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il n’intervint pas directement dans les luttes des maisons de Hainaut et de Flandre. Il semble plutôt, tandis que les princes voisins se combattaient les uns les autres, avoir voulu profiter de l’occasion pour fortifier son influence. Son adhésion à l’alliance de Walsberge, conclue le 17 novembre 1248 entre son frère Othon, comte de Gueldre, le duc de Brabant et le comte de Looz, se rattache probablement à cette pensée politique. Deux ans après, les mêmes princes se réunissaient à Bruxelles (19 mai 1251) pour signer une paix qui devait mettre fin définitivement, pensaient-ils, aux sanglants démêlés des enfants de Marguerite de Flandre. La guerre ne tarda pourtant pas à recommencer. Marguerite, défaite à Westcapelle par Guillaume d’Allemagne, beau-père de Jean d’Avesnes, appela en Hainaut Charles d’Anjou, fils de Louis IX. Aussitôt Guillaume marcha contre le prince français et Henri de Gueldre, suzerain de la province envahie, fit proclamer l’ost au perron de Liège.

C’est alors que le nouveau maître à temps de la cité, Henri de Dinant, s’opposa au départ des milices bourgeoises et donna ainsi le signal d’une guerre civile qui allait pendant trois ans détourner l’évêque de la politique extérieure. Toutes les communes importantes de la principauté soutinrent leur métropole contre leur suzerain. Le clergé, presque sans exception, et l’aristocratie bourgeoise se rangèrent, d’autre part, sous la bannière de Henri de Gueldre. Il ne faudrait pas, en effet, se figurer que la lutte existât uniquement entre ce dernier et les communes. Elle était bien plutôt entre les gens des métiers et les échevins, entre les petits qui aspiraient ardemment aux droits politiques, et les grands qui les leur refusaient avec autant d’opiniâtreté. Entre ces deux partis, un conflit devait nécessairement s’élever un jour : les circonstances voulurent qu’il éclatât pendant le règne de Henri. Aussi n’avons-nous pas à raconter ici en détail le soulèvement des communes liégeoises ; nous renvoyons le lecteur à la biographie de Henri de Dinant, son promoteur. Comme l’on devait s’y attendre, d’ailleurs, le parti populaire fut complètement vaincu malgré son héroïque résistance, et la paix de Bierset (14 octobre 1255) dut lui faire croire que ses plus chères espérances étaient à jamais anéanties.

C’est de cette époque, célèbre dans l’histoire de Liège, que datent les premiers rapports hostiles entre Henri de Gueldre et le duché de Brabant. Pendant la guerre qu’il soutenait contre ses sujets, Henri avait appelé à son aide son ancien allié de Walsberge. Celui-ci, fidèle à la vieille politique brabançonne, trouva l’occasion favorable pour se ménager des intelligences dans le pays de Liège, et sa conduite équivoque fit bientôt se repentir l’élu d’avoir eu recours à un aussi puissant allié. Le duc semblait en effet préparer l’annexion de Saint-Trond, porte de l’évêché du côté de ses États. Il s’était fait des partisans dans la place et il n’eut pas de peine à décider les bourgeois, exaspérés contre leur prince par suite des événements récents, à lui remettre les clefs de la ville. Henri sortait à peine d’une guerre où il avait chèrement payé la victoire : dans cette situation, il ne pouvait songer à en entreprendre presque immédiatement une nouvelle. Aussi, implora-t-il contre son trop habile voisin l’intervention du pape, bien plus redoutée que la voie des armes par un prince aussi profondément catholique que le duc Henri III. Ce ne fut point cependant sans une amertume facile à comprendre que ce dernier renonça aux espérances que la prise de Saint-Trond avait pu un instant lui faire concevoir. Pendant quatre ans, le Brabant et le pays de Liège se tinrent à l’égard l’un de l’autre dans une réserve pleine d’hostilité, et ce n’est qu’au commencement de l’année 1260 que la paix fut définitivement rétablie entre eux. Un mois à peine s’était écoulé depuis cette réconciliation, lorsque le duc mourut, laissant ses fils en bas âge sous la tutelle de son épouse Aleyde.

Cette princesse eut tout d’abord à repousser les prétentions du landgrave de