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duchesse de Lorraine. Prononcée à Pont-à-Mousson, le 17 juillet 1698. Pont-à-Mousson, Maret (1698), in-4o de 13 feuillets; — 2° L’Écriture sainte éclaircie par des faits qui sont recueillis hors d’elle-même avec des réflexions morales. Liége, de Milst, 1710, in-8o de 338 pages. — Continuation de l’Écriture éclaircie, etc. Liége, Gramme, 1713, in-8o de 309 pag. — 3° Confiance du pécheur fondée sur la grandeur de la miséricorde de Dieu. Liége, Gramme, 1715, in-8o de 401 pag. — 4° Histoire de la ville et pays de Liége. Liége, Barnabé, 1725, 1731 et 1732, 3 vol. in-folio de 492, 516 et 575 pages sans les lim. et les tables. En tête du deuxième volume, on trouve une dissertation historique de G. de Louvrex sur l’époque où le pays de Liége est devenu membre de l’empire germanique.

Des trois grands historiens liégeois, Foullon, Fisen et Bouille, ce dernier est le seul qui ait employé la langue française. En dépit de son titre de bachelier de Sorbonne, il la connaissait mal, ou du moins il n’avait pas la souplesse nécessaire pour la manier avec aisance. Son style est diffus, trivial, peu correct; un certain embarras règne dans les phrases, ainsi qu’une absence presque complète de transitions et un défaut de proportion entre les différentes parties du récit. Ces négligences ou ces défauts sont cependant rachetés par une candeur et une bonhomie qui frappent tout d’abord le lecteur, et le disposent favorablement. On sent que Bouille aime la vérité et qu’il voudrait pouvoir toujours la dire sans réserve; mais sa robe de moine et la censure lui commandent une extrême prudence; aussi s’abstient-il parfois de blâmer tout haut des actes qu’évidemment il désapprouve dans son for intérieur. On s’en aperçoit à l’une ou l’autre réflexion qui se glisse au milieu de la narration et rend celle-ci d’autant plus piquante, que l’auteur paraît s’exprimer naïvement, sans préméditation et sans art. L’ouvrage n’en laisse pas moins à désirer sous le rapport de la critique. On y retrouve les allures des anciens chroniqueurs, et De Feller l’a caractérisé assez exactement en disant que « ce sont plutôt des mémoires pour servir à l’histoire de Liége. » On a reproché à Bouille de n’avoir été que le traducteur infidèle de Foullon, dont le manuscrit aurait été en sa possession : quoi qu’il en soit, de 1612 à 1727, il a été livré à lui-même et n’a pris pour modèle, de son aveu, que le jésuite Daniel. Cette partie de son œuvre est la plus importante. En somme, l’Histoire de Liége de Bouille, malgré ses lacunes, malgré son absence d’élévation et de critique, est un livre en général digne de confiance. La sincérité visible de l’auteur a autant contribué à le rendre populaire, que la circonstance qu’il a renoncé à se servir du latin.

Ul. Capitaine.

Loyens, Recueil héraldique, p. 402. — Henoul, Annales du Pays de Liége, p. vii. — De Feller, Dictionnaire historique.

BOUILLI (Albéric), abbé de Loos, écrivain ecclésiastique, né à Condé (ancien Hainaut) en 1631, mort en 1704. Voir Boulit (Albéric).

BOUILLON (Godefroid DE), duc de Lothier, naquit en 1061[1], à Baizy[2],village sur la Dyle, près de Genappe, dans le Brabant wallon, dans un château dont on voyait encore les derniers vestiges à la fin du XVIIIe siècle. Il mourut à Jérusalem, le 17 ou le 18 juillet 1100. Il était fils puîné[3] d’Eustache II, comte de Boulogne et de Lens, et d’Ide d’Ardenne, fille de Godefroid, duc de la Basse-Lotharingie et de Bouillon; il descendait de Charlemagne par les femmes du côté paternel, car son père Eustache II se rattachait à ce tronc illustre du chef de sa mère Mathilde ou Mehaud de Louvain[4].

Sa mère Ide, princesse aussi remarquable par son esprit que par ses vertus, eut soin de lui donner une éducation solide est sévère; elle lui fit enseigner le latin, le français et le thiois qu’il parla

  1. De Ram, Bulletin de l’Acad. royale, 1857. t. II, p. 148.
  2. Ibid., 1846,t. I, p. 356.
  3. Henschenius, Vie d’Ide dans les Acta Sanctorum. — Hody, Description des tombeaux de Godefroid, etc.
  4. Reiffenberg, Le chevalier du Cigne et Godefroid de Bouillon, p. cxxxiii.