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Si la partie biographique du travail de Descamps inspire peu de confiance, son jugement sur le talent du peintre nous paraît fort admissible; il est tracé avec exactitude. Sans aucun doute Breydel dut être un esprit versatile; il tâtonna toujours, changea souvent, pasticha beaucoup, et, ce qui est pire, il fut parfois un plagiaire effronté. Doué d’une facilité extraordinaire pour saisir les diverses manières des peintres, il en abusa; il se donna rarement la peine de regarder la nature ou d’inventer à son tour. Les Vues du Rhin, de Griffier, furent d’abord l’objet de ses imitations, mais il les exécuta avec un vrai talent, une jolie couleur, une touche spirituelle dans les petites figures qu’il y plaçait. Arrivé à Anvers, il y trouva la mode aux Breughel de Velours; toute une école imitait ce peintre et sans doute aussi son fils. Breydel fit comme tout le monde avec son talent ordinaire; mais il trouva de rudes concurrents dans la tribu des Van Bredael; enfin, en dernier lieu, il lui tomba sous la main des estampes de Vander Meulen et il s’éprit de ce genre. C’est son meilleur temps, surtout lorsque quelques études d’après nature vinrent le sauver du conventionnel. Il exécuta de fort jolis petits tableaux de scènes militaires, très-goûtés des amateurs; il les fit sur cuivre, sur fer-blanc, sur plaques d’argent et sur toile. Il composait facilement; sa couleur était le plus souvent harmonieuse, spirituelle et claire; son pinceau est ferme, son dessin assez correct, mais il est inégal et ses qualités disparaissent lorsqu’il se néglige. On trouve de ses œuvres qui sont tout à fait dans la manière de Wouwerman. La plupart des cabinets renommés possédaient des tableaux de Breydel. Aujourd’hui, nous ne connaissons guère que le Musée de Bruxelles parmi les galeries publiques, qui puisse montrer des œuvres de ce maître. Il en possède deux; ce sont des Chocs de cavalerie qui paraissent être des épisodes des guerres des Turcs contre l’Empire; ils sont tous deux signés, mais non datés. La célèbre galerie du duc d’Arenberg, à Bruxelles, possède également de lui un Combat de cavaliers.

Ad. Siret.

BREYDEL (François), frère cadet de Charles, peintre de portrait, carnavals, fêtes, etc., naquit à Anvers, en 1679, et fut peut-être, comme son aîné, élève de Pierre Rysbrack; cependant on n’a pas de données certaines à ce sujet, et en voyant le genre si différent choisi par François, on se prend à douter. Le jeune artiste partit de bonne heure pour l’Allemagne; peut-être, lui aussi, voulait-il aller en Italie; mais arrivé à Cassel, son talent y fut si goûté qu’on l’y nomma peintre de la cour et il y eut autant de commandes qu’il pouvait en désirer. C’est vers ce temps qu’il fut rejoint par son frère Charles avec lequel il travailla pendant deux années. Toutes les faveurs et tous les avantages qu’il trouva dans ce pays ne purent l’y retenir. Il désira visiter l’Angleterre et y tenter la fortune. Ce voyage lui réussit. A Londres, il rencontra Herman Vander Myn avec lequel il se lia. Ce devait être vers 1724. Les dernières années de sa vie ne sont point connues; Descamps raconte qu’il mourut à Anvers, le 24 novembre 1750 et qu’il y fut enterré dans l’église de Saint-André. François Breydel s’adonna d’abord au portrait dans lequel il réussit parfaitement. Plus tard il peignit le genre alors si fort à la mode en France et ailleurs, c’est-à-dire, les assemblées, les conversations, les fêtes galantes. Là encore il montra beaucoup de talent; sa composition est bonne, son coloris agréable; ses tableaux rendent parfaitement les costumes du temps; on voit qu’il étudia la nature; il touchait avec esprit et ses toiles semblent faites pour orner les cabinets d’amateurs.

Ad. Siret.

BREYDEL (Jean), chef populaire flamand, au XIVe siècle. On ignore la date de sa naissance et celle de sa mort. Il appartenait à une ancienne famille bourgeoise dont l’influence sur les corps de métiers était considérable et qui figurait parmi les plus opulentes de Bruges. Jean Breydel était doyen de la corporation des bouchers. Son nom et celui du tisserand Pierre De Coninck figurent avec éclat dans l’histoire des grandes luttes que les communes eurent à soutenir con-