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Thuringe Henri l’Enfant et de Henri de Louvain sire de Herstal, qui voulaient lui enlever la régence du duché. Trop faible pour maintenir ses droits, elle eut recours à l’ancien ennemi de son mari, à l’évêque de Liège, qui parvint sans peine, avec le secours de son frère Othon de Gueldre, à la délivrer des deux prétendants. Mais, habile à profiter des embarras de la duchesse, il prit pour lui ce qu’il leur avait enlevé et, si, en titre, il ne fut point régent des États d’Aleyde, il exerça pourtant en Brabant jusqu’à la majorité de Jean Ier une influence prépondérante. C’est alors notamment qu’on le voit intervenir à Nivelles, pour réprimer une révolte de la commune contre l’abbesse du lieu. Cette partie de la vie de Henri de Gueldre a été trop peu étudiée jusqu’ici : « lacune malheureuse, dit M. Wauters, car Henri de Gueldre, cet Henri tant et si justement flétri, fut un instant l’arbitre de la Belgique presque entière. L’évêché de Liège subissait respectueusement sa domination ; étroitement uni à son frère Othon, Henri régnait par lui dans la Gueldre, le domaine de leurs aïeux, et en Hollande où une faction avait appelé le comte à la régence. Depuis l’année 1263 environ, la riche abbaye de Stavelot le reconnaissait pour son abbé. La comtesse de Flandre et de Hainaut, Marguerite de Constantinople, après avoir lutté contre lui, après avoir donné asile à Henri de Dinant, qui exerçait encore en 1263 les fonctions de bailli de Lille, la comtesse Marguerite, dis-je, était revenue à d’autres sentiments, et avait pris de lui en fief les francs-alleux qu’elle possédait dans la Flandre impériale, c’est-à-dire la ville de Grammont et la terre de Bornhem. Le fils de Marguerite, Gui de Dampierre, ayant acquis le comté de Namur, s’empressa également de relever de l’évêque le château de Samson. Enfin, à la même époque, et bien qu’absorbé par des préoccupations sans nombre, Henri consentit à intervenir comme médiateur dans la longue querelle des habitants de Cologne avec leur nouvel archevêque[1]. »

Dès avant cette époque, les relations de Henri avec le Brabant étaient de nouveau devenues hostiles. Des différends s’étaient élevés entre lui et Walther Berthout à propos de Malines, fief liégeois engagé au duc Henri III et que Berthout refusait de restituer à l’évêché, malgré le remboursement de l’engagère. Henri brusqua les choses et vint mettre le siège devant Hannut. L’arrivée d’une nombreuse armée brabançonne l’ayant contraint à rentrer précipitamment dans ses États, il n’en fut que plus ardent à se venger des Berthout. « La comtesse de Flandre qui lui devait le service féodal à double titre, pour le comté de Hainaut d’abord, puis pour Grammont et Bornhem, se prépara à l’appuyer et concentra ses vassaux sur les bords de l’Escaut, entre Bornhem et Rupelmonde. » Dans ces circonstances, Henri franchit de nouveau la frontière brabançonne. S’il faut en croire le trop fabuleux Jean d’Outremeuse, l’évêque accompagné des comtes de Gueldre, de Juliers, de Berg, de Nassau et de Looz, aurait détruit successivement, à la tête d’une armée de 60,000 hommes, Hannut, Landen, Tirlemont et Vilvorde. Quoi qu’il en soit, il ne put pénétrer dans Malines. Grâce à l’entremise de Marguerite de Flandre, une trève fut conclue entre les belligérants, trève qui accordait au belliqueux prélat le droit de poser la main en signe de victoire sur la barrière de la ville qui lui avait fait prendre les armes. Il fallut bien se contenter de ce maigre résultat, et Henri pour la seconde fois rentra sans succès dans son évêché. Mais bientôt, comme s’il se fût repenti de sa peu glorieuse expédition, il pénétra par surprise dans Maestricht, démolit la tour de Wyck et s’empara du château de Hierges. Heureusement, les hostilités s’arrêtèrent là et n’amenèrent point une guerre en règle. Les Berthout n’osant affronter la puissance de l’évêque, et Henri trouvant satisfaisante la réparation qu’il avait

  1. Wauters, Le Duc Jean Ier, p. 32 et 33.