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l’interim[1]. La conduite du comte palatin et du marquis de Brandebourg aurait pu faire croire même que, ces deux électeurs n’étaient pas éloignés de rentrer dans le giron de l’Église romaine : ils assistaient à toutes les cérémonies religieuses où figurait l’empereur; le jour des Rois, à la grand’messe dite dans sa chapelle, Charles, suivant sa coutume, avait offert trois coupes garnies d’or, de mirrhe et d’encens : c’était le comte Frédéric et le marquis Joachim qui avaient porté les deux premières jusqu’à l’autel[2]; les mêmes princes, an fêtes de Pâques, s’étaient confessés et avaient communié en public avec une contrition qui avait excité une admiration générale[3]; et cette admiration redoubla lorsque, à la procession du Corpus Christi, on les vit marcher aux côtés du cardinal d’Augsbourg portant le saint sacrement[4]. A la vérité, les villes libres, et en particulier Nuremberg, Ulm, Strasbourg, Augsbourg, dont les gouverneurs étaient des protestants zélés, ne se montraient pas animées d’un esprit aussi conciliant on aussi docile[5]; mais l’empereur espérait bien les réduire de gré ou de force.

En ce temps[6] arriva à Augsbourg, Muley Hassem, que Charles-Quint avait rétabli sur le trône de Tunis et que son fils Amida venait d’en déposséder, après, avoir en la barbarie de faire crever les yeux à l’auteur de ses jours. L’état de cet infortuné prince excita la compassion de Charles-Quint et de toute la cour; mais Charles ne put que le consoler dans son malheur : il avait bien d’autres choses à faire que de s’occuper du régime intérieur de la Tunisie.

L’organisation de la chambre impériale ne donna pas lieu à de grands débits dans le sein de la diète. Les états prirent à leur charge l’entretien de ce tribunal; ils abandonnèrent à l’empereur le pouvoir de nommer les juges qui en feraient partie, et l’autorisèrent à leur adjoindre, comme il l’avait proposé, dix assesseurs extraordinaires et temporaires, mais sous la restriction que la chose ne tirerait pas à conséquence pour l’avenir, que ceux qu’il nommerait auraient les qualités requises par les statuts de la chambre, et que le droit des princes qui étaient en possession de faire cette nomination demeurerait en son entier. Sur la question des biens ecclésiastiques, ils s’en rapportèrent à ce que l’empereur déciderait par lui ou par ses commis. Charles, aussitôt après l’acceptation de l’interim, avait représenté à la diète la nécessité d’avoir en réserve une bonne somme de deniers afin que, si quelqu’un dans l’Empire, à l’exemple du ci-devant électeur de Saxe et du landgrave de Hesse, voulait troubler la tranquillité publique, on eût de l’argent tout prêt pour lever des troupes; il lui avait demande aussi, en lui annonçant qu’il avait récemment conclu une trève de cinq années avec le Turc, un subside destiné à l’entretien des fortifications des places frontières de Hongrie pendant la durée de cette trève : les états accordèrent, pour former une caisse de réserve (Vorrath), une somme proportionnée à ce que coûterait la solde de 20,000 hommes de pied et 4,000 chevaux; ils votèrent un subside annuel de cent mille florins, pendant cinq ans, que le roi des Romains appliquerait à la réparation et l’entretien des forteresses de Hongrie. Charles avait engagé à son frère les préfectures provinciales de Souabe pour une somme considérable; il devait de plus à Ferdinand deux cent mille florins environ que celui-ci avait avancés pour la solde des troupes impériales en Hongrie : il obtint de la diète que, suivant une convention faite avec son frère, cette dernière somme fût ajoutée à celle qu’il y aurait à rembourser au roi,

  1. Dépêche de ri : l’évêque de Forli à Côme de Médicis, du 4 juin 1547.
  2. Journal de Vandenesse.
  3. « ..... lo no potrei mai dire come è stala fervente la conversione di questi principi elettori patalino et Brandeburgh, i quali con tanta contritione et lacrime si sono confessati, comunicati publicamente con tutta la lor corte, et intervenuti alli offitii divini che ugniuno ne resta admirato... » (Dépêche de l’évêque de Forli à Côme de Médicis, du 4 avril 1348)
  4. Journal de Vandenesse.
  5. Dépêche de l’évêque de Forli à Côme de Médicis du 22 juin 1548.
  6. Le 8 mai 1548, selon le Journal de Vandenesse.