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xvie siècle : l’Institution d’une fille de noble maison, traduite de langue toscane en français. Anvers, Plantin, 1558, in-8o. (Voir la notice de M. de Reiffenberg, Archives philologiques, tome I, p. 50.) On citerait ensuite l’Historiale description de l’Ethiopie, traduite du portugais de M. F. Alvarez ; Anvers, 1558, in-8o, et l’Institution des pécheurs, traduite du latin de Claude de Vieumont ; Anvers, 1582, in-16. On attribue au même Jean Beller la version française de l’Imitation, parue sous ce titre : L’art et manière de parfaitement ensuivre J.-C., autrement dite l’éternelle consolation (Anvers, 1565, in-16 ; ib., 1572 texte réimprimé à Douai, chez B. Beller, en 1595, en 1613 et en 1632). Jean Beller avait pour enseigne un faucon ; mais il avait pour devise : In dies arte ac fortuna ; on lisait ces mots autour du bouclier qui était sa marque typographique et au milieu duquel était représentée la déesse Fortune assise sur une barque que guide le génie du commerce, Mercure tenant le caducée. Cette jolie vignette a été gravée de nos jours dans le Bulletin du bibliophile belge (Ire série, t. IX, 1852, p. 422), d’après une édition de Damhoudere, Praxis rerum criminalium ; Antverpiæ, per Joannem Bellerum, 1554, ornée de cinquante-sept planches sur bois. Tout fait croire que notre savant imprimeur a vécu à Anvers entouré de considération, jusqu’à l’époque de sa mort, arrivée le 13 juin 1595 ; il y fut inhumé à Notre-Dame, dans la chapelle de Saint-Georges. Jean Beller, qui avait eu six fils, a laissé plusieurs héritiers de son art ; ce fut d’abord Balthazar Beller que nous verrons, dans un article suivant, fonder, en 1590, une maison d’imprimerie à Douai, en Flandre ; ce furent ensuite Pierre Beller, imprimeur à Anvers en 1596, et Gaspard Beller, son frère, en 1613, qui avait pour enseigne l’Aigle d’or ; la vignette dont ils se servirent l’un et l’autre était un caducée et deux cornes d’abondance soutenues par deux mains avec cette devise : Fructus concordiæ (voir la Bibliographie douaisienne, par H. Duthillœul, nouvelle édition, Douai, 1842, grand in-8o, pp. 405-406). Un autre Beller alla s’établir à Liége, probablement du vivant de Jean, son frère ; il y fut imprimeur et libraire (bibliopola), et il y mourut en 1564. C’est donc une seule famille d’Anvers qui pendant la même période, donna des imprimeurs estimés à trois villes importantes des Pays-Bas.

Félix Nève.

Foppens, Bibliotheca Belgica, t. I, pp. 577-578. — Delvaux, Biographie des Pays-Bas. Mons, 1829, t. I, p. 65. — Michaud, Biographie universelle, (supplément), t. LVII, 1834, pp. 5l2-5l3 (art. de M. de Reiffenberg.) — Baillet, Jugements des savants, éd. Paris, 1722, in-4o, t. I, p. 390. (Imprimeurs).

BELLER (Balthazar) ou BELLÈRE, imprimeur, celui des fils de Jean Beller d’Anvers qui alla établir une imprimerie à Douai vers la fin du xvie siècle. Jusqu’à l’érection de son université, en 1502, cette ville importante de l’ancienne Flandre n’avait pas eu d’imprimerie ; cet art fut pratiqué en 1574 avec un peu d’extension par Jean Bogard, qui y fut appelé de Louvain, et il produisit bientôt des ouvrages longtemps recherchés poiur l’élégance des caractères et la correction des textes. Ce fut en 1590 que Balthazar Beller fonda une maison dans la même ville, et se montra digne de la réputation de l’établissement paternel à Anvers. Il va de soi que l’orthographe de son nom de famille fut Bellère au lieu de Beller suivant la manière dont il fut prononcé dans le Hainaut, la Flandre et l’Artois. Les recherches d’un savant bibliophile, M. H. Duthillœul, nous ont fourni des renseignements précis sur l’étendue de ses entreprises. Balthazar Beller habitait à Douai, rue des Écoles, à l’enseigne du Compas d’or. Quelquefois le compas, dirigé par une main sur une planche à tracer, avec la devise : Labore ac perseverantiâ, servait de vignette aux ouvrages qu’il publiait ; c’était l’emblème adopté de préférence par Plantin et Moretus à Anvers, par Fr. Raphelengius à Leyde. Mais le plus généralement, le titre de ses livres portait une vignette représentant une licorne plongeant sa corne dans un fleuve, avec l’inscription : Venena pello. On est parvenu à relever les titres des publications