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Mayence et de Saxe; ceux de Trèves, de Cologne et le comte palatin n’étaient pas arrivés encore, mais on les attendait dans la même semaine : retenus chez eux par des affaires importantes, l’électeur de Brandebourg et le roi des Romains n’arrivèrent que plus tard[1]. Charles avait fait l’archiduc Maximilien son lieutenant et président du conseil pour les requêtes qui seraient présentées aux états; ce prince adressa à l’assemblée quelques paroles, à la suite desquelles le vice-chancelier Seldt donna lecture de la proposition. L’empereur, après y avoir rappelé l’affection que, dès le commencement de son règne, il avait portée et qu’il portait à la nation germanique, les efforts qu’il n’avait cessé de faire pour que la paix, la justice, la concorde régnassent dans l’Empire, le peu de fruit qu’avaient produit les diètes de Worms et de Ratisbonne par les pratiques artificieuses de gens malintentionnés, disait qu’il avait réuni les états, pour les consulter sur le fait de la religion et sur tous autres objets concernant le bien de la Germanie, et que son intention était de conclure et maintenir, avec leur conseil et assistance, ce qui serait trouvé le plus profitable à la nation. Les différends religieux étant la racine et la cause principale des maux qu’elle avait soufferts, il regardait come nécessaire, avant tout, de rechercher les moyens d’y mettre un terme. La réorganisation de la chambre impériale était un second point également urgent; il demandait que la diète lui délégnât le pouvoir de la rétablir et que, vu le grand nombre de procès intentés et pendants à la chambre depuis sa suspension, dix personnes possédant les qualités requises fussent préposées pour les décider conjointement avec ceux des assesseurs qui étaient encore vivants. Touchant les biens ecclésiastiques pris et aliénés, il voulait connaître l’opinion de l’assemblée sur le parti qu’il convenait d’adopter. La proposition parlait encore des monnaies, du secours à donner contre les Turcs, point qui serait toutefois remis jusqu’à ce que le roi de Romains fût présent, de l’ordre à tenir dans les séances des états. En terminant, l’empereur exhortait les représentants de l’Allemagne à exprimer franchement leur avis, et à faire en congrégation générale, sans tenir de conventicules ou de congrégations séparées, comme quelques-uns, contre l’ancienne coutume, l’avaient fait aux dernières diètes. L’archevêque de Mayence répondit au nom de l’assemblée. La séance fut levée après une courte réplique de l’archiduc Maximilien[2].

Les états ne perdrirent pas de temps pour s’occuper des importants objets sur lesquels ils étaient appelés à délibérer; dès les premiers jours d’octobre[3], ils présentèrent à l’empereur leur réponse sur la question religieuse. Elle ne le satisfait pas entièrement : aussi, pour mieux faire entrer l’assemblée dans ses vues, il parla en particulier aux électeurs, aux princes et aux autres membres principaux de la diète[4]. Ces moyens d’influence produisent l’effet qu’il s’en était promis : le collége électoral et le collége des princes déclarèrent qu’ils étaient prêts à soumettre les différends en matière de religion à la décision du concile, dès qu’il aurait repris ses séances à Trente, et qu’en attendant ils se reposeraient sur l’empereur du soin d’assurer la paix publique de l’Alle-

  1. L’électeur le 18 octobre et le roi le 21. (Journal de Vandenesse.)
  2. Journal de Vandenesse. — « Sommaire de la proposition faite par l’empereur aux estatz de l’Empire assemblez en la cité d’Augspurch, le premier de septembre 1547. » (Archives impériales, à Vienne.)
       Cette proposition était l’ouvrage de Granvelle et de l’évêque d’Arras, son fils. Granvelle écrivait, le 1er septembre, à la reine Marie, « qu’il avait été assez empesché pour la dresser, et tant plus (disait-il) pour les divers advis que l’on a baillé, pour l’importance de l’affaire. Et y en y avoit qui vouloient obliger l’empereur à faire célébrer le concile à Trente et que l’on proposast précisément que tout le différend de la religion y fût remis, avec submission de tous les estatz, et que cependant l’ancienne religion se observast d’oires en avant par toute ceste Germanie. Mais S. M. l’a mieulx entendu, et je suppose que ceulx qui se veuillent démonstrer par parolles et, par adventure, par faulte de bon jugement et expérience, meilleurs catholiques que les aultres, ne publieront aultre fois pour luthérien et mon filz aussi. Toutesfois, ny pour cela délaisseray-je de dire tousjours plainement ce qu’il me semble pour le service de Sa Majesté, que je tiens estre celuy de Dieu..... » (Arch. impér. à Vienne.)
  3. Le 8, suivant Vandenesse.
  4. Lettre de M. de Granvelle à la reine Marie du 17 octobre 1547. (Arch. impér. à Vienne.)