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fondements le château de Nedelaer, près de Vilvorde, ainsi que ce dernier village et le manoir que le duc y possédait ; ils enlevèrent en même temps le bétail et les objets qui se trouvèrent à leur portée. Un enfant ne pouvait leur résister, mais ses barons se réunirent pour conserver à leur duc ses domaines et son honneur. Ils levèrent des troupes et mirent le siège devant la redoutable forteresse de Grimberghe, la plus grande qui eût jamais existé, comme on peut s’en assurer en examinant la colline qu’elle couvrait. Les barons poussèrent vivement le siège avec toute leur puissance et emportèrent de vive force le château, qui fut détruit de fond en comble et n’a jamais été rebâti. Les barons s’avisèrent de faire porter leur duc dans son berceau sur le champ de bataille. Quand les ennemis s’en aperçurent, ils se troublèrent tellement (ainsi Dieu secourut le jeune prince), qu’ils perdirent courage et s’estimèrent trop heureux de pouvoir se retirer sans livrer bataille. «

Le récit de Van Boendale a été repris, soit par De Dynter, soit par le continuateur de Van Boendale, et développé par eux sous l’influence des détails accumumulés dans le poème ; leur œuvre a été traduite en français par Jean de Kestergat. Beaucoup d’écrivains en ont accepté les principaux détails, mais d’autres : (Butkens, Trophées de Brabant, t. Ier, p. 118, Ernst, Histoire du Limbourg, t. III, p. 104, et les auteurs de Histoire de Bruxelles, t. Ier, p. 40 ; voir aussi l’Histoire des environs de Bruxelles, t. II, p. 167 et suivantes) en ont fait ressortir les impossibilités. Le jeune âge du duc, malgré le témoignage du rédacteur de l’Auctarium, qu’il ne faut probablement pas prendre à la lettre ou dont le texte a pu être interpolé, est inacceptable. En effet, ce prince figure dans un grand nombre de diplômes à partir de 1143 ; en cette même année, en 1148, en 1151, il fait attacher à ses chartes un sceau où il est représenté en chevalier ; dès 1155 (à l’âge de treize ans !) il se marie ; il agit et parle toujours en homme fait , en maître , en prince.

Le seul point que l’on pourrait admettre, c’est que le duc était encore fort jeune, qu’il n’avait peut-être que quinze ans environ lors de la mort de son père. C’est pourquoi il ne donne souvent de diplômes qu’accompagné de sa mère Lutgarde, mais il est à remarquer qu’il conserva cette habitude longtemps après avoir atteint sa majorité. L’expression de septennis qu’on lui applique, en 1149, dans l’inscription des anciens fonts baptismaux de l’église Saint-Germain, de Tirlemont, se rapporte donc à la durée de son règne, qui commença en effet en 1142 ; celle de juvenis ou le jeune, qu’on lit dans un de ses diplômes daté de 1164, sert à le distinguer de ses prédécesseurs du même nom.

Ce qui est certain, c’est que le Brabant fut en proie à une longue anarchie et que le jeune prince eut fort à faire pour se défendre. L’Auctarium nous apprend qu’il y eut quatre reprises d’hostilités. Les premières auront sans doute été arrêtées par la mort de Godefroid II, dont les parents et les vassaux auront eu à s’occuper des mesures à prendre pour mettre Godefroid III en possession des domaines paternels et lui assurer le trône ducal, qui lui fut conféré par le roi Conrad, à ce qu’il semble, sans la moindre hésitation. Mais les hostilités doivent alors avoir repris et furent cause, sans doute, qu’en 1142 l’abbaye de Grimberghe fut brûlée.

Une pacification temporaire paraît avoir été provoquée par la prédication de la deuxième croisade, qui eut lieu en 1147. A cette époque, Godefroid III se montre déjà actif et redoutable. Dans une charte, qui est certainement antérieure au 15 mars 1146, il déclare prendre sous sa protection l’abbaye de Tongerloo ; en présence des comtes de Looz, d’Aerschot, de Gueldre, de Duras, il s’en proclame l’avoué en vertu d’un ordre reçu de l’empereur et à la demande de l’abbé et des religieux. En 1147, le 1er avril, il assiste, à Aix-la-Chapelle, au couronnement du jeune roi Henri, fils de Conrad, et, en 1148, il construit dans les prairies au nord de Vilvorde