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en France aussi bien qu’en Angleterre, les intérêts de la maison de Lancastre contre ceux de la maison d’York, à laquelle le duc s’était allié deux années auparavant en épousant madame Marguerite.

Quoi qu’il en soit, Jacques de Spontin ne reparut dans le comté de Namur que le 18 juillet 1476, jour où nous le voyons faire le relief de sa seigneurie de Freyr ; car il venait de recueillir l’héritage de son père, décédé le 11 du même mois. Depuis cette époque, il s’effaça de nouveau jusqu’en 1488. Alors il rentra en scène pour montrer qu’il n’avait oublié ni son métier d’homme de guerre ni ses devoirs de chevalier, lui qui avait commencé la vie sur un champ de bataille. On sait quels troubles sanglants eurent lieu vers cette époque à Gand et à Bruges, à propos de la tutelle de Philippe le Beau, fils de Marie de Bourgogne et de Maximilien, archiduc d’Autriche. On sait aussi que l’empereur Frédéric, pour y mettre fin, lança une armée allemande sur la Flandre. Le désordre se répandit de proche en proche, et dans toutes les provinces bourguignonnes de la Belgique, Maximilien avait ses adhérents comme ses adversaires. L’aristocratie tenait en général pour l’archiduc. Parmi les seigneurs qui, dans le comté de Namur, s’étaient rangés avec le plus de ferveur à la cause de ce prince, figurèrent le sire de Spontin et celui de Freyr. Ils en donnèrent des preuves non équivoques lorsque, en 1488, le gouverneur et souverain bailli du comté, Jean de Berghes, ne pouvant réussir à s’emparer du château de Namur, où une bande de soldats révoltés s’était enfermée, invoqua le secours de tous les barons fidèles. Le sire de Freyr fut un des premiers à lui offrir l’aide de son épée et de ses hommes d’armes, et concourut vaillamment à la prise de la redoutable forteresse. Mais, à dater de cet événement, il ne reparut plus sur la scène publique, si ce n’est plusieurs années plus tard. En effet, après que l’archiduc Maximilien eut été élevé au trône de l’empire, Philippe le Beau fut solennellement inauguré, en 1494, dans quelques-unes des seigneuries dont se composait l’héritage de Marie de Bourgogne, sa mère. Il le fut à Namur, l’année suivante, et Jacques de Beaufort-Spontin assista à cette solennité parmi les barons du comté qui reçurent le serment du jeune souverain.

Il mourut sans laisser aucun héritier mâle. Sa fille unique, Jeanne de Spontin, mourut sans postérité, mais après avoir transporté la seigneurie de Freyr à un neveu de son père, à Guillaume de Beaufort-Spontin, fils de Guillaume IVe du nom.

Les restes de Jacques furent déposés dans une des chapelles de l’église abbatiale de Waulsort, non loin du château de Freyr-sur-Meuse.

André Van Hasselt.

BEAUFORT-SPONTIN (Frédéric-Auguste-Alexandre, duc DE). Homme d’État. Deuxième fils de Charles-Albert, comte de Beaufort et marquis de Spontin, il naquit à Namur le 14 septembre 1751. Il parut prédestiné, dès son berceau, au plus brillant avenir ; cependant peu d’existences furent aussi agitées que la sienne. Devenu orphelin à l’âge de deux ans. il fut placé, avec son frère, sous la tutelle de leur oncle paternel, Philippe-Alexandre, comte de Beaufort-Spontin, chambellan de l’impératrice Marie-Thérèse. Confiés plus tard à la direction d’un gentilhomme français, les deux frères furent conduits, en 1766, à l’Université de Turin, qui jouissait alors d’une certaine renommée, surtout pour ses chaires de jurisprudence. Mais, comme ils traversaient les escarpements des Alpes, l’aîné tomba dans un précipice, se brisa le crâne et mourut. Dès ce moment Frédéric-Auguste-Alexandre resta l’unique héritier des domaines et des titres de sa famille.

Après avoir consacré deux ans à l’étude du droit, il reprit le chemin des Pays-Bas, mais non sans avoir parcouru d’abord toute l’Italie, la Suisse et une grande partie de la France, recueillant partout cet enseignement suprême que procurent la vue des choses et le commerce des hommes. Aussi, lorsqu’il rentra dans sa patrie, il manifesta une maturité d’esprit rare, à cette époque un peu frivole, chez les jeunes gens de son âge et de son rang. Présenté par le comte Charles-Albert