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furent les principales stipulations de cette paix sous laquelle le peuple vaincu se vit contraint de se courber. Cependant, il n’abandonna pas tout espoir de revanche. Moins de deux mois s’étaient écoulés depuis ces événements, lorsque, à l’occasion de nouvelles dissensions entre le clergé et les échevins, il se révolta et rappela Henri, qui réfugié à Dinant, se hâta d’accourir. Le 17 mars 1257, le « père du peuple » entra dans la ville au milieu de l’enthousiasme général. Son apparition devait y être de courte durée. Deux jours après, il avait repris de lui-même le chemin de l’étranger. Sans doute, le peuple ne lui parut pas en état de recommencer la lutte et il ne voulut point, en vue d’un succès improbable, ensanglanter à nouveau le sol de la patrie. Retiré à la cour de Marguerite de Flandre, qui lui savait gré d’avoir jadis empêché l’évêque de guerroyer contre elle, il vécut désormais dans l’intimité de cette princesse « grande vivandière et qui tenoit, dit un chroniqueur, si large hostel qu’elle sembloit mieux estre royne que comtesse. »

Henri Pirenne.

Hocsem, Gesta pontificum leodiensium. Chapeaville, t. II. — Joannes Presbyter, fragments de sa chronique cités par Chapeaville, ibid. en note à Hocsem. — Zantfliet, Chronicon. — Jean d’Oultremeuse, Ly mireurs des Histoires, IV. — Fisen, Historiarum ecclesiæ leodiensis partes duæ, 1re partie. — Foullon, Historia leodiensis, t. Ier. — Bouille, Histoire de la ville de Liége, t. Ier. — Polain, Histoire de l’ancien pays de Liège, t. Ier. — Hénaux, Histoire du pays de Liège, t. Ier. — Édits et ordonnances de la principauté de Liège, éd. Bormans, t. Ier. — Breve chronicon clerici anonimi. Corpus chronic. flandr., III, p. 13. — Becdelièvre, Biogr. liégeoise.

HENRI DE GUELDRE. Après la mort de l’évêque Robert de Langres (26 octobre 1246), les prétentions de nombreux candidats au siège épiscopal de Saint-Lambert, provoquèrent à Liège, entre les chanoines électeurs des dissensions qui faillirent se prolonger pendant une année entière. La nomination de Henri de Gueldre mit enfin un terme à ce trop long interrègne (10 octobre 1247). Le nouvel élu ne possédait pourtant aucun titre aux sympathies du peuple. Les Liégeois eussent volontiers oublié son extrême jeunesse, mais pouvaient-ils lui pardonner d’être le fils de ce Gérard IV, qui avait jadis pris part au sac de leur ville avec le duc de Brabant et avait combattu contre eux dans les plaines célèbres de Steppes ? Malheureusement, la politique suivie alors en Allemagne par le Saint-Siège avait besoin de partisans dévoués, et Henri, qu’Innocent IV venait d’opposer à Frédéric II, semblait désigné d’avance pour la soutenir[1].

Néanmoins, rien ne vint troubler les premières années du règne de Henri : Gilles d’Orval terminait en 1251 sa fameuse chronique en lui adressant des éloges sans réserves et probablement mérités à cette époque. Au reste, nommé dans un but politique, Henri paraît avoir toujours attaché plus d’importance aux affaires extérieures qu’à l’administration de son évêché. Il quittait souvent sa capitale pour les contrées voisines où sa présence était nécessaire, et ses sujets se sentant libres de contrainte se résignaient plus facilement à supporter pour maître le fils de leur ancien ennemi. Pour lui, tour à tour à Neuss, à Mayence, à Francfort, à Walsberge, à Bruxelles, il fut activement mêlé tant aux troubles de l’empire, où il aida Guillaume à soutenir un pouvoir chancelant, qu’aux querelles intestines des princes belges. C’est ainsi qu’il faillit se laisser entraîner dans la guerre des d’Avesnes et des Dampierre. Nous le voyons, en effet, dès les premiers jours de son règne, le 26 septembre 1247, admettre Jean d’Avesnes à relever le comté de Hainaut, fief de l’église de Liège, à la place de sa mère Marguerite de Flandre[2]. Cependant,

  1. Le caractère politique de l’élection de Henri sera moins douteux encore, si l’on remarque qu’élu en 1247, il ne fut sacré évêque que de longues années après, en 1252 et qu’il fut obligé dès l’abord de s’adjoindre un suffragant pour le spirituel. Il fit choix pour ces fonctions d’Arnould de Semigalle, qui paraît en avoir été le premier officiellement chargé à Liège.
  2. Henri conféra le Hainaut à Jean d’Avesnes, en qualité d’évêque de Liège, dès le 26 septembre 1247. Il ne reçut pourtant officiellement le titre d’évêque que le 10 octobre suivant ; mais il est probable que quelques jours avant cette date, sa nomination était déjà accomplie en fait.