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Breda (ancien Brabant). Les données que l’on a sur cet artiste sont encore obscures et embrouillées. Dans le catalogue du Musée d’Anvers, à l’article de Paul Bril, nous lisons « qu’en 1546, un Mathieu Bril, peintre, occupait une partie de l’ancien cloître de Notre-Dame, pour la location de laquelle il payait annuellement, avec plusieurs autres artistes, deux livres quinze escalins. » D’autre part, M. Chrétien Kramm, dans ses Vies des peintres hollandais et flamands, mentionne un détail fort intéressant et qui nous met complétement sur la trace de l’origine de Bril. Dans la Description de Breda, par Van Goor (p. 306), nous dit cet auteur, on lit : « Mathieu Bril, un portraitiste[1] renomme, est aussi né à Breda. Il a laissé un fils, Paul Mathieu Bril, lequel fut un paysagiste des plus célèbres à Rome. »

Van Goor n’a pas connu l’existence de Mathieu, le jeune, est-ce à cause de l’expatriation prématurée de celui-ci, ou bien, dans les noms du fils cité, Paul-Mathieu, faut-il voir une confusion des deux frères? Des renseignements que nous venons de rapporter, il résulte, dans tous les cas, que Mathieu Bril, le vieux, est né à Breda, qu’il y fut peintre distingué, qu’il alla s’établir à Anvers, où il demeurait en 1546, et que c’est là où naquirent ses deux fils.

Ad. Siret.

BRIL, (Mathieu), le jeune, fils de Mathieu, le vieux, peintre de paysage, de vues d’architecture, d’ornements, etc., naquit à Anvers, en 1550. On ne sait rien de ses premières années ni du maître dont il reçut les leçons. Il partit très-jeune pour l’Italie et, dit-on, aussitôt après y être arrivé, il fut chargé par le pape de peindre de nombreuses fresques dans les salles du Vatican. Le souverain pontife était alors Grégoire XIII, et le fait que nous venons de rapporter devait se passer vers 1573; trois ans après, en 1576, Mathieu fut rejoint à Rome par son frère cadet, Paul, dont il devint le maître et qu’il initia à la peinture à fresque. Il consacra les dernières années de sa trop courte existence à tous les travaux dont le pape l’avait chargé et auxquels il fit probablement participer Paul. Surpris par la mort à trente-quatre ans, c’est-à-dire en 1584, il expira entre les bras de son frère. Sans avoir été un artiste hors ligne, Mathieu Bril exécuta des œuvres assez remarquables pour mériter les éloges des meilleurs connaisseurs de Rome. Ensuite il importe de revendiquer pour cet artiste, ainsi que pour son frère, la priorité dans la peinture de paysage. Ce genre avait été jusque-là l’accessoire; à part l’ancienne et petite école, quasi-miniaturiste, de Patenier, on n’avait pas encore vu les compositions topographiques, la reproduction de la nature formant le sujet principal. C’est là qu’il faut, avant tout, chercher l’étonnant succès des Bril, à Rome. Cependant d’autres qualités y aidèrent. Il y a chez Mathieu de la grandeur; il possédait l’art de composer; mais il manquait d’harmonie et une grande sécheresse déparaît ses œuvres. Il fit très-peu de tableaux de chevalet; Paris en possède deux, une Chasse aux daims et une Chasse au cerf; Dresde, deux également, une Chasse au sanglier et le Voyage du jeune Tobie et de sa femme à Haran; Naples, Des chasseurs en plaine; dans la collection d’Ambras, à Vienne, un beau Paysage avec bergers et animaux.

Il est cité dans Le Blanc comme ayant gravé à l’eau-forte, quoique cet auteur ne cite aucune de ses estampes; la chose est possible, toutefois nous n’avons jamais vu aucune de ces gravures et elles ne se trouvent mentionnées que chez Le Blanc. Il y a donc lieu de croire que ce dernier a commis une erreur. Mais on a gravé, d’après Mathieu, les deux recueils suivants : 1° Topographia variarum regionum Hagæ Comit., ab Hondio excusa 1614 (vingt-neuf pièces). — 2° Topographia æri incisa a Simone Frisio ab C. Visschero excusa, 1611 (vingt-cinq pièces). — Toutes ces planches sont in-4o oblong. Raphaël Sadeler a gravé deux paysages d’après Bril.

Ad. Siret.

BRIL (Paul), second fils de Mathieu, le vieux, né à Anvers, en 1556. Dès son enfance il fut destiné à la peinture et placé chez un artiste obscur, Damien Oortelman. Le nom de celui-ci a été tra-

  1. Dans ce même article, M. Kramm parle du vieux Bril comme d’un célèbre peintre de fruits. Quelle est la bonne version? Sont-ce les fruits ou est-ce le portrait que peignait Bril, le père?