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brer, à Saint-Gudule, pour le prince défunt, des obsèques auxquelles il assiste en personne[1].

Le 15 octobre il quitte Bruxelles, pour aller visiter la Flandre; il séjourne à Gand du 23 octobre au 2 novembre, et à Bruges du 3 au 16 de ce dernier mois. Le jour même où il entrait dans Bruges, y arrivait, en qualité d’ambassadeur extraordinaire de Henri VIII, l’évêque de Winchester; trois ambassadeurs de François Ier, l’amiral d’Annebault, le chancelier de France Olivier et le secrétaire Bayard, venaient bientôt l’y trouver aussi. Depuis la paix de Crépy, il s’était donné des peines infinies pour amener un accommodement entre Henri et François; non-seulement il y avait employé ses ministres résidents en France et en Angleterre, mais encore il avait tout récemment fait partir deux fois pour Londres Corneille Scepperus, seigneur d’Eecke, l’un des conseillers les plus habiles de la reine Marie. Tous ses efforts avaient échoué devant la volonté bien arrêtée des Français de ravoir Boulogne, et la prétention non moins obstinée des Anglais de ne pas la rendre. L’envoi, fait à Bruges par les deux monarques ennemis, d’ambassadeurs extraordinaires, avait pour but de parvenir enfin à un accord, sous la médiation de l’empereur; les envoyés français étaient, de plus, chargés de négocier avec les ministres impériaux sur les arrangements propres à remplacer les stipulations du traité de Crépy qui concernaient le duc d’Orléans. Le 16 novembre Charles se rend de Bruges à Anvers; les ambassadeurs de France et d’Angleterre l’y suivent; les conférences commencées à Bruges continuent entre eux, à l’intervention des ministres impériaux; elles se terminent et les ambassadeurs retournent auprès de leurs maîtres sans qu’ils soient parvenus à s’entendre : c’était toujours la question de Boulogne qui y faisait obstacle. Les négociations des ambassadeurs français avec l’empereur n’amènent pas non plus de résultat : on était d’accord sur le mariage du prince Philippe avec madame Marguerite, et l’empereur consentait à donner l’État de Milan ou les Pays-Bas aux enfants mâles qui naîtraient de ce mariage, mais il voulait que les Français restituassent tous ses États au duc de Savoie, et les Français entendaient garder le Piémont[2].

Charles avait résolu de tenir un chapitre de la Toison d’or à Utrecht le jour de Saint- André (30 novembre); il n’y en avait pas ou depuis 1531; son dessein était, après que le chapitre aurait achevé ses travaux, de visiter la Gueldre, et ensuite de se rendre à Ratisbonne par le Luxembourg : il comptait y arriver pour l’époque à peu près où il avait convoqué la diète. Retenu à Anvers, par les négociations dont nous avons parlé, plus longtemps qu’il ne l’aurait voulu, il ne peut se mettre en route pour Utrecht qu’au commencement de décembre. La goutte, qui l’attaque, à un bras d’abord, puis au genou, le force de s’arrêter à Bois-le-Duc; c’est seulement l’avant-dernier jour de l’année qu’il fait son entrée à Utrecht. Le chapitre de la Toison d’or s’ouvre le 2 janvier 1546; un nouvel accès de goutte vient surprendre Charles au milieu des délibérations de cette assemblée, et, plusieurs jours durant, les chevaliers doivent se réunir dans sa chambre. En conformité des statuts de l’ordre, le chapitre consacre trois séances à l’examen de la conduite de chacun des chevaliers, présents et absents : il fait, par l’organe du chancelier, différents reproches à l’empereur, et notamment d’avoir manqué aux statuts en exécutant des entreprises importantes sans que ses confrères en aient été au préalable informés; de s’exposer trop à la guerre; d’être fort lent dans l’expédition des affaires publiques. Charles écoute gracieusement le chancelier : il répond que les expéditions de Tunis et d’Alger, auxquelles il a été fait allusion, ont dû être préparées avec une grande circonspection et dans le plus profond secret, pour que les ennemis ne les traversassent point; que néanmoins il en a donné connaissance à quelques-uns des chevaliers qui étaient dans ce temps-là

  1. Trois années de l’histoire de Charles-Quint, pp. 100-102.
  2. Trois années de l’histoire de Charles-Quint, pp. 111, 112, 114.