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gnalé, comme peintre, dès 1383 ; il fut doyen de la corporation artistique en 1409-1410 : dans les livres scabinaux est enregistré, à la date du 1er janvier 1410 n. s., l’acte d’admission au libre exercice professionnel de Jean van Axpoele, acte passé sous le décanat de Pierre van Beervelde. Comme maître des présents ou maître des cérémonies de la commune gantoise, et, en cette qualité, chargé de congratuler, au nom du magistrat, les personnages de distinction qui arrivaient dans la cité, pour la visiter ou y séjourner, et les échevins qui célébraient leurs noces, mariaient leurs enfants ou les mettaient en religion, on le trouve en office depuis l’année 1386 jusqu’en 1413, leur offrant des présents de vins et d’argenterie. A plusieurs reprises il accompagna à Tournai la députation de l’échevinage et de la bourgeoisie de Gand, qui portait annuellement à Notre-Dame flamande dans la cathédrale, un baldaquin de procession richement ornementé de peintures et de figurines sculptées. Il est cité pour la dernière fois en septembre 1413.

Franc-maître peintre, Pierre van Beervelde n’a pas laissé d’œuvres qui puissent nous aider à lui assigner sa place parmi les artistes de son temps, peintres de tableaux et de portraits. Seulement, en juin 1404, se rencontre dans les livres scabinaux de Gand la transcription d’une déclaration de Jean de Bloc, le dégustateur de vins, se reconnaissant le débiteur de Pierre van Beervelde, pour la livraison de tableaux et dessins calligraphiques. La dette montait encore à deux livres de gros tournois ou trente-six livres de gros parisis ; d’ordinaire on payait d’avance une partie du prix convenu. Au dire de nos documents, il fut employé, lors de l’inauguration comtale du duc de Bourgogne, Jean Sans Peur, à la peinture des décors et des armoiries. Plus tard, d’autres blasons furent peints par lui sur des bannières de guerre. En 1410-1411, date assignée à l’invention du procédé de peinture à l’huile des frères Van Eyck, la comptabilité communale mentionne des étendards de Flandre et de Gand, aux armoiries rehaussées d’or et d’argent et qui furent exécutées par Pierre van Beervelde, en peinture à l’huile (van olye verwen), pour les milices gautoises menées par le comte de Flandre au siége de Montdidier.

A quel genre de peinture à l’huile eut-il recours pour exécuter ces médaillons armoriés ? Au mode ancien, pratiqué en Flandre depuis 1338, pour les médaillons des bannières paroissiales à effigies ou représentations des saints patrons des églises de Gand, ou au mode nouveau, mis en œuvre par les frères Van Eyck ? Il est probable qu’il employa la couleur à l’huile comme on l’avait fait aux temps passés. Le procédé des Van Eyck, selon l’opinion presque généralement adoptée, était alors un secret. Pierre van Beervelde peintura aussi des étendards blasonnés en couleurs à la détrempe, pour les métiers et les arbalétriers. Peu après on lui confia la peinture d’ornementation de la salle du haut-cillége et de la chapelle échevinale des parchons. En 1405-1407, il remplit à Gand les fonctions de juge arbitral au quartier de Saint-Jean.

La position de ce peintre-officier communal était très-aisée. De nombreux actes de la vie civile, constitutions et cessions de rentes, achats et ventes de propriétés, le prouvent sulfisamment. En 1409, Pierre van Beervelde et sa femme Béatrice, de Clercq acquirent entre autres, du peintre Roger Vander Woestine, une rente viagère de douze livres de gros par an (plus de quinze cents francs en monnaie d’aujourd’hui), héritable par le survivant d’eux, et, en 1412, Roger Vander Woestine leur vendit la maison qu’il occupait, et qu’il avait héritée de son père, Siger Vander Woestine. — Le décès de Pierre van Beervelde doit être fixé à la fin de 1413 ou au commencement de 1414. Pour finir la dernière année de son office de maître des présents (15 août 1413 au 15 août 1414), il eut un successeur intérimaire, Jean de Badere, remplacé ensuite par Perceval de Meyere. Dans la seconde moitié de l’année 1414, les comptes communaux mentionnent la veuve de Pierre van Beervelde, et elle racheta, en janvier 1415, de son beau-frère, Daniel de Meyere, les droits qu’il avait, du chef de son épouse Christine