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jor de bataille au service du roi d’Espagne fut sa récompense. Le 6 juillet 1641, il partagea avec Guillaume de Lamboy, général flamand qui s’était illustré au service de l’Autriche, les honneurs de la journée de Marfée, et, cinq mois plus tard, le 7 décembre, il entra en vainqueur dans les murs d’Aire dont les Espagnols déploraient amèrement la perte. Beck était surtout, comme Jean de Weert, un général de cavalerie. C’est par une de ces charges brillantes, folles de bravoure et presque toujours décisives, que le 22 mai 1642, à Hounecour, il remporta une victoire dont, suivant l’usage, le gouverneur général des Pays-Bas ne manqua point de s’attribuer tout l’honneur. Ses démêlés avec de hauts fonctionnaires luxembourgeois entravaient ses entreprises et ruinaient ses espérances ; il s’en plaint souvent dans sa correspondance. Ce fut aussi le motif pour lequel on étendit ses pouvoirs comme gouverneur de la province. Il n’en abusa point. Le comte de Wiltz cependant avait tout fait pour lui en donner l’envie. Ce gentilhomme était gouverneur de Thionville ; il renonça à sa charge pour n’avoir point, disait-il, à recevoir des ordres d’un ancien messager. Beck apprit le propos, et se contenta de donner une bonne leçon à son auteur. « C’est vrai, monsieur le comte, » lui dit-il un jour, « j’ai été messager, et je suis devenu général et gouverneur de province ; mais vous, si vous aviez été comme moi messager, vous le seriez demeuré toute votre vie. »

Des fautes irréparables ayant été commises, et la situation des Espagnols aux Pays-Bas devenant de jour en jour plus critique, le commandement en chef de l’armée fut remis à notre personnage. Faisant en cette nouvelle qualité, au mois d’octobre 1645, un voyage d’inspection, il fut grièvement blessé près de Hulst. Quelques succès remportés dans la suite, tant au nord qu’au midi de la Belgique, ne compensèrent point les désastres qui vinrent fondre sur les armes espagnoles. Beck succomba à la peine. Sa mort est presque un suicide. Lorsque, à la bataille de Sens, au mois d’août 1648, il vit ses cavaliers croates, avec lesquels il venait de battre l’arrière-garde de Condé, sourds à sa voix, se débander et courir aux bagages de l’ennemi, il se sentit perdu et chercha la mort qui ne voulut point de lui. Ramassé sur le champ de bataille atteint de deux coups de feu, il fut transporté à Arras où il refusa constamment les soins des médecins. La gangrène le tua au bout de quelques jours, le 30 août 1648. On l’a accusé, sans fondement, d’avarice, de fanatisme et de cruauté. Il était un rude soldat, et s’il aimait l’argent, il convient aussi de dire que son franc parler lui fit plus d’ennemis que sa haute fortune ne lui suscita de jaloux. Peu de généraux de la guerre de trente ans se piquaient d’humanité. Beck fait exception à la règle. Il sortait du peuple et il s’en souvint toujours pour diminuer, en tant qu’il dépendait de lui, les charges que la guerre faisait peser sur les gens de la campagne. Son épitaphe, qui se voyait aux Récollets de Luxembourg, rappelait les preuves de fidélité qu’il donna à la maison d’Autriche et ne disait rien de trop.

Charles Rahlenbeck.

Khevenhiller’s, Annalen, XII : v. aussi Coutrefeit, II. — Neyen, Biographie luxembourgeoise. Fastes militaires des Belges. Bruxelles, 1835, IV. — Foerster’s, Wallensteins Briefe, III. — Archives du royaume à Bruxelles. Correspondance Roose, XL, et Secrétairie allemande, farde, n° 748. — Dictionnaire historique servant de supplément aux Délices des Pays-Bas, I. — Désormeaux, Histoire de Louis de Bourbon. Paris, 1768, II. — Notice sur Jean Beck, dans le Messager des Sciences historiques, Gand, 1865.

BECKAERT (Jean) ou BÉCARDUS, écrivain ecclésiastique, né à Furnes, mort le 9 février 1635. Après avoir pris le grade de licencié en théologie à l’Université de Douai, il entra, dans sa ville natale, au couvent des Prémontrés, dit de Saint-Nicolas, et en devint le prieur. Successivement appelé à la cure de Pervyse, de Sainte-Katherina-Capelle et à celle de Saint-Nicolas, à Furnes, il obtint ensuite et occupa jusqu’à sa mort, les fonctions d’archiprètre et de doyen de Furnes et de Nieuport. Bécardus composa un grand nombre d’ouvrages en latin, traitant d’histoire ecclésiastique, qui sont restés en manuscrit et dont on ignore la destinée. Paquot en donne