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réservé à notre patrie. Comprenant la nécessité d’avoir au moins l’air de permettre, dans une certaine mesure, aux aspirations populaires de se manifester, le prince de Saxe-Weimar, commandant en chef des alliés en Belgique, résolut de convoquer les notables du pays à l’effet de choisir une députation chargée de faire connaître aux souverains coalisés le vœu de la nation belge. Le duc de Beaufort, le marquis d’Assche et le marquis de Chasteler furent désignés par l’assemblée pour remplir cette mission. Mais quand la députation arriva à Chaumont, où l’empereur d’Autriche, l’empereur de Russie et le roi de Prusse se trouvaient en ce moment, le sort de nos provinces était déjà décidé. En effet, dans une stipulation secrète annexée au traité d’alliance que ces trois souverains avaient conclu avec l’Angleterre le 1er mars, et exprimée plus tard dans le traité de Paris et dans celui de Londres, il avait été convenu que les Provinces-Unies des Pays-Bas recevraient un accroissement de territoire qui devait être la Belgique.

C’en fut assez pour jeter le découragement dans l’esprit du duc de Beaufort, à qui pesait déjà la charge nominale et sans autorité effective dont il était revêtu. Aussi résigna-t-il, le 26 mars, ses fonctions de gouverneur général. Cependant l’empereur d’Autriche qui, dans une de ses entrevues avec le duc, lui avait rendu la clef de chambellan et conféré le titre de conseiller intime, tenait à le voir rester attaché à l’administration générale de nos provinces. Décidé à montrer jusqu’au bout son dévouement à la chose publique, il consentit à accepter les fonctions de président du conseil privé, et il continua à les remplir jusque sous le gouvernement provisoire du prince d’Orange, plus tard Guillaume Ier, roi des Pays-Bas.

Il fut un des premiers à pressentir le système politique et religieux que ce prince ne devait pas tarder à inaugurer dans le nouveau royaume et dont l’application amena la révolution de 1830. Dès la création de cet État, il considéra son rôle politique comme fini. Cependant le nouveau souverain ne se fit pas faute de lui offrir, en 1815, la présidence de la première Chambre de la législature. Le duc avait déjà refusé une éminente charge de cour, en se retranchant derrière sa qualité de sujet autrichien. Il déclina, cette fois encore, la haute distinction que le pouvoir tenait à lui faire accepter ; car il lui répugnait de jurer fidélité à une constitution qui avait été frauduleusement imposée à la Belgique. Ce refus n’empêcha pas le roi de faire, en février 1816, une nouvelle tentative pour rallier à son trône le chef d’une des premières maisons du pays. Non content de lui conférer les insignes de commandeur de l’ordre du Lion des Pays-Bas, il lui fit offrir les fonctions de grand maréchal de la cour, que le titulaire, comte de Mérode-Westerloo, venait de résigner après quelques mois d’exercice. Guillaume Ier fit plus : respectant les scrupules du duc au sujet du serment constitutionnel, il l’en dispensa. Dès lors le duc de Beaufort crut ne pas devoir persister dans son refus.

Mais il ne jouit pas longtemps de cette nouvelle faveur. Il mourut à Bruxelles, le 23 avril 1817, et sa dépouille mortelle fut transférée dans le caveau de l’église de Florenne.

André van Hasselt.

Van Heelu, Rymkronyk. — Hemricourt, Miroir des nobles de la Hesbaye. — Froissart, Chroniques. — Philippe de Comines, Chroniques. — Grammaye, Nanurcum. — Melart et Gorissen, Histoire de la ville et du château de Huy. — De Marne, Histoire du Comté de Namur. — Gaillot, Histoire du Comté de Namur. — Goethals, Histoire généalogique de la famille de Beaufort-Spontin.

BEAUGRANT (Guyot DE), sculpteur-statuaire, florissait à Malines, en 1525-1530, et en Espagne, en 1533-1544. Il mourut à Bilbao, vers 1551. Sa ville natale et la date précise de son décès ne nous sont pas connues. Cet artiste, longtemps oublié en Belgique, où il commença brillamment sa carrière, est l’auteur de trois œuvres capitales. En 1526, il exécuta le mausolée de l’archiduc François d’Autriche, fils de Maximilien Ier et de Marie de Bourgogne, mort à Bruxelles, en 1481, à l’âge de dix-huit mois, et enterré dans l’ancienne église des chanoines de Saint-Jacques-sur-Caudenberg. Marguerite d’Autriche lui