comprit parmi ses neuf nouveaux conseillers avec Nicolas Colensonet (Coleuwe?), son chancelier, et Gruillaume Bont, son secrétaire. Ces nominations faillirent porter malheur aux titulaires : les états de Brabant étaient alors en lutte ouverte contre leur souverain; l’hostilité prit des proportions telles que le 15 août 1421, les nobles et la ville de Louvain, appuyés par d’autres villes, lancèrent un décret d’exil contre tous les nouveaux conseillers.
Le 30 juin 1425, Jean Bont fut envoyé auprès du pape Martin V pour traiter avec lui la question du mariage de son souverain avec Jacqueline, juridiquement secundum formam et dispositionem juris communis[1]. La cour de Rome accueillit ses raisons et valida le mariage. Philippe Saint-Pol, dès son avénement à la tête des affaires, voulant récompenser les longs et loyaux services que Jean de Bont avait rendus aux ducs Antoine et Jean IV, l’appela aux fonctions les plus élevées de l’État, celles de chancelier de Brabant[2]. C’était le ministre principal pour les affaires d’État et de justice et il aura, sans doute, beaucoup contribué à la composition de la joyeuse entrée de 1427. Pendant les premières années de ce nouveau règne. De Bont fut créé damoisel de Mortjoie et parvint à l’apogée de sa puissance. Cependant certains actes posés par le prince ayant rendu son ministre impopulaire, les bourgmestres, les échevins, les métiers et le large conseil de Bruxelles demandèrent solennellement, en juin 1429, l’exclusion de Jean Bont du conseil du duc, sous peine de ne plus envoyer des députés aux assemblées des États. Philippe, prince faible et sans prestige, céda à la pression du peuple. En effet, le 19 juillet 1429 , dans la réunion des états à Louvain, De Bont remit le grand et le petit sceau et fut relevé de son serment. Le lendemain il eut pour successeur Jean-Gislain Delesart (Joannes-Gislemus Sartinatus). Edmond de Dyuter, qui était alors secrétaire de Philippe, en rapportant le fait avec De Thymo, témoin également contemporain, ajoute que De Bont a toujours honorablement rempli ses fonctions, mais qu’il a été destitué certis causis et racionibus animum suum ad hoc moventibus. Depuis cet événement, De Bont disparut de la scène politique.
Par la position que De Bont occupait sous trois souverains et la considération dont il jouissait, il était facile pour lui d’accaparer divers bénéfices avec des revenus considérables, suivant l’usage de ce temps, comme dit Paquot; il devint donc chanoine et chantre de la basilique de Bruxelles, chanoine et archidiacre de Famene dans la cathédrale de Liége, chanoine et trésorier de la cathédrale de Cambrai. Il fut, en outre, un des principaux patrons de l’Université de Louvain, après avoir contribué par son zèle et son pouvoir à en provoquer l’établissement en 1425. Il est encore connu comme le bienfaiteur de l’hôpital des Douze-Apôtres à Bruxelles (ancien hospice pour les veillards pauvres) qu’avait fondé, en 1434, son oncle Guillaume de Bont. Il était l’oncle maternel de Guillaume Custodis. Son tombeau se trouve à l’église de Sainte-Gudule, à Bruxelles.
De la famille du chancelier De Bont étaient sans doute : 1° Jacques de Bont, docteur en médecine en 1446; et 2° Gerlac de Bont, de Louvain, maître ès arts, le 30 avril 1435, bâchelier ès loix à Pavie, puis bachelier à Louvain le 20 octobre 1443, et docteur J. U. dans le même établissement le 20 août 1444. Le 15 mai 1443, Gerlac devint chanoine de Saint-Pierre à Louvain et, en cette qualité, professeur extraordinaire dans la faculté de droit; mais il paraît que cette élection resta sans effet et qu’il ne fut nommé professeur ordinaire de droit civil qu’en 1445. Il jouissait des revenus de deux canonicats : l’un de Lierre et l’autre d’Anderlecht, jusqu’à sa mort arrivée le 5 mars 1477 (1478 a. s.).
- ↑ L’acte dit de Bont : Venerabilis et egregius vir, consiliarius (De Dynter, III, 460, chapitre 217).
- ↑ (Philippe) instituit et ordonnavit spectabilem et egregium utriusque juris doctorem, magistrum Joannem Bont, qui duci Antonio et Johanni duci hactenus laudabiliter servivit in suum concellarium (De Dijnter, III, 484, chap. 228).