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fils, nommé Jean-Baptiste, comme son père. De même que la plupart des artistes intelligents de cette époque, notre peintre entra, en qualité d’amateur, dans la société de rhétorique nommée le Rameau d’Olivier (Olyftak). Toutes les sociétés, corporations ou gildes avaient, à cette époque, des statuts et des règlements très-sévères; l’esprit de corps y primait toujours l’intérêt individuel et l’on comprenait mieux qu’aujourd’hui la devise moderne, l’union fait la force. Jean-Baptiste voulut, en 1679-80, quitter la société de l’Olyftak, on ne sait pour quelle raison; mais on ne donnait pas alors sa démission de membre aussi facilement que de nos jours. Après délibération, on consentit à laisser notre peintre se retirer, mais, disent les vieilles archives de la société « à la condition de peindre pour la Chambre un tableau de la même hauteur que les autres toiles de ce local. Il sera tenu de payer l’intérêt d’un capital de cent cinquante florins, aussi longtemps que son œuvre ne sera pas délivrée à la Chambre, et dès qu’elle l’aura été, on fera juger si elle est digne d’y être admise. » Que l’on pèse bien cette curieuse sentence où se révèlent à la fois la prudence et la fierté flamandes. Jean-Baptiste Boel s’exécuta, sans doute le plus promptement possible, et le tableau qu’il livra fut jugé digne d’être admis. C’est la Vanité, que l’on voit actuellement au Musée d’Anvers. Un cygne mort, un paon, des fleurs, des antiquités, des accessoires enfin de la plus grande richesse; composition abondante et belle couleur. Il ne nous a pas été possible de découvrir la date de la mort de Jean-Baptiste Boel.

Ad. Siret.

BOEL (Pierre), second fils de Jean, peintre d’animaux, fleurs, fruits, nature morte et graveur à l’eau-forte, né à Anvers, le 22 octobre 1622 et non en 1625, comme tous les biographes l’avaient avancé jusqu’à ce que M. Van Lerius eut rétabli la vérité dans son supplément du catalogue du Musée anversois. Pas plus que son frère Coryn ou Quiryn, Pierre n’est inscrit sur le Liggere; il aurait pu l’être fort jeune étant fils de maître. Il devint élève de Fran. Snyders et, selon Félibien et Basan, il épousa la veuve de son maître : il n’y a à cela qu’un obstacle, c’est que Snyders survécut dix ans à sa femme. Notre artiste, animé d’un grand désir de se perfectionner dans son art, partit, avant de contracter mariage, pour l’Italie; il s’arrêta à Venise, puis se rendit à Rome; il s’y occupa, ainsi que dans les cités environnantes, à étudier la nature et à surprendre les secrets des grands maîtres, ses devanciers. Nous trouvons la mention de ce voyage dans Corneille De Bie, dont les vers très-élogieux, consacrés au peintre anversois, sont accompagnés d’un beau portrait de Boel, gravé par Conrad Lauwers, d’après Érasme Quellyn. Le séjour de notre peintre en Italie dura plusieurs années. Immerzeel raconte qu’il se rendit à Gênes pour y retrouver son oncle, Corneille De Wael, que le même auteur lui donne aussi pour maître. Dans les recherches faites si scrupuleusement à Anvers sur la famille de Boel, il n’est point question de sa parenté avec Corneille de Wael ni des leçons que ce dernier lui aurait données. L’erreur sera venue de ce que sa femme, Marie Blanckaert, était alliée aux De Wael.

D’après plusieurs auteurs, Basan, Descamps, d’Argenville et autres, Boel se serait rendu en France en revenant d’Italie. M. Van Lerius pense qu’il y a confusion dans les dates et que le séjour en France eut lieu plus tard. Nous suivrons donc Pierre Boel à Anvers où sa réputation fut promptement établie; on vit bientôt que l’on avait affaire à un artiste de la grande école et les commandes affluèrent. Parmi les compositions qu’il exécuta à cette époque, les auteurs s’accordent à citer les Quatre éléments comme de véritables chefs-d’œuvre; ces toiles reproduisaient, en grandeur naturelle, des animaux, des fleurs et des fruits; c’étaient des œuvres colossales qui appartenaient, à cette époque, à un sieur N. Bloemaerts, fabricant de cuirs dorés pour tapisseries. Weyerman raconte que celui-ci les fit copier par un certain Lyssens et que cette copie ne manquait pas de mérite.

Vers 1650, Boel épousa Marie Blanckaert; il en eut deux enfants, Luc, né