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tecteur des études, suivant les ressources que ses différentes charges avaient accumulées entre ses mains. On en a pour preuve le testament qu’il prit soin de dicter à Malines avant de partir pour l’Espagne où il devait précéder, avec d’autres délégués de nos conseils, le jeune Charles-Quint, successeur du roi Ferdinand le Catholique. Jérôme Busleiden, atteint d’une violente pleurésie, mourut en route, à Bordeaux, le 27 août 1517, âgé d’environ quarante-sept ans. Mais ses intentions devaient recevoir un prompt accomplissement pour le progrès des hautes étude en Belgique, comme pour le plus grand honneur de sa mémoire. Les hommes qu’il avait chargés d’exécuter son testament s’empressèrent d’appliquer à la fondation d’un collége à Louvain la meilleure partie de sa fortune qu’il avait destinée expressément à une institution de ce genre. Dès le mois d’octobre 1518, ils réalisèrent le vœu de Busleiden en ouvrant les cours qu’il avait désignés dans son testament, les trois leçons de latin, de grec et d’hébreu, qui se firent d’abord dans la maison des Augustîns. Mais, en octobre 1520, ils inaugurèrent l’école spéciale qu’il avait voulu fonder, et la firent reconnaître comme établissement de l’Université sous le nom de Collége des Trois-Langues (Collegium trilingue) ou de Collége de Busleiden (Collegium buslidianum); ils trouvèrent un appui moral fort précieux dans les suffrages d’Érasme qui, ami et admirateur de Busleiden, encourageait les maîtres et les élèves et s’efforçait d’éclairer l’opinion publique ; ils furent également secondés par le frère du fondateur de l’œuvre, Gilles Busleiden, membre de la chambre des finances royales, et trésorier de Sainte-Gudule, mort seulement en 1536. L’institution qui devança de quelques années la fondation du Collége de France inspirée par le même dessein (1530), surmonta l’opposition qui ne manqua pas de se produire tout d’abord, et elle rendit d’immenses services aux sciences et aux lettres pendant le XVIe siècle ; restaurée après la crise qu’elle subit avec toutes les autres institutions universitaires à la fin de ce siècle, elle subsista, non sans utilité pour le maintien des bonnes études dans les deux siècles suivants, jusqu’à la suppression de l’Université même sous la domination française. Il ne reste aujourd’hui de l’œuvre de Jérôme Busleiden qu’un petit nombre de bourses, attribuées, par l’arrêté ministériel de l’an 1821, à des jeunes gens nés dans les localités du Luxembourg que le fondateur de l’ancien collége avait désignées dans son testament. En 1856, on a placé la statue de J. Busleiden, œuvre de M. Séverin van Aerschodt, entre celles de Thierry Martens et de Louis Vivès, dans la seconde série des statues historiques qui ornent la façade de l’hôtel de ville de Louvain.

Félix Nève.

Valère André, Fasti academici, pp. 275-285. — Paquot, Fasti academ. Lov. (Ms.), 2 vol. fol. — V. André, Collegii trilingui exordia ac progressus, etc. Lovanii, 1614, petit in-4o. — Vernulæi, Academia Lovan., éd 1667, p. 73 sq. — Mémoire hist. et litt. sur le collége des Trois-Langues. Bruxelles, 1856, chapitres II, III et IV, et parmi les pièces justificatives, les extraits du testament de Busleiden. — Molanus, Rerum Lovan. libri XIV, éd. de Ram, t. I, pp. 641-42.

BUSNOIS (Antoine) ou DE BUSNE, musicien du XVe siècle. On est dépourvu de renseignements sur la patrie de ce remarquable compositeur ; d’après certaines versions, il serait originaire de la Picardie ou de l’Artois ; d’après d’autres, la Flandre aurait le droit de le revendiquer comme un de ses enfants. Nous adoptons cette dernière opinion.

Messire Antoine Busnois entra au service de Charles le Téméraire au mois de décembre 1467, en qualité de chanteur ; en octobre 1470, on le voit figurer comme demi-chapelain de la musique ducale ; au mois de novembre suivant, le duc lui fit un don pour aucuns agréables services non désignés, probablement pour l’avoir aidé à écrire certains motets ou certaines chansons, dont Charles se faisait un passe temps.

Busnois devait être en faveur à la cour et avoir obtenu la confiance du prince, car il l’accompagnait souvent, non-seulement dans ses voyages, mais même dans ses expéditions militaires. Il jouissait de plusieurs bénéfices ecclésiastiques. D’après le chroniqueur Jean Molinet, son contemporain, il possédait entre autres une pré-