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suite d’une information tenue à l’occasion de ces faits, une récompense fut promise à celui qui ferait arrêter Guy de Brès, mais il parvint à s’échapper et fut par contumace banni des Pays-Bas. Il se rendit alors (1562) à Sedan, appelé par Henri Robert de la Marche, prince de Sedan et duc de Bouillon, qui venait de faire ouvertement profession de la foi reformée. C’est là que Guy de Brès prépara la Confession de foi des églises réformées en trente-sept articles, qui fut envoyée à Philippe II. Cet envoi était accompagnéd’une lettre écrite, selon toute apparence, par Guy au nom de tous les reformés, dans laquelle ceux-ci réclamaient la liberté religieuse tout en protestant de leur fidélité comme sujets du roi. Cette lettre prouve que les réformés des Pays-Bas, pas plus que ceux de l’Allemagne, ne voulaient introduire la liberté politique; ils protestent contre l’accusation d’être « rebelles et mutins ne désirant rien moins que de renverser tout gouvernement politique, » et reconnaissent « que les rois règnent et que les princes décernent justice par la puissance éternelle de Dieu » et que leur pouvoir est de droit divin.

Guy de Brès, par ses prédications etses écrits, s’était fait connaître. Aussi, quand le prince d’Orange chercha à obtenir l’unité de vues entre les luthériens et les calvinistes, il s’adressa à Guy qui se rendit à Bruxelles auprès du prince avec Charles de Nielles, pasteur reformé d’Anvers. Ces deux ministres étaient disposés, pour atteindre ce but important, à faire quelques concessions, en prenant pour base de l’accord la formule de Wittemberg, composée par Mélanchton et Martin Bucer; mais la chose traîna en longueur et ne put réussir.

En 1566, Guy de Brès fut nommé pasteur de l’église réformée de Valenciennes. Il se rendit à son poste en passant par Tournai où il arriva le 8 août, venant d’Anvers, dit un ancien auteur. Il fut prié avant son départ de faire un prêche qui eut lieu le lendemain 9 août. A Valenciennes, il trouva le consistoire tout-puissant et la ville au pouvoir des réformés. Nous ne pouvons nous étendre sur les événements de Valenciennes, ce récit nous entraînerait trop loin; disons seulement que Noircarmes fut heureux de trouver un prétexte pour faire déclarer la ville rebelle le 17 décembre 1566. Les réformés protestèrent contre les faitsque leur reprochait l’ordonnance royale, par une brochure devenue excessivement rare, probablement écrite par Guy de Brès, et intitulée : Remonstrance et supplication de ceus de l’église réformée de la ville de Valenciennes, sur le mandement de son Altesse fait contre eus le quatorzième jour de décembre 1566. Imprimé en l’an MDLXVII, petit in-12, 22 pages non chiffrées.

En même temps, les réformés s’adressèrent aux seigneurs confédérés pour en obtenir du secours. Le siége ne commença avec vigueur qu’au mois de mars 1567. La dissension éclata parmi les chefs assiégés, qui avaient perdu tout espoir d’être secourus par le prince d’Orange, Guy de Brès et la bourgeoisie, dont il disposait, voulaient se rendre; l’autre pasteur, Pérégrin de Lagrange, Michel Herlin, personnage influent, et le peuple, ne le voulaient pas. Pendant ces discussions, Noircarmes parvint à s’emparer de la ville, le 23 mars, le jour même où De Brès et Lagrange faisaient leur dernier prêche; les vengeances commencèrent aussitôt. Les deux pasteurs, Herlin et un cordier qui leur fournit des cordes, profitant de la nuit, se laissèrent glisser le long des murailles et parvinrent à se sauver; ils arrivèrent à Saint-Amand et entrèrent dans une auberge, où, selon une narration du temps, le bel équipage de Herlin et son épée dorée à fourreau de velours attirèrent l’attention d’un villageois qui alla prévenir le maire; celui-ci les soupçonnant d’être des bourgeois de Valenciennes échappés de la ville les fit arrêter et conduire à Tournai, le 31 mars. Un conflit s’éleva sur le lieu où ils devaient être jugés et punis. La gouvernante Maguerite de Parme écrivit, le 1er avril, au comte de Rœulx, gouverneur de Tournai, pour faire l’enquête, et voulant « que la punition et justice se face au lieu du délict, » elle ordonna de les renvoyer à Valenciennes.