dans le canton actuel d’Assche, à deux lieues de Bruxelles. À cette époque il était déjà entré, en qualité de conseiller privé et de secrétaire, au service du comte d’Egmont. Celui-ci le faisait asseoir à sa table et lui donnait trois cents écus de gage par an. L’ascendant qu’il exerçait sur le comte d’Egmont le rendit suspect et même odieux à la gouvernante et à ses familiers. T. Armenteros, secrétaire de Marguerite de Parme, le dépeignait en ces termes dans une lettre du 23 juillet 1565 : « Je n’ai vu ici personne plus malicieux et plus double que ce Beckerzeel : il prétend savoir tout ce qui se passe en Espagne et en Italie ; il est très avide d’affaires, et il s’en mêle démesurément. C’est une homme de basse qualité : sa profession est plus d’un soldat que d’un bourgeois. Il s’est marié à Malines, où il demeure, à une femme veuve et riche, qui fut mariée une première fois avec un bâtard du comte de Nassau, et une seconde avec Maingoval. Le comte d’Egmont l’ayant chargé, pendant son absence, de traiter avec les états de Flandre sur le fait des aides et sur d’autres objets, cela lui a donné de l’autorité. » La femme veuve et riche, dont faisait mention T. Armenteros, était Guillelmine (Wilhelmina) de Brouckhorst : Beckerzeel en eut une fille, Anne Casembroodt.
Le « conseiller » du comte d’Egmont fut un des plus actifs promoteurs de la confédération de la noblesse. Au mois de mars 1566, lorsque les chefs de la Ligue eurent pris la résolution de se rendre à Bruxelles à l’effet de présenter à la gouvernante la requête qui demandait impérieusement l’abolition de l’inquisition, Casembroodt, seigneur de Beckerzeel, fut député dans le Namurois pour en ramener les confédérés de cette province. Le 5 avril suivant, il était au nombre des gentilshommes qui présentèrent à la gouvernante des Pays-Bas cette mémorable pétition, regardée à juste titre comme le signal du soulèvement contre la domination espagnole. On fit plus tard un crime au comte d’Egmont de n’avoir pas, après cet acte d’opposition, renvoyé Beckerzeel de son service. Au mois de juillet, nous retrouvons Casembroodit à la fameuse assemblée de Saint-Trond : là, il signe, avec les autres mandataires de la confédération, un acte qui accorde aux dissidents la protection de la noblesse. « On asseurera le peuple, disent-ils, que l’on ne luy fera aulcun tort ou violence pour le fait de la religion, jusques à ce que par les estats generaulx rassemblés en soit aultrement ordonné. » Casembroodt assiste également, comme un des mandataires des confédérés, à l’entrevue qui a lieu au village de Duffel, le 18 juillet, avec les délégués de la gouvernante, le prince d’Orange et le comte d’Egmont. Le saccagement des églises par des bandes fanatisées et les supplications de ses principaux conseillers qui redoutaient pour elle l’exaspération de la populace, arrachèrent enfin à Marguerite des concessions jusqu’alors inespérées. Le 25 août, elle signe des lettres d’assurance par lesquelles elle promet notamment la cessation de l’inquisition et garantit la sûreté des signataires du Compromis ; en revanche, Casembroodt et les autres mandataires de l’assemblée de Saint-Trond délivrent des lettres renversailles par lesquelles ils prennent l’engagement de réprimer les troubles présents, de châtier ceux qui avaient commis des sacriléges et d’empêcher que les prêches ne se fissent dans les lieux qui en avaient été exempts jusqu’alors. Beckerzeel fut un des plus empressés à exécuter cet engagement ; du reste, selon le témoignage du comte d’Egmont, il n’avait cessé de lui affirmer qu’il était bon catholique, et le comte ajoutait qu’il ne s’était jamais aperçu du contraire. Après la conclusion de l’accord avec les mandataires des confédérés, le comte d’Egmont, en sa qualité de gouverneur de la Flandre, chargea Casembroodt de se rendre à Audenarde pour mettre un terme aux désordres qui affligeaient cette ville. Le 30 août, arrivé près de Grammont, il rencontre une bande de briseurs d’images : il les charge avec son escorte, en tue douze et en emmène trente, dont vingt-deux, parmi lesquels un prédicant, furent le lendemain attachés au gibet, tandis que les autres