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phique, nous donne, parmi les toiles du maître, le Siége de Namur (juin 1692) sic. Après l’admission du jeune Adrien dans l’atelier de son oncle, nous n’avons plus aucune date, aucun renseignement sur celui-ci. Sa mort est fixée par Immerzeel et d’autres auteurs à l’année 1700, mais sans preuve aucune ; donc, jusqu’à nouvel ordre, cette date reste problématique.

Boudewyns peut être classé parmi les très-bons paysagistes ; sa manière est gaie, délicate et pure ; ses arbres sont bien dessinés, les premiers plans agréables par une grande variété de végétation bien rendue ; les lointains transparents, les ciels légers. Mariette l’accuse de manquer de variété dans sa touche ; cette opinion est contestable. On a vu qu’il a travaillé avec Vander Meulen, mais c’est avec Pierre Bout qu’à son retour à Bruxelles, il exécuta la plupart de ses compositions. Rarement deux artistes furent mieux créés l’un pour l’autre ; ils se complètent. On assure que Charles Breydel a également étoffé quelques toiles de Boudewyns et que celui-ci, à son tour (ce qui a été longtemps ignoré) étoffa des tableaux de plusieurs autres peintres, entre autres de Théobald Michau. Cette particularité semblerait ressortir d’une communication de M. Chr. Kramm, qui note une vente tenue à Rotterdam, en 1756, et où figurèrent deux beaux paysages de Michau, avec des canaux, des figures, des maisons, etc., avec l’étoffage par Boudewyns. Or, nous avons quelque peine à admettre ces assertions, Breydel étant né en 1677 et Théobald Michau en 1676. À moins que Boudewyns ne mourût un certain nombre d’années après 1700, il n’est pas probable qu’il fut le collaborateur de jeunes débutants de vingt à vingt-quatre ans.

Le Musée d’Anvers possède de lui Une foire de village dont les nombreuses figurines sont dues à Pierre Bout. Celui-ci a signé seul, à l’avant-plan de gauche : P. BOUT, avec la date de 1686. Le Musée del Rey, à Madrid, où il est nommé Boudewins et son collaborateur François Baut, possède neuf toiles de ces maîtres ; à Vienne, deux paysages ; le catalogue dit : « Ant.-Fr. Boudewyns, né à Dixmude, en 1676 (d’après Basan, sans doute, qui donne cette date), mort à Bruxelles, en 1790. » Voilà notre peintre devenu plus que centenaire. À Dresde, neuf tableaux, parmi lesquels il faut citer la Porte d’un couvent devant laquelle se pressent une foule de mendiants. M. Hubner, rédacteur du catalogue, dit : « Élève de Vander Meulen, né à Bruxelles, vers 1660, mort vers 1700. » Au Louvre, un beau tableau, une Vue de l’annien marché aux poissons d’Anvers, avec la tour de la cathédrale et une partie de l’Escaut. M. Villot fait de cette vue d’Anvers une ville de Hollande avec un canal et une grande église ; l’erreur est permise, mais il est bon de la rectifier. Enfin, à Florence, se voit encore un bel ouvrage des deux artistes.

Boudewyns fut un graveur à l’eau-forte de beaucoup de mérite ; les œuvres de Vander Meulen ont été souvent gravées, comme on le sait, mais c’est notre artiste qui, sous ce rapport, mérita l’éloge de Mariette, juge impartial et érudit ; il dit expressément que les meilleures gravures exécutées d’après les toiles de Vander Meulen sont celles de Boudewyns. Nous en trouvons un grand nombre citées par Le Blanc qui, à son tour, fait naître l’artiste à Dixmude, en 1640, et qui le nomme Bauduins. Il suppose qu’il travailla d’abord à Anvers, à cause d’une de ses premières estampes qui porte l’adresse de Martin Vanden Enden, et qu’il fut élève de Genoels, parce qu’il grava d’après lui. Nouvelle version ! Puis, ajoute Le Blanc, il fut sans doute amené à Paris par Vander Meulen. Le même auteur nous dit que ses gravures sont signées tour à tour A.-F. Bauduins, ou Bauduin, ou Baudouins, ou F. Bauduins, ou enfin de son monogramme. Ajoutons-y Baudouin et enfin Baulduin et Bauduin, noms qui se lisent au-dessous de deux planches gravées d’après les dessins du maître, par Jacques Harrewyn, l’une pour la Topographia historica Gallo-Brabantiæ, l’autre pour les Castella et prœtoria nobilium Brabantiæ, etc., du baron J. Le Roy.