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duc de Villa-Hermosa, gouverneur général des Pays-Bays. Parti le 7 février 1676, il fut de retour seulement en octobre de la même année. Représenter au gouvernement espagnol la triste situation des Pays-Bas, l’engager à leur fournir des secours prompts et efficaces, tel était le but de son voyage. Les lettres qu’il écrivit à ce sujet au gouverneur général dénotent, comme celles qu’il avait adressées antérieurement aux ambassadeurs espagnols à la Haye, un esprit observateur, pénétrant et particulièrement versé dans l’art de dépister les intrigues de cour. Quant à sa mission à Madrid, elle n’eut aucun résultat. A chaque entretien qu’il avait avec le roi, la reine-mère et les ministres, il recevait force protestations de l’intérêt qu’ils portaient aux Pays-Bas. Les promesses de secours ne firent pas défaut; mais soit impuissance, soit mauvais vouloir, l’Espagne ne fit rien, et les Pays-Bas catholiques durent seuls supporter tous les effets de la politique envahissante de Louis XIV. Les services que De Brouchoven avait rendus à son pays furent récompensés par un éclatant témoignage que lui donna le roi d’Espagne. Après avoir été nommé chevalier de l’ordre de Saint-Jacques, il reçut le titre de comte de Bergeyck, par lettres datées du 9 décembre 1676, Enfin il mourut à Toulouse, le 13 novembre 1631, à l’âge de soixante ans. Son corps fut enterré dans l’église de Saint-Étienne en cette ville, et son cœur fut déposé à l’église de Saint-Gommaire à Lierre, où ses parents avaient été inhumés. Il avait épousé en premières noces Hélène Forment, veuve de P.-P. Rubens, décédée en 1673, et en secondes noces, par contrat du 10 avril 1674, Marie-Françoise d’Ennetières, veuve de Henri de Crevnendael, chevalier.

Ch. Piot.

De Vegiano, Nobiliaire des Pays-Bas. — Comptes de la recette générale des finances aux Pays-Bas, de 1667, 1668, 1670. — Archives de la Secrétairerie d’État espagnole à Bruxelles. — Aitzema, Historie of verhael van staeten en oorloghe. — Négociations relatives à la succession d’Espagne. — Van Loon, Histoire métallique des Pays-Bas. — Du Mont, Histoire des traités. — Comptes rendus des séances de la commission d’histoire. — Butkens, Trophées de Brabant. — De la Chenaye Desbois, Dictionnaire de noblesse.

BROUCHOVEN (Jean DE), comte de Bergeyck, baron de Leefdael, homme d’État, était fils de Jean-Baptiste et de Hélène Forment. Il vit le jour à Anvers, le 9 octobre 1644, fut nommé conseiller et commis des domaines et finances(1668) et trésorier général (1688). Pendant son administration, il prit une part très-active aux efforts que fit à cette époque le gouvernement dans le but de relever le commerce du pays. Les conférences qui eurent lieu à cet effet en la ville de Bruxelles, pendant l’année 1699, furent souvent tenues chez lui; mais il réclama à tort l’exécution de plusieurs mesures qui froissaient quelques intérêts privés. Ses ennemis, et ils étaient puissants et nombreux, s’en prévalurent et le tracassèrent à tel point, qu’il se retira complètement des affaires. Malgré la démission qu’il avait donnée de ses fonctions, le gouvernement ne le consulta pas moins lorsqu’il s’agissait d’affaires importantes. A la mort de Charles II, roi d’Espagne, les Pays-Bas catholiques passèrent à Philippe V, petit-fils de Louis XIV, qui envoya à Bruxelles des ministres chargés de diriger l’administration du pays. Le maréchal De Boufflers, De Puységur et De Bagnols y trouvèrent dans De Brouchoven un homme dévoué au nouveau souverain, un fonctionnaire parfaitement au courant des affaires et dont les principes s’accordaient entièrement avec les idées françaises de centralisation. Dans un mémoire que les commissaires adressèrent au marquis de Torcy, ils déclarèrent que De Brouchoven était actif, vif, pénétrant, connaissant parfaitement la situation de chaque province et de chaque ville, et le parti que l’on pourait en tirer. De leur aveu, il exerçait sur les chefs des États et des villes une grande influence et jouissait auprès de tout le monde de la réputation d’un homme juste, équitable et bienveillant. Le marquis de Bedmar et le duc de Saint-Simon en font un portrait non moins favorable que celui des ministres français, mais à leur point de vue bien entendu. D’après le secrétaire Richard, le comte de Bergeyck évitait tout ce qui aurait pu déplaire aux ministres de France; aussi, trouvant en lui un instrument docile, ils lui donnaient tout crédit et toute autorité. Doué d’un pareil caractère et de dispo-