ries de Gênes et d’Asti, la cité d’Arras, Tournai, le Tournaisis, Mortargne et Saint-Amand ; il renonçait au ressort et souveraineté sur les comtés de Flandre et d’Artois, au droit de rachat des châtellenies de Lille, Douai et Orchies ; il épousait la reine douairière de Portugal ; il contractait une ligue offensive et défensive avec l’empereur ; il promettait de lui fournir une armée et une flotte pour le voyage qu’il ferait en Italie afin d’y être couronné, de l’accompagner en personne lorsqu’il marcherait à une croisade contre les Turcs et les hérétiques ; il s’engageait à le tenir quitte et indemne de tout ce qu’il devait au roi d’Angleterre, etc.
Le 14 janvier 1526, François Ier, qui le même jour avait protesté secrètement contre l’acte qu’il allait accomplir, signe le traité, et, après la messe célébrée par l’archevêque d’Embrun, jure sur l’Évangile de l’observer dans toutes ses dispositions. Cette cérémonie est suivie d’une solennité plus imposante encore. Pour déterminer l’empereur à lui rendre la liberté, François Ier avait promis de lui donner sa foi comme chevalier : la foi donnée au nom de la chevalerie était de tous les serments le plus sacré ; le chevalier devait la garder à peine d’être déclaré infâme et parjure. C’était Lannoy que l’empereur avait commis pour recevoir le serment du roi. François Ier, s’étant découvert, et ayant mis sa main droite en celle du vice-roi de Naples, jure que si, dans les six semaines qui suivront son retour en France, il n’effectue pas la restitution du duché de Bourgogne, et si, dans les quatre mois, il ne délivre pas la ratification du traité, il reviendra se mettre au pouvoir de l’empereur comme son prisonnier de guerre. Qui aurait pu croire que des engagements aussi solennels n’étaient qu’une comédie imaginée pour abuser l’empereur et ses ministres ?
Aux termes du traité, François Ier devait être mis en liberté le 10 mars. Le 13 février Charles-Quint vient à Madrid pour lui rendre visite ; le roi va à sa rencontre, et dès qu’ils se sont joints, ils s’embrassent avec de grandes démonstrations d’amitié ; ils soupent ensemble au palais. Deux jours après ils vont aussi ensemble à la messe à San Francisco. Ils partent le 16 pour Illescas, où François a une première entrevue avec la reine Éléonore, sa fiancée. Le 19 à Torrejon de Velasco ils se séparent : l’empereur pour aller se marier à Séville, François pour se diriger vers la France. Au moment de se faire leurs adieux, Charles, ayant pris le roi à part, lui dit : « Mon frère, vous souvenez-vous de ce dont vous êtes convenu avec moi ? » — « Je m’en souviens si bien, répond le roi, que je vous dirais tous les articles de notre traité, » et il les dit en effet. Charles reprend : « Puisque vous vous en souvenez si bien, dites-moi franchement si vous avez l’intention de les accomplir, ou si vous y trouvez quelque difficulté, car, dans ce dernier cas, nous serions exposés à voir nos inimitiés se renouveler. » Le roi réplique : « J’ai l’intention d’accomplir le tout, et je sais que personne n’y mettra obstacle en mon royaume. Si vous voyez que j’agisse autrement, je veux et consens que vous me teniez pour méchant et lâche. »
Charles-Quint avait été fiancé, une première fois, à madame Claude, fille de Louis XII, et une deuxième fois à Renée, sœur de Claude ; le traité de Noyon avait substitué à Renée madame Louise, fille de François Ier ; en 1522, à Windsor, Charles était convenu avec Henri VIII qu’il épouserait sa fille, la princesse Marie. Aucun de ces arrangements, dictés ou conseillés à l’empereur par la politique, n’avait été du goût des Espagnols. Au cortès de Tolède dont nous avons parlé, les représentants de la Castille exprimèrent le vœu qu’il se mariât avec l’infante Isabelle, fille du feu roi de Portugal Emmanuel le Fortuné. Charles, ayant vainement demandé à Henri VIII, ou qu’il lui envoyât sa fille, afin qu’elle fût élevée dans le pays sur lequel elle aurait à régner, ou qu’il trouvât bon qu’il contractât une autre alliance, résolut de condescendre à la pétition des cortès ; son mariage avec Isabelle fut célébré à Séville le 11 mars 1526, à la satisfaction générale de l’Espagne. La fille du roi Emmanuel réunissait tous les avantages : elle était jolie ; les agréments de la figure étaient rehaussés