, près de Hougaerde. Jean, trop confiant dans la bonne foi de son adversaire, s’y rendit presque sans escorte. Mal lui en prit. Pendant la nuit, il fut surpris, dans la maison fortifiée où il logeait, par des soldats de Henri qui le lièrent sur un cheval et l’emmenèrent avec eux en grande vitesse à travers la campagne. Le pauvre prélat était d’un embonpoint excessif ; il ne put supporter la rapidité de la course et ses ravisseurs furent contraints de le déposer à la porte de l’abbaye d’Heylissem, où il mourut de suites de ses fatigues le jour de la Saint-Barthélemy, 1281. À dater d’alors, on perd toute trace de Henri. Il faut considérer comme une fable la tragique aventure dans laquelle il aurait perdu la vie, suivant Jean d’Outremeuse. Hocsem affirme, au contraire, qu’il finit tranquillement ses jours dans le comté de Gueldre en 1284.

Henri Pirenne.

Hocsem, Gesta pontificum Leodiensium. Chapeaville, t. II. — Rodulphe, Gesta abbatum Trudonensium. Pertz ss., t. X. — Chronicon sancti Pantaleonis colon. Ibid., t. XXII. — Jean d’Outremeuse, Ly myreur des Histors, t. V. — Fisen, Sancta Legia… sive historiarum ecclesiæ leodiensis partes duo. — Foullon, Historia leodiensis, t. Ier. — Bouille, Histoire de la ville et pays de Liège, t. Ier. — Ernst, Histoire du Limbourg. — Id., Tableau historique et chronologique des suffragants ou coévêques de Liège. — Polain, Histoire du pays de Liège. — Henaux, Id. — Wauters, Le duc Jean Ier et le Brabant sous le règne de ce prince. — Id. Table chronologique des chartes et diplômes imprimés, t. IV. — Bullet. de la Comm. roy. hist., 3e série, t. XIV. — Édits et ordonnances de la principauté de Liège.


HENRI DE HORNES, sire de Perwez et de Craenenbourg, était fils de Thierry de Hornes et de Catherine Berthout. Son oncle, Arnould de Hornes, prince-évêque de Liège, l’attira vraisemblablement auprès de lui, et l’évêque Jean de Bavière, successeur d’Arnould, l’honora, au commencement de son règne, de sa confiance et de son amitié. La vie mondaine et dissipée de Jean de Bavière fortifia le parti populaire des haydroits (osores juris), qui excitèrent la multitude, soulevèrent les villes, rappelèrent les bannis et proscrivirent les amis du prince. Celui-ci sortit de Liège, fit fermer la cour des échevins et établit à Maestricht celle de l’official. Les États du pays, rassemblés à Liège, résolurent d’élire un mambour, chose inouïe lorsque le siège épiscopal n’était point vacant. Jean de Rochefort, sur qui les voix s’étaient réunies, refusa cette charge qu’il estimait dangereuse. On songea alors à Henri de Perwez, déjà vieux et cassé, mais habile homme de guerre. Jean de la Chaussée, l’un des bourgmestres, s’adressa à Marguerite de Rochefort, épouse de Perwez, qui avait un empire absolu sur son mari. Il dit que la cause de Jean de Bavière était perdue, son principal allié, le duc de Bourgogne, étant trop occupé en France pour lui porter secours ; que le peuple aimait la famille de Hornes et avait résolu de lui demander à la fois un mambour dans la personne de Henri de Perwez et un évêque dans celle de son fils Thierry. « Que le sire de Perwez arrive donc à Liège, il y sera reçu en triomphe ; le palais de l’évêque l’attend ; les trésors et les revenus de la mense épiscopale lui appartiennent. » (Zantfliet).

Marguerite, séduite par les grandeurs promises à sa famille, parvint à vaincre la résistance de son mari, qui se rendit