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lui valurent, c’est l’épithète d’excellent qui se rencontre, d’ordinaire, accolée à son nom. Elle est employée par le manuscrit déjà cité, de la Bibliothèque royale de Bruxelles, et par le père dominicain Petit. Le manuscrit de la Bibliothèque d’Arras, où l’on voit son portrait, offre aussi cette souscription : « Maistre Jehan Bellegambe, paintre excellent. » Il y a quelque chose d’irrégulier et de trivial dans les traits de l’artiste, comme si de violentes passions avaient agité ce cerveau, d’où sortirent cependant de grandes et nobles conceptions. Quoique la biographie ne soit pas destinée à donner la généalogie des familles, nous complétons cette notice, en énumérant ici quelques descendants artistes du célèbre peintre douaisien.

Bellegambe eut de sa femme cinq enfants : Philippe, Martin, Mariette ou Marie, Catherine et Pauline, à qui plusieurs legs furent faits, en 1521, par leur tante Guillemette ou Guillemine, qui était béguine et dont le mobilier comprenait des tableaux et des manuscrits. Martin Bellegambe travaillait à Douai en 1534, et si, l’on s’en rapporte à un document dont l’authenticité nous paraît plus que douteuse, entra comme franc-maître dans la corporation des peintres de Tournai, le 6 novembre 1550. Un petit-fils du grand Bellegambe, nommé aussi Jean, se voua également à l’art de la peinture ; en 1580, il peignit des écussons armoriés dans l’hôtel de ville d’Hénin-Liétard ; en 1585, il leva le plan d’un marais voisin de Douai, dont la propriété était contestée ; en 1586, il coloria et dora l’horloge d’Hénin. De ce travailleur obscur, qui était, en 1609, revêtu de la dignité de prince de la confrérie des clercs parisiens, naquirent trois fils, qui furent aussi peintres : Jean, Vaast et Baudouin, celui-ci né le 4 juillet 1589. Jean testa le 24 juillet 1619 et mourut au mois de mars 1621. Vaast, son frère, habitait la rue des Blancs-Mouchonset,en 1638, exécuta une partie des miniatures de la description du couvent des Dominicains de Douai, qui est actuellement en la possession De M. de Coussemaker, de Lille. Ainsi que son frère cadet, il signait ses œuvres d’une lune (la Belle en patois du pays) et d’une jambe ; l’un d’eux fut, dit-on, l’élève de Rubens. Baudouin fut père de Baudouin, seigneur d’Aplencourt au Forest (près de Douai), né le 8 avril 1612, mort en janvier ou février 1666, et de François, né le 22 avril 1622, mort en 1700, après être entré dans la Compagnie de Jésus.

La famille du grand artiste était, à cette époque, entrée dans la noblesse ; mais, à mesure qu’elle s’élevait, s’éteignait insensiblement le souvenir de l’homme qui avait rempli Douai de chefs-d’œuvre et mérité les épithètes de maître des couleurs, de peintre excellent.

Alph. Wauters.

Wauters, Jean Bellegambe, de Douai, le peintre du rétable d’Ancin, Bruxelles, 1862, in-8o. — Preux, Résurrection d’un grand artiste : Jean Belleqambe, peintre du rétable d’Anchin. (Souvenirs de la Flandre wallone, t. II, p. 81.) - Asselin et l’abbé Haisnes, Recherches sur l’art à Douai aux XIVe, XVe et XVIe siècles et sur la vie et les travaux de Jean Bellegambe,in-8°. (Revue de l’art chrétien, VIe année, pp. 428 et 454.) — Cahier, Fragments de peintures du XVIe siècle, placés, en juillet 1863, au musée de Douai. (Mémoires de la Société d’agriculture, des sciences et des arts de Douai, 11e série, t. VII). — Félix Brassart, Jean Bellegambe, auteur du tableau de l’Immaculée Conception. (Souvenirs de la Flandre wallone, t. III, p. 162.) — Forster, Voyage à Paris et en Bourgogne par la Belgique (fragments traduits et publiés dans le Journal des Beaux-Arts, du 15 novembre 1865).

BELLEGHEM (Perceval) ou VAN BELLEGHEM, érudit, né à Bruges, vers le commencement du xvie siècle. Aveugle de naissance, il sut malgré son infirmité faire de grands progrès dans l’étude des belles-lettres et parvenir à occuper une chaire de langue latine au collège de Maître-Gervais à Paris, où il s’était retiré. 11 obtint la faveur que les orphelins de l’école dite Bogaerde, de Bruges, fussent admis comme boursiers au collège Gervais, pour y étudier les belles-lettres. Belleghem publia, à Paris, des notes sur la déclamation de l’aveugle de Quintilien contre sa belle-mère, sous le titre de : Quinctiliani pro cœco contrà novercam Declamatio, cum scholiis et notis P. Belligemii.

Il avait choisi pour devise ces paroles du cxlve psaume : Dominus illuminat cœcos. On ignore l’année de sa mort.

F. Vande Putte