magne[1]. Les villes, après quelques difficultés, se conformèrent à cette détermination. Charles fit partir pour Rome, le 5 novembre, le cardinal de Trente, Christophe de Madrutz, afin d’informer le pape de « ceste très-bonne et sainte œuvre[2], » et de le supplier de prendre sans délai des mesures conformes au vœu des états de la Germanie; il donna l’ordre à son ambassadeur près le saint-siége, D. Diego Hurtado de Mendoza, d’appuyer énergiquement les démarches du cardinal.
En attendant qu’elle en apprit le résultat, la diète entama l’examen des autres affaires qu’elle avait à discuter. Le 22 novembre arriva à Augsbourg Marie d’Autriche, reine douairière de Hongrie, régente des Pays-Bas. Cette princesse, depuis son veuvage, avait des affaires d’intérêt à régler avec son frère Ferdinand sur lesquelles ils n’avaient pu parvenir à s’entendre; elle voulut profiter de la présence simultanée du roi et de l’empereur à Augsbourg pour qu’elles fussent arrangées d’une manière définitive; elle y réussit après un séjour de plusieurs mois dans cette ville[3], où elle reçut de ses deux frères et de tous les princes, de l’Allemagne l’accueil que méritaient sa naissance, les éminentes qualités qui étaient réunies en elle, et la part considérable qu’elle prenait, depuis plus d’un quart de siècle, aux affaires générales de l’Europe. Dans le même temps des ambassadeurs de la iandgravine de Hesse[4] se présentèrent à la Diète, pour réclamer la mise en liberté de son époux, qui s’était empressé de satisfaire aux stipulations du traité conclu entre lui et l’empereur. Charles non-seulement repoussa leur réclamation, se fondant sur le droit qu’il avait de retenir captif le landgrave pendant un temps indéterminé, mais encore, comme il avait découvert que, du fond de sa prison, Philippe tramait des complots contre lui, il ordonna que ses conseillers et ses domestiques, à l’exception d’un valet de chambre, d’un page et d’un cuisinier, lui fussent ôtés et qu’on ne lui permit d’écrire à personne[5]. Les nouveaux archevêques de Cologne et de Trèves, Adolphe de Schauenbourg et Jean d’Isembourg, n’avaient pas encore fait foi et hommage au chef de l’Empire; ils s’acquittèrent de ce devoir le 4 décembre, en présence du roi des Romains, des autres électeurs et des princes de l’Allemagne. Après eux, les fils du duc de Mecklenbourg Albert-le-Bel, décédé récemment[6], accomplirent la même formalité[7]. Le 29 l’empereur reçut, sur son trône, les députes de la ville de Brunswick, qui à genoux lui demandèrent pardon et implorèrent sa miséricorde[8]. De toutes les villes de la Germanie, Magdebourg et Constance étaient les seules qui n’eussent pas fait acte de soumission à l’autorité impériale.
Pendant l’hiver de 1547 à 1548, Charles fut attaqué de la goutte d’une manière assez sérieuse pour en éprouver des inquiétudes[9] : considérant que cette maladie pourrait le conduire au tombeau lorsqu’il s’y attendrait le moins, il dicta des instructions pour le prince Philippe sur la conduite qu’il aurait à tenir dans le gouvernement de ses États, dans ses négociations avec les puissances étrangères et dans ses rapports avec les membres de sa famille. La prévoyance, la sagacité, la sagesse de Charles-Quint, sont empreintes dans ces instructions[10], comme dans celles qu’il avait laissées à son fils à son départ d’Espa-
- ↑ Lettre de Charles à la reine Marie, du 26 octobre; lettre de G. Veltwyck au président Schore du 1er novembre. (Arch. impér. à Vienne.)
- ↑ Expressions de M. de Granvelle dans une lettre du 4 novembre à la reine Marie.
- ↑ Elle en repartit pour les Pays-Bas le 13 mars 1548.
- ↑ Le landgrave Philippe, après avoir répudié Christine, fille de Georges le Barbu, duc de Saxe, avait épousé, en 1540, Marguerite de Saal, fille d’un pauvre gentilhomme, qu’il entretenait depuis longtemps à titre de concubine. (L’art de vérifier les dates.)
- ↑ C’est ce que rapporte l’évêque de Forli dans des dépêches adressées à Côme de Médicis le 26 novembre et le 24 décembre 1547.
- ↑ Le 10 janvier 1547.
- ↑ Journal de Vandenesse.
- ↑ Journal de Vandenesse.
- ↑ Commentaires, etc., p. 203.
- ↑ Elles ont été données par Sandoval, liv. XXX, § V, et reproduites, avec une traduction française, dans les Papiers d’Etat de Granvelle, t. III, pp. 267-318. Elles sont datées du 18 janvier 1548.