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d’une guirlande de fleurs ornée de figurines par H. van Balen, Fr. Francken, le jeune, et Sébastien Vrancx.

Breughel mourut le 13 janvier 1625, d’un mal qui enleva quatre membres de sa famille presque à la fois, comme nous l’avons vu plus haut; il était encore jeune puisqu’il avait à peine cinquante-sept ans et laissait ses enfants mineurs; une seule, Paschasie, la fille d’Isabelle De Jode, était mariée. Il fallait donc nommer des tuteurs; ces fonctions furent dévolues à Jacques de Jode, frère de la première femme de Breughel, à Rubens, à Van Balen et à Corn. Schut, non le peintre mais un homonyme de celui-ci. L’affection de Rubens pour l’ami qu’il avait perdu se reporta tout entière sur ses pupilles et il leur en donna des preuves constantes. C’est dans l’église Saint-George que les enfants de Breughel de Velours lui élevèrent un monument où se trouvait enchâssé un portrait du défunt, par Rubens. Le monument et le tableau ont disparu pendant les tristes années de la révolution et de l’occupation françaises. L’inscription en a été copiée et conservée; elle relate plusieurs points intéressants.

La seconde femme de Breughel, Catherine van Marienburg, le suivit de près au tombeau; sa dette mortuaire fut payée en 1626-1627.

Nous l’avons dit, Breughel de Velours est un de ces artistes éminents dont l’organisation, complète sous tous les rapports, forme un type assez rare. Son talent était transcendant et ses contemporains y rendirent un hommage que la postérité a sanctionné. Les tableaux de Breughel atteindraient sans doute des prix beaucoup plus élevés si l’artiste avait moins produit et si, très-certainement, on ne confondait pas ses toiles avec celles de son fils Jean, le jeune, dont il sera parlé plus loin. Parmi les musées de l’Europe, nous trouvons que le Louvre possède de lui sept tableaux; Berlin, huit; Munich, seize; dans ceux-ci, il y en a un, au moins, qui doit être de Jean, le jeune; nous nous en expliquerons dans la notice de ce dernier; Dresde, vingt-sept; Madrid, cinquante-quatre. Descamps en cite un nombre considérable possédés de son temps par divers personnages, entre autres l’Électeur palatin, chez qui on en voyait trente-sept. Le marquis de Voyer, à Paris, dit le même auteur, avait de lui une Foire de Village; la scène se passe au confluent du Rupel et de l’Escaut; on y voyait plus de deux cent cinquante petites figures. Il y a de ses œuvres partout, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Hollande, en Angleterre; la Belgique, sa patrie, est peut-être la moins favorisée. Citons parmi ses productions les plus remarquables, deux des quatre toiles commandées par le cardinal Borromée et que l’on admira longtemps à la Bibliothèque Ambroisienne, à Milan, la Terre et l’Air, actuellement à Paris; l’Eau et le Feu sont à Vienne. Des copies du temps ou des répétitions originales provenant de Brunswick, se trouvent au Musée de Lyon. Plusieurs beaux paysages à Dresde, dont onze signés et datés de 1604 à 1613. Dans cette même galerie, trois tableaux, attribués au père, sont du fils, comme nous le verrons à l’article de ce dernier. A Bruxelles, nous trouvons la Prédication de saint Norbert à Anvers, contre l’hérésie de Tanchellinus. Ce tableau, autrefois attribué à Jean Schoreel, provient de l’abbaye de Parc, près de Louvain; il est peut-être le seul du maître qui sorte tout à fait de son genre habituel. On y voit un personnage que la tradition prétendait représenter l’auteur du tableau et qui, par la coïncidence la plus bizarre, nous rend les traits de Schoreel. A Anvers, le Musée possède une toile où Breughel n’intervient que comme accessoire; c’est un Christ mort, pleuré par les saintes Femmes et saint Jean, belle œuvre de Rubens où Breughel s’est senti inspiré en peignant le grandiose paysage dans lequel est placée la composition. En outre le musée renferme encore la guirlande de fleurs avec laquelle le peintre remporta, en 1618, le prix oftert par la société de Rhétorique, le Rameau d’Olivier.

Les anciens auteurs parlent avec le plus grand éloge des productions de Breughel. Mariette cite, comme une des plus remarquables, La procession des douze pucelles, au Grand-Sablon, à Bruxelles, sujet traité également, par Ant. Sallaert. Ce tableau appartenait au prince Eugène