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clarté de coloris très-remarquables; ses draperies simples, gracieuses, dignes de celles que nous admirons dans l’adoration des Mages de Stephan Lothener, le vieux peintre de Cologne. La dualité d’influence est visible dans le retable de Dijon; le sentiment personnel n’est pas toujours élevé; il tend à une imitation brutale de la nature, témoin le saint Joseph de la Fuite en Égypte, quelques têtes plates, laides, déplaisantes même et certaines formes lourdes et sans élégance. Tantôt ce sont les beaux modèles de Cologne qui l’emportent, comme dans le Siméon de la Présentation au Temple ou dans la Vierge et l’Enfant de la Fuite en Égypte; tantôt ce sont les écoles de la Basse-Allemagne et de la Elandre, écoles rapprochées par leurs frontières comme par leurs tendances, chez lesquelles Broederlam va chercher ses inspirations. Il fallut le génie plus délicat, plus énergique, plus indépendant des Van Eyck et surtout de l’immortel Memling pour choisir la voie et pour ajouter à la science du clair-obscur, à la richesse et à l’harmonie des couleurs, le sentiment noble et idéal qui donne tant de charme aux compositions de ces grands maîtres.

Quoi qu’il en soit, Broederlam sut copier la nature avec habileté; si son coloris fut vigoureux jusqu’à la crudité, si les mains et les pieds, par leur longueur outrée, rappellent l’enfance de l’art, si beaucoup de têtes sont triviales, si le clair-obscur est absent, il y a des éclairs d’originalité, de sentiment et de distinction dans certaines physionomies; les draperies sont bien traitées; il y a une réunion de tons particuliers, des couleurs dont l’agencement lui est spécial et font de lui un artiste de grand mérite. Son œuvre est une des plus intéressantes et des plus précieuses que l’on possède pour l’histoire de l’art.

Ad. Siret.

BROERS (Gaspard), peintre naquit probablement à Anvers : il y est inscrit dans la corporation de Saint-Luc, en 1695, comme élève de Jean-Baptiste Vermeiren, resté inconnu. En 1704, il fut reçu franc-maître et mourut en 1716, assez jeune probablement. Houbraken, qui parle de lui comme ayant peint des marchés brabançons, le mentionne sans prénom ainsi qu’Immerzeel; ce dernier, on ne sait trop pourquoi, le classe parmi les artistes hollandais. M. Chrétien Kramm dit ne l’avoir vu cité que comme peintre de batailles et conclut de là qu’il doit avoir travaillé dans les deux genres. Mais une nouvelle difficulté se présente et rend toutes ces données un peu obscures. La galerie de Dresde possède deux batailles d’un peintre de ce nom, seulement, d’après le livret du musée, rédigé consciencieusement par M. Julius Hubner, ces tableaux sont signés, l’un L. Broers fecit., l’autre L. Broers f., l’L et le B entrelacés. Cet L peut-il être un G, mal lu ou mal copié? C’est possible, et, en ce cas, l’on possède deux productions de ce maître peu connu. Elles ont été acquises, en 1742, de la galerie impériale de Prague. L’étouffage de Broers est abondamment composé et ses petites figures sont spirituellement touchées; son exécution est bonne. Heineken s’est trompé en indiquant Broers comme ayant gravé : il attribue à ce maître une planche de Moïse Uytenbroeck.

Ad. Siret.

BROEYER (Ignace DE), écrivain ecclésiastique de l’ordre de Saint-François, né à Bruxelles, vers 1640, et décédé dans la même ville le 26 décembre 1683. Après avoir achevé ses études humanitaires, il entra dans l’ordre des Récollets en l’année 1661. On lui confia une chaire de théologie, et, à plusieurs reprises, la charge de gardien et de visiteur, ainsi que celle de définiteur général de la province de son ordre, dite de la Germanie inférieure. Enfin il fut nommé commissaire plénipotentiaire de l’ordre de Saint-François pour les deux Germanies et les royaumes unis d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande.

Broeyer prit une large part à la béatification des martyrs de Gorcum, qui eut lieu à Rome en 1675. Envoyé dans la ville éternelle comme procureur de la cause des bienheureux, il ne négligea aucun moyen pour atteindre le but de sa mission. Ce fut en grande partie à son activité qu’on dut attribuer la célérité mise dans l’expédition de cette cause. Il publia, à l’occasion de la solennité de la