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mension, représentant la Guérison du malade près de la piscine, fut placée au-dessus du tombeau de son père et de sa mère enterrés dans l’église des Dominicains, à Liége. Les meilleures productions du peintre se trouvaient à l’abbaye du Val-Saint-Lambert ; elles furent terminées en 1605, et firent la réputation du jeune artiste. De Bologne consacra toute sa vie au travail ; fuyant le monde, il vivait quelque peu en anachorète dans le faubourg Saint-Laurent de sa ville natale. Il travaillait vite, trop vite même, car ses tableaux se ressentent de cette précipitation ; il ébauchait avec peu de couleur et son coloris, en général sombre et peu harmonieux, laissait à désirer ; ses compositions étaient excessivement chargées de figures ; cela produisait parfois de l’entassement, mais l’action vive et animée de ces toiles intéressait le spectateur. Les tableaux du Val-Saint-Lambert étaient mieux colorés et possédaient toutes les qualités du peintre. Celui-ci pouvait à peine suffire à sa besogne et cependant il avait le travail excessivement rapide ; aussi put-il amasser une jolie fortune et s’occuper exclusivement dans sa vieillesse à cultiver son jardin. Non loin de sa demeure, on voyait le couvent des sœurs du Saint-Sépulcre : c’est là que le vieux De Bologne aimait à aller se recueillir. Il ne s’était point marié et lorsqu’il fut parvenu à un âge très-avancé, il fit un testament, daté du 23 octobre 1654, testament par lequel il laissait toute sa fortune au couvent qu’il se plaisait à visiter. Il survécut peu de temps à cet acte : on croit qu’il mourut dans les premiers mois de 1655. La fortune de De Bologne servit à reconstruire l’église des Sépulchrines, mais celles-ci furent attaquées en procès par la famille du peintre défunt et ces procédures n’étaient point terminées au commencement du XVIIIe siècle. On ignore quelle en fut l’issue.

Ad. Siret.

BOLOGNE (Jean), sculpteur et architecte célèbre, naquit très-probablement à Douai (ancienne Flandre.) C’est du moins ce que dit Vasari, qui l’a beaucoup connu. Cette ville avait été indiquée par la plupart des auteurs, lorsque Fiorillo, sans appuyer son assertion d’aucun témoignage, ni d’aucune preuve, désigna la ville de Gand comme le lieu de naissance de l’artiste. Jusqu’à preuve du contraire, nous maintenons l’indication primitive. Pour la date de la naissance, il y a une circonstance qui laisse de l’indécision : Vasari ne donne aucun millésime ; mais les traducteurs français de son ouvrage, J. et L. Leclanché, dans la table qui accompagne les dix volumes de leur édition, disent : « Né en 1524, mort vers 1606. » Le Conversations — Lexicon für bildende kunst, Leipzig, 1846, indique 1524 et 1608. Ce sont là les dates les plus acceptées, celle de la mort surtout. Mais, dans l’édition de Van Mander, annotée par De Jongh (2e partie, p. 14), celui-ci dit : « Jean de Bologne, né en 1529, fut portraité en 1589, donc à l’âge de soixante ans ; son portrait est fort bien gravé sur cuivre. » M. Chrétien Kramm fait observer que probablement De Jongh aura trouvé cette date de 1529 sur la gravure dont il parle ; il y aurait, en ce cas, quelque motif d’incertitude. En effet, cette gravure est, presque sans aucun doute, celle qui fut gravée à Venise, en 1589, et dont l’Abecedario de Mariette parle ainsi : « Suivant l’inscription qui est autour du beau portrait de Jean de Bologne, gravé à Venise par Gisbert Vœnius, en 1589, laquelle est conçue en ces termes : Joannes Bolognus Belga statuarius et architectus, act. anno 60, ce sculpteur devoit estre né en 1529, ce qui se trouve confirmé par le témoignage de Borghini qui le connaissoit particulièrement et qui a mesme écrit sa vie avec assez de détail. Baldinucci dit qu’il estoit âgé de quatre-vingt-quatre ans lorsqu’il mourut, en 1608. Ainsy il le fait plus vieux de cinq années ; mais il y a grande apparence qu’il estoit mal informé de son âge, et que Jean de Bologne n’étoit âgé à sa mort que de soixante-dix-neuf ans. (Voir Borghini, p. 585.) Le portrait de Jean de Bologne dont on vient de parler, a été gravé par un Allemand de ses amys, nommé Jacques Kinig. Baldinucci prétend que c’est d’après un tableau du