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et prit deux cents chevaux. Il commandait l’artillerie royale en Arragon et au siége de Badajoz, il eut sous ses ordres cinq mille hommes d’infanterie et deux mille de cavalerie.

Il était capitaine général de la cavalerie espagnole, lorsque, le 26 mai 1644, près de Montijo, il battit avec trois mille trois cents fantassins et onze cents chevaux, l’armée portugaise, forte de huit mille hommes de pied et de treize cents chevaux et lui tua trois mille deux cents hommes. Il surprit ensuite San-Alexo et battit à plate couture l’ennemi, à Talavera. Les officiers de cette trempe ne se ménagent pas, aussi Ghislain de Bryas, « avait-il reçu sept mousquetades dans le corps et d’autres blessures. »

Il avait été créé chevalier de Calatrava, commandeur de Molinos et de Lagunaroto; en outre, par lettres patentes du 20 juin 1645, Philippe IV érigea en marquisat la terre de Molinghem, située près d’Aire en Artois et que lui avait léguée son oncle maternel, Ghislain de Nédonchel, archidiacre de Tournai. Ces lettres patentes, fort honorables pour la famille De Bryas, rappellent les services rendus par les ancêtres et les frères de Ghislain; l’un de ceux-ci, Charles, était gouverneur de Marienbourg; un second, Henri, seigneur de Grange, colonel de cavalerie et gouverneur de Philippeville, puis de Marienbourg et de Fumes, s’était distingué, comme le précedent, à la bataille de Rocroi; le troisième était colonel d’un régiment d’infanterie wallone; enfin deux autres avaient péri jeunes, en 1617, au siége de Verceil. Sa Majesté catholique ne se considérait pas encore quitte envers Ghislain de Bryas, puisque, dans un diplôme du 19 février 1652, elle déclare que « eu égard aux grands et signalés services de messire Ghislain de Bryas, marquis de Molinghem.... de notre conseil suprême de guerre, mestre de camp général de nos armées aux Pays-Bas... Afin qu’il demeure, en sa maison, quelque démonstration, qui puisse servir de récompense à ses mérites... lui donnons et accordons l’état de grand bailli de nos bois de Haynaut héréditairement en sa maison. »

Ghislain de Bryas mourut, sans postérité et laissa cet office, son titre et ses biens, à son neveu Englebert, comte de Bryas, baron de Morialmé.

A. de Robaulx de Soumoy.

Archives genérales du royaume, liasses de l’audience, nos 1172, 1175, 1147, 1149, 1156. — Lainé, Archives de la noblesse de France, IX, 41, 48, 49, 52. — Bulletin de la Commission royale d’histoire, 3e série, VI, 200 et suiv.

BRYAS (Charles DE), écrivain ecclésiastique de l’ordre des Carmes déchaussés, né à Saint-Ghislain en 1625, mort à Douai, le 23 février 1686. Son père était gouverneur pour le roi d’Espagne à Marienbourg. Vivement touché par la mort presque subite d’un de ses oncles, le marquis de Molenghien, il renonça au brillant avenir que lui réservait le monde, et prit l’habit des Carmes, à Douai. Il changea alors son nom en celui de Charles de l’Assomption et voulut, dès qu’il eut terminé ses études théologiques, se consacrer aux missions de la Perse; il adressa à cet effet une demande au général de l’ordre des Carmes, afin d’être reçu au séminaire des Missions, à Rome; mais ses supérieurs, en lui refusant la faveur qu’il sollicitait, le forcèrent à rester dans sa patrie. Il enseigna longtemps la théologie à Douai, et fut nommé successivement prieur du couvent de cette ville, définiteur et provincial. Ce fut pendant qu’il remplissait pour la seconde fois cette dernière charge, que la mort l’enleva, le 23 février 1686.

Il a laissé les ouvrages suivants : 1° Auctoritas contra prædeterminationem physicam pro scientia media cum brevi historia complectente ortum, pugnas et palmas ejusdem scientiæ mediœ, inter acres viginti annorum impugnationes feliciter propugnatæ, auctore Germano Philalethe Eupistino. Duaci, Joannes Batté, 1669; volume de 211 pages. — 2° Scientia media ad examen revocata per Germanum Philalethen Eupistinum; 1670. — 3° Thomistarum triumphus, id est, sanctorum Augustini et Thomæ, gemini Ecclesiæ solis, summa concordia circa scientiam mediam, naturam puram aut duplicem Dei amorem, libertatem, contritionem, et probabilitatem, per Germanum Philale-