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Le concile, qui causait à Charles-Quint tant de préoccupations, s’ouvrit à Trente au jour fixé, le 1er mai 1552, sous la présidence du cardinal Marcel Crescentio, légat du pape, assisté du cardinal de Siponte, que Jules III venait à cet effet de rappeler de sa nonciature à la cour impériale, et de l’évêque de Vérone[1]. La session suivante fut fixée au 1er septembre, afin que les prélats et les théologiens des divers pays catholiques, ainsi que les protestants, eussent le temps d’arriver. Jules III avait fait offrir à l’empereur, par le cardinal d’Imola, de se trouver en personne à Trente, si lui-même il voulait y être, afin qu’ils travaillassent ensemble à apaiser les différends religieux de l’Allemagne; il était disposé, dans cette vue, à consentir pour toujours la communion sous les deux espèces : Charles ne trouva point praticable la combinaison qui lui était proposée. Il nomma ses ambassadeurs auprès du concile, le comte Frédéric de Furstemberg, D. Francisco de Tolède, prieur de Roncevaux, et le comte de Monteagudo, auxquels la reine Marie adjoignit, pour représenter les Pays-Bas, le protonotaires Guillaume de Poitiers, chancelier de l’évêque de Liége[2].

Depuis l’avènement de Henri II à la couronne, les relations entre l’empereur et le monarque français étaient celles de deux princes qui, ayant peu de confiance l’un dans l’autre, s’observent mutuellement. Charles désirait, comme il l’avait toujours désirée, la paix avec la France; il évitait avec soin tout ce qui aurait pu donner à cette puissance des motifs de rupture. Henri II, de son côté, protestait et faisait protester par ses ambassadeurs de ses intentions pacifiques; mais ce langage n’était rien moins que sincère, quoique, à son arrivée à la cour impériale, Marillac eût déclaré, et par ordre exprès du connétable de Montmorency, que le règne du roi son maître serait tout différent de celui du feu roi; que sous ce règne ce qu’on affirmerait serait trouvé véritable : que le oui serait oui et le non serait non[3]. Henri en effet, jaloux de l’ascendant de l’empereur en Europe, ne cherchait qu’à lui susciter sous main des ennemis, et à allumer une guerre générale[4]; aussi s’empressa-t-il de saisir l’occasion qui lui fut offerte de prendre un nouveau pied en Italie. Paul III, après l’assassinat de son fils, Pierre-Louis Farnèse, avait résolu de réunir à la directe du saint-siége l’État de Parme; Octave, son petit-fils, y avait résisté. Jules III rendit d’abord le duché de Parme à Octave; mais plus tard il voulut le reprendre, pour le restituer à l’Église, et il proposa, en échange, à Farnèse le duché de Camerino. Octave alors invoqua le secours de la France; avec ses frères, les cardinaux Alexandre et Ranuce, et Horace, duc de Castro, qui devait épouser Diane, fille naturelle de Henri II, il se mit sous la protection du roi : par un traité signé le 27 mai 1551, Henri s’engagea à faire passer à Parme deux mille fantassins et deux cents chevaux; il promit de plus à Octave Farnèse un subside de douze mille écus par année[5].

A la première nouvelle des négociations des Farnèses en France, Jules III avait réclamé l’assistance de l’empereur : Charles, convaincu des dangers que l’occupation de Parme par les Français ferait courir à l’État de Milan, n’hésita pas à accueillir les demandes du pape. Il lui prêta deux cent mille écus pour les frais de la guerre; il ordonna à D. Ferrante Gonzaga, gouverneur du Milanais, de réunir ses forces aux troupes pontificales que commandait Gioan Battista del Monte, neveu de Jules; il mit à la disposition du saint-père les Italiens et les Espagnols qui occupaient Sienne sous les ordres de D. Diego Hurtado de Mendoza. Celui-ci s’empara sans peine de tout le duché de Castro[6] : mais Gonzaga et del Monte ne purent mettre ob-

  1. De Thou, liv. VIII.
  2. Lettre de Granvelle à la reine Marie du 21 avril 1551. (Arch. impér. à Vienne.) — Lettre du même à la même du 18 mai. (Arch. du royaume.)
  3. Lettre de Granvelle à.Simon Renard, ambassadeur en France, du 14 septembre 1551, dans les Papiers d’Etat de Granvelle, t. III, p. 452, où on lui donne, par erreur, la date de 1550.
  4. Sismondi, t. XII, pp. 193 et 197.
  5. Sismondi, t. XII, p. 197.
  6. Lettre de Granvelle à la reine Marie du 8 juillet 1551. (Archives du royaume.)