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Tous ces actes sont datés de Nimègue, où Godefroid s’était rendu pour essayer, de concert avec le duc Jean, l’archevêque Wicbold et l’évèque de Bàle, de réconcilier le roi Albert d’Autriche avec le comte de Hainaut, à qui Albert réclamait la possession de la Hollande et de la Zélande, comme fiefs échus à l’empire par défaut d’héritiers mâles. Ses efforts furent inutiles. Mais cet échec ne découragea pas l’habile politique. Le traité par lequel l’archevêque, le duc, les comtes de Hainaut et de Gueldre s’en remettent (le mercredi après les octaves de Pâques, 12 avril 1301) à Guy de Hainaut, frère du comte Jean d’Avesnes, à Godefroid et à Loef de Clèves, de tous les débats qui pourraient survenir entre eux, marque l’apogée des progrès faits par l’influence française à cette époque. Entre la Flandre asservie et le pays de Liège, où dominait la faction des » fils de France « , il n’y avait plus d’Etat qui ne l’eût subie. Les résultats de cette assemblée de Nimègue furent anéantis par une révolution imprévue.

Lorsque la Flandre se souleva contre la domination étrangère, Godefroid, qui était alors le premier et le principal des conseillers de son neveu, prit les armes pour combattre avec les Français. Il paraît que le roi Philippe lui destinait le gouvernement de sa conquête, où le seigneur de Chàtillou avait, par ses violences, provoqué les murmures les plus vifs ; le chroniqueur brabançon Van Velthem, qui était contemporain, dit aussi que Godefroid prévit les fâcheuses conséquences de l’attaque imprudente tentée par Chàtillou contre l’armée des communiers. Quoi qu’il en soit de ces deux assertions, la bataille de Courtrai vit Godefroid et Jean, son fils unique, tomber sous les coups des vainqueurs. Ce désastre fut le signal d’un revirement complet dans les agissements du duc de Brabant ; pendant quelque temps, il resta intimement uni avec les Flamands contre le roi et contre le comte de Hainaut et de Hollande.

Jean de Brabant se qualifiait seigneur de Masiers, en Berrv ; en 1300, il avait épousé Marie, dame de Mortagne, châtelaine de Tournai. Peu de temps après son décès, des hommes du peuple se présentèrent en Brabant comme étant ce jeune seigneur et son compagnon, sire Arnoulde Crainhem, et persuadèrent au public qu’ils avaient réellement échappé à la mort. Le faux Jean de Brabant, qui se nommait, paraît-il, Jacques de Ghistelles, fit enlever de l’église conventuelle des Récollets, de Bruxelles, son écusson, que l’on y avait suspendu, à un cénotaphe sans doute. La ville de Louvain le reçut avec enthousiasme, et à Mortagne il fut accueilli avec transport, mais la dame de Diest, tante de Marie de Mortagne, qui avait conclu le mariage de celle-ci, découvrit l’imposture. Butkens prétend que le fripon se retira à la cour de France ; suivant De Dynter, lui et son complice furent jetés en prison par ordre du duc Jean II et y périrent dans les tourments.

Jean de Brabant n’ayant pas laissé d’enfant, ses biens furent partagés entre quatre de ses sœurs, conformément aux ordres du roi de France et du duc de Brabant et par les soins de Marie, reine de France, sœur de Jean Ier et de Godefroid d’Aerschot. Sa décision est datée de Paris, le mardi après la Saint-Pierre et Saint-Paul, 7 juillet 1303. L’aînée, Marie, femme de Guillaume, comte de Juliers, eut pour sa part la seigneurie de Zétrud, Aerschot et Rillaer, le château de la Faubeke ou de Vaelbeek, la terre de Bierbeek, cinq cents bonniers du bois de Meerdael, Vierson, avec d’autres seigneuries dans le Berry, l’Orléanais et la Touraine, les maisons que Godefroid avait à Bruxelles, à Paris et à Bourges. A la deuxième, Isabeau ou Elisabeth, femme de Gérard, comte de Juliers après son frère Guillaume, on assigna la ville de Sichen et plusieurs villages adjacents, trois cent soixante-cinq bonniers du bois de Meerdael, le château de Masiers, en Berry, etc. La troisième, Alix, femme de Jean, seigneur d’Harcourt, devint dame d’Archennes, de Bossut, etc., et reçut en plus trois cents bonniers du bois de Berquit à Grez, cent vingt bonniers du bois de Meerdael, la Ferté et d’autres