30 juillet 1537, pour les Pays-Bas et la Picardie, et une autre trève de trois mois pour l’Italie à Monzon, le 16 novembre, laquelle, prolongée jusqu’au 1er juin 1538, fut rendue universelle par terre et par mer. Paul III, désirant que ces trèves aboutissent à une paix définitive, offrit à l’empereur et au roi de se transporter, malgré son grand âge, partout où il leur conviendrait de se réunir, et de remplir entre eux l’office de médiateur; il leur proposa Nice, qu’ils acceptèrent. Le 25 avril 1538 Charles s’embarqua à Barcelone sur les galères d’Andrea Doria; il aborda à Villefranche le 9 mai. Paul III arriva à Nice le 17; il prit son logement dans un monastère de Saint-François hors des murs. François Ier n’arriva que le 31[1]; il s’établit à Villeneuve, à une petite distance de la ville. Aussitôt que l’empereur et le roi eurent visité le souverain pontife, les conférences et les négociations commencèrent. Chacun des deux souverains rivaux témoignait les meilleures dispositions à conclure la paix[2]; toutefois telle était leur défiance mutuelle que, dès qu’il s’agissait d’en arrêter les bases, il n’y avait plus moyen de les mettre d’accord. Le duché de Milan était toujours la grande difficulté. L’empereur consentait à en investir le duc d’Angoulême, devenu duc d’Orléans depuis la mort du dauphin (10 août 1536); mais il ne voulait le remettre entre ses mains que dans trois années, lorsqu’il pourrait épouser la deuxième fille du roi Ferdinand et en prendre possession avec elle, ou bien il proposait de le donner en garde à Ferdinand, en le faisant gouverner, pendant neuf années, sous le nom du duc d’Orléans, par un cardinal que choisirait le pape : en l’un et en l’autre cas, il demandait que le roi restituât de suite la Savoie et Hesdin; qu’il se déclarât contre le Turc; qu’il facilitât la réunion du concile; qu’iln renonçât à ses liaisons avec les princes protestants d’Allemagne et le roi d’Angleterre. François, de son côté, était content d’attendre, pendant trois ans, la remise du Milanais : mais il entendait ne rien restituer, ni prendre d’engagement, ni abandonner ses alliés en aucune manière, jusqu’au moment où cette remise serait effectuée par l’empereur[3]. Ce dissentiment fit que, de part et d’autre, on renonça à conclure la paix, et que les deux princes signèrent, le 18 juin, une trève de dix ans, aux termes de laquelle ils restèrent en possession de tous les lieux qu’ils occupaient respectivement[4].
L’empereur et le pape partirent pour Gênes le 20 juin; ils y passèrent ensemble plusieurs jours pendant lesquels ils eurent de longues conférences sur les affaires publiques de la chrétienté. Le pontife, au milieu de ces graves occupations, n’oubliait pas les intérêts de sa famille. Le duc de Florence, Alexandre de Médicis, était mort le 6 janvier de l’année précédente, assassiné par un de ses parents : Paul III sollicita de l’empereur la main de la duchesse veuve pour son petit-fils, Octave Farnèse. Charles la lui accorda sans consulter Marguerite et contre le gré de cette princesse, peu flattée qu’on lui donnât un mari qui n’était qu’un enfant, car Octave Farnèse ne comptait pas encore treize ans accomplis.
Le 4 juillet Charles se rembarqua. A Nice lui et François Ier ne s’étaient pas vus; chacun d’eux avait négocié séparément avec le pape, et bien des personnes en avaient conjecturé que leur réconciliation n’était pas sincère. Cette présomption n’était cependant rien moins que fondée; une fois la trève conclue, il avait été convenu entre les deux souverains qu’ils auraient une entrevue près de Marseille, lorsque l’empereur retournerait en Espagne[5]. Arrivé à la hau-
- ↑ Ces dates ne sont pas celles que donne Sismondi; mais nous les empruntons à deux documents authentiques : la Relazione de Tiepolo et le Journal des voyages de Charles-Quint par le sieur de Herbais.
- ↑ Tiepolo, Relazione del convento di Nizza.
- ↑ Tiepolo, Relazione del convento di Nizza.
- ↑ En l’envoyant, le 20 juin, à la reine Marie, ChArles-Quint lui écrivit qu’il « ne l’estimait moins que la paix. » (Lanz, t. II. p. 683.) — Le pape en fut si satisfait qu’il dit à l’un des ambassadeurs vénitiens (Marcantonio Cornaro) qu’il n’avait pas ressenti plus de joie lors de son élévation au pontificat. (Tiepolo, Relazione del convento di Nizza)
- ↑ C’est ce que rapportent Sandoval, liv. XXIV, § 1er, et Tiepolo, Relazione del convento di Nizza, p. 95, et qui est confirmé par la lettre de Charles-Quint du 18 juillet, adressée à la reine Marie; (Lanz, t. II, p. 284. Martin du Bellay s’est donc trompé en assurant que ce fut l’empereur qui invita le roi à ce rendez-vous.