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Anecdota Adriani Sexti. Lovanii, 1862, in-8o. — Les auteurs cités dans ce dernier ouvrage, pp. XVIII et XIX. — Claessens, Le pape Adrien VI, articles publiés dans la Revue catholique, 1862. — Delvigne, Le pape Adrien VI, articles publiés dans la Revue belge et étrangère, 1862. — Paquot, Fasti academici, Mss., t. I; Manuscrit de la Bibliothèque royale, n° 17567, p. 47 et suiv.

BOEYERMANS (Théodore ou Thierry), peintre d’histoire, était, par son grand-père, d’origine hollandaise; ce dernier, nommé également Thierry, naquit à Haarlem. Le père du peintre s’établit et se maria à Anvers, où Théodore vit le jour en 1620, au mois de novembre. On a fait de lui, tour à tour, un élève de Rubens et de Van Dyck; le fait est qu’on ne sait dans quel atelier il étudia; mais, que les deux grands peintres cités lui aient directement enseigné leur art, ou bien qu’il développa son talent en voyant leurs œuvres, toujours est-il que notre artiste appartient à la magnifique pléiade du XVIIe siècle et qu’il y occupe, sinon le premier rang, du moins une place des plus honorables. Une circonstance nous permet de croire que Boeyermans se destina tout d’abord aux lettres ou à la magistrature; il est qualifié de licencié; mais la vocation artistique l’emporta sans doute sur la science, et, de cette façon, nous eûmes un grand peintre de plus. Thierry ne fut reçu dans la corporation de Saint-Luc qu’en 1654. C’est le style de Van Dyck qui séduisit surtout Boeyermans; c’est celui qu’il choisit pour modèle et dont parfois il s’approcha de très-près, bien qu’il soit impossible de confondre les toiles des deux maîtres; Boeyermans étudia le grand portraitiste, mais il ne l’imita point servilement; il conserva un caractère individuel, et cela à tel point que ses tableaux sont reconnaissables à la première vue. Il ne paraît pas que notre artiste ait jamais quitté son pays; il resta essentiellement flamand.

En 1664, Boeyermans fut reçu, comme amateur, dans la société de rhétorique le Rameau d’Olivier. En 1665, il entreprit des travaux importants pour orner la chambre des directeurs de l’Académie royale des arts de la peinture et de la sculpture. Cette chambre ou salle, que l’on nommait Schilderskamer (chambre des peintres), contenait déjà plusieurs œuvres d’art remarquables; outre les portraits des doyens et chefs-hommes, on y voyait un magnifique buste en marbre de Louis de Benavidès, marquis de Caracena, gouverneur général des Pays-Bas; Jordaens y avait peint des plafonds et d’autres sujets encore. Boeyermans embellit la salle de peintures jusqu’à la voûte, depuis l’entrée jusques aux compositions de Jordaens. Sur l’un de ces tableaux on voit la Vierge d’Anvers; auprès d’une tête antique, Rubens et Van Dyck; à gauche, le Temps et l’Escaut; sous les pieds de la Vierge se lit l’inscription :

Antverpiæ
Pictorum nutrici P. M.

Cet ouvrage occupait un côté de la coupole, près du théâtre où les rhétoriciens tenaient leurs séances et jouaient leurs pièces. Selon la tradition, le portrait de la belle Marie Ruthven, femme de Van Dyck, servit pour la figure de la Vierge d’Anvers. Ce travail excita une admiration si vive et satisfit si complètement les membres de la corporation de l’Olyftak, qu’en reconnaissance la Chambre de rhétorique offrit à Boeyermans un grand calice à vin en vermeil et qu’on lui adressa une pièce de vers qui est parvenue jusqu’à nous. Le tableau est aujourd’hui au Musée d’Anvers.

Les vieux registres renseignent encore qu’en 1666, Thierry van Delen, bourgmestre d’Arnemuyden, en Zélande, et peintre de talent, offrit à la même Chambre de rhétorique un tableau dans lequel Théodore Boeyermans peignit l’union de la Peinture et de la Poésie.

Boeyermans aimait les grandes compositions consacrées à retracer des scènes bibliques ou des allégories; peut-être, s’il avait condensé davantage ses sujets, serait-il arrivé à un effet plus réel; tel qu’il est, l’aspect de ses œuvres paraît souvent théâtral; ce fut, du reste, le défaut de l’école à cette époque; mais chez quelques-uns le génie le fait oublier. Son dessin est bon, son coloris harmonieux et riche, mais là où il déployait un talent