Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 2.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ford, cette épopée des prémices de la révolution qui dressa l’échafaud de Charles Ier, est en quelque sorte l’introduction du Woodstock de Walter Scott, et ne déparerait pas l’œuvre du génie romantique de l’Angleterre. Plusieurs productions esthétiques et archéologiques sortirent de la plume féconde de Félix Bogaerts. La Biographie de Mathieu van Brée, l’un des régénérateurs de l’école flamande moderne, opuscule lu en séance de la Société d’Émulation de Liége, le 19 juillet 1842, et l’Esquisse d’une histoire des arts en Belgique, de 1640 à 1804, révélèrent chez lui le sentiment et l’étude artistiques. Ici doit se placer son mémoire intitulé : De la destination des pyramides d’Égypte, composé en 1845, bien qu’il n’ait été imprimé qu’en 1849 (Œuvres complètes). Cette dissertation combattait l’opinion émise sur ces monuments gigantesques de l’antiquité par le duc Fialin de Persigny dans son livre : De la destination et de l’utilité permanente des pyramides d’Égypte et de Nubie, contre les irruptions sablonneuses du désert. Bogaerts ne traita la question qu’au point de vue archéologique.

Jusque-là, il avait écrit exclusivement en langue française; par une particularité assez touchante, qui nous a été signalée par Henri Berthoud, dans le journal parisien Le Pays, il fut amené à publier, en 1845, son premier ouvrage rédigé en langue flamande : « Félix Bogaerts, dit S.-H.Berthout, exerçait la charité d’une manière charmante et ingénieuse. Quoiqu’il ne fût guère riche, il avait adopté un vieillard qui, tous les jeudis, venait déjeuner avec le poêle. Non-seulement le vieillard trouvait chez son bienfaiteur un bon repas, des vêtements de rechange, un accueil filial, mais encore une petite somme qui lui permettait de se donner quelque aisance pendant le reste de la semaine. Le vieillard, espèce de poëte à sa manière, savait une foule de choses des temps passés, avec le récit desquelles il payait à Bogaerts son hospitalité. Bien des fois, dans mes voyages en Belgique, j’ai été admis à ces déjeuners du jeudi. Comme ce vieillard ne parlait que le flamand, je vois encore Bogaerts prêter une oreille complaisante aux propos un peu longuets de son hôte. Sa bonne figure s’épanouissait aux passages plaisants, et souvent un rire franc, et qu’un enfant eût envié, l’empêchait de me traduire aussitôt les facéties qui provoquaient si fort sa gaieté. Ce fut ainsi que se trouva écrite la plus grande partie du Bon vieux temps en Belgique. » De goede oude tyd in Belgie, tel est, en effet, le titre de cette esquisse des coutumes et des mœurs de nos pères au XVIIIe siècle. Les épisodes y sont racontés avec une bonhomie et une simplicité de langage intraduisibles dans un autre idiome. Il donna ensuite De antwerpsche Sancho Pança, assemblage de sept cents axiomes, proverbes, dictons et comparaisons en usage dans nos contrées flamandes; ce recueil eut deux éditions, dans les almanachs anversois de 1849 et 1850. Signorken, de gek der violieren, est l’histoire du bouffon de l’ancienne chambre de rhétorique d’Anvers, le facétieux vannier de 1542. Le Goede oude tyd, Sancho Pança et Signorken, rangèrent Bogaerts parmi les littérateurs flamands les plus populaires.

Il publia quelques charmantes pièces de poésie française et un volume entier d’épigrammes,bien inférieures en mérite.

Restent à citer d’autres productions encore : 1° La Bataille de Nieuport, historique de la mémorable journée des Dunes (2 juillet 1600), où Maurice de Nassau vainquit Albert d’Autriche, et description du tableau de N. de Keyser. — 2° L’éloge nécrologique de Louise-Marie, reine des Belges. — 3° L’Histoire civile et religieuse de la Colombe, œuvre d’érudition, brodée sur un sujet futile, en apparence. — 4° L’Histoire du culte des saints en Belgique. — 5° L’Iconographie chrétienne de la Belgique, et enfin : 6° Les oiseaux de la Belgique, travail ornithologique resté inédit. — Il a inséré dans des publications périodiques les biographies des peintres Quentin Metsys, Philippe Wouwermans, Pierre van Regemorter, Wynand Nuyen; la description de la province d’Anvers, dans la Belgique monumentale, et une grande quantité d’articles littéraires et