leur conservant leurs anciennes libertés et franchises, et notamment l’exemption de toute sorte de juridictions de l’Empire et de ses tribunaux; attribuaient enfin au souverain des Pays-Bas le droit d’envoyer des députés aux diètes de l’Empire et d’être représentés dans la chambre impériale. De leur côté, les Pays-Bas s’engageaient à fournir, dans les contributions de l’Empire, soit en troupes, soit en argent, autant que deux électeurs, et autant que trois électeurs lorsqu’il s’agirait d’une guerre contre les Turcs, et leur souverain devait relever de l’Empire le duché de Gueldre, le comté de Zutphen et les seigneuries d’Utrecht et d’Overyssel. Le même jour se fit un second traité, qui comprenait la Franche-Comté dans le nouveau cercle de Bourgogne comme ancien fief impérial.
La convention du 28 juin fut le dernier acte de la diète, dont la clôture eut lieu deux jours après. Le recez fut publié le 30 à la maison de la ville. Les jours suivants, le roi des Romains, les électeurs, les princes de l’Empire, quittèrent Augsbourg. Charles alla visiter à Munich la famille ducale de Bavière et chasser dans les environs : il revint à Augsbourg le 23 juillet[1]. Le 2 août les magistrats de cette ville restituèrent à leur évêque, le cardinal Othon Truchsès de Waldburg, les églises et les couvents que les protestants avaient occupés. Le lendemain, les bourgmestres et tous les membres du conseil général de la cité, au nombre de trois cents personnes, furent mandés au palais. L’empereur, étant sur son trône, leur fit déclarer l’ordre qu’il avait résolu d’établir dans le gouvernement de leur ville; il réduisit le nombre des officiers qui le composaient, destitua ceux qui étaient en exercice, et les remplaça par des catholiques, prescrivant à ceux-ci de faire observer ponctuellemment l’intérim[2]. Le 4 août il prononça sa sentence dans le procès qui, depuis plusieurs années, était pendant entre le landgrave de Hesse et le comte Guillaume de Nassau au sujet du comté de Cazenellenbogen[3]; cette sentence était favorable au comte, qui en profita peu toutefois, car elle fut révoquée, à certains égards, par le traité de Passau.
Charles partit d’Augsbourg le 13 août, y laissant des troupes suffisantes pour contenir, au besoin, les habitants. Le lendemain il entra dans Ulm. Là aussi il changea le magistrat et réforma le gouvernement de la ville. Le jour de l’Assomption il assista à la messe à la grande église, où, depuis plus de quinze années, il n’en avait pas été célébré[4]. Il passa six jours à Ulm. Avant de prendre le chemin des Pays-Bas, il renvoya en Hongrie le régiment espagnol de don Alvaro de Sande, et en Piémont sa cavalerie légère[5]. Il traînait sa suite ses deux prisonniers, Jean-Frédéric de Saxe et Philippe de Hesse; à Maestricht, où il arriva le 12 septembre, il licençia quatre enseignes de lansquenets, qui avaient formé jusque-là une partie de leur escorte[6]. La reine Marie l’attendait à Louvain; elle lui donna une chasse magnifique à Héverlé, terre du duc d’Arschot, située tout près de cette ville; de là ils se rendirent au château de Tervueren[7], tandis que les deux chefs infortunés de la ligue de Smalkalde étaient dirigés sur Bruxelles, où ils arrivèrent le 17 septembre. Jean-Frédéric était dans un chariot découvert; Philippe montait un petit cheval; ils étaient entourés de trois à quatre cents cavaliers et fantassins espagnols[8]. Le duc de Saxe demeura à Bruxelles; le landgrave fut conduit au château d’Audenarde. Le premier conservait, dans son adversité, une résolution, une constance, à laquelle ses ennemis eux-mêmes se voyaient forcés de rendre hommage; c’était en vain que
- ↑ Journal de Vandenesse.
- ↑ Journal de Vandenesse. — Lettre de l’évêque de Forli à Côme de Médicis, du 4 août 1548.
- ↑ Journal de Vandenesse.
- ↑ Journal de Vandenesse.
- ↑ Lettre du comte de Stroppiana, écrite d’Ulm le 19 août 1548.
- ↑ Lettre écrite à Henri II, le 19 septembre, par Charles de Marillac, son ambassadeur auprès de l’empereur. (M. 8625 de la Bibliothèque nationale, à Paris, p. 5.)
- ↑ Lettre du comte de Stroppiana du 15 septembre. — Journal de Vandenesse.
- ↑ Histoire de Bruxelles, de MM. Henne et Wauters, t. Ier, p. 366.