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dans la suite des noms éclatants. On peut citer entre autre, le célèbre et malheureux Ternaux, Cunin-Gridaine, qui fut ministre sous Louis-Philippe, les Bacot, et, parmi les Belges, Engler, Rittweger, Brugmann et plusieurs autres. Madame Biolley, loin de redouter la concurrence, prêtait aide et capitaux à ceux qui lui paraissaient dignes de sa confiance, mais elle avait soin de s’entourer des hommes les plus habiles et de protéger toutes les inventions nouvelles. C’est ainsi que, en 1799, elle accueillit William Cockerill, que la Suède n’avait pas compris et qui devait préparer l’immense essor des fabriques de Verviers par ses machines à carder et à filer la laine. Nous ne connaissons pas assez ces matières pour exposer les détails des progrès qu’on doit à la maison Biolley ; nous rappellerons seulement que la filature à la mécanique, les métiers perfectionnés, etc., ne trouvèrent nulle part de plus ardents promoteurs. Aussi est-il reconnu aujourd’hui que c’est à madame Biolley que Verviers et ses environs doivent la prospérité extraordinaire à laquelle ils sont parvenus depuis.

Malgré la fondation de succursales à Eupen, à Cambrai et ailleurs, la fabrication des draps n’absorbait pas seule l’activité et les capitaux de cette puissante maison ; l’agriculture, l’élève des moutons, le coton, le chanvre, le lin, les mines, l’industrie du fer, occupaient simultanément le talent de ses directeurs. Si toutes ces entreprises ne furent point couronnées de succès, elles n’en ont pas moins leur mérite.

Les soins moraux occupaient, dans les sollicitudes de madame Biolley, la part éminente qui leur revient. Elle favorisait la religion, propageait l’instruction ; sa charité était sans bornes et sa bourse n’était fermée pour aucune bonne œuvre. Elle exerçait chez elle une hospitalité grandiose. Elle avait retrouvé à Spa, où Napoléon tolérait le séjour d’anciens seigneurs de tous pays, rendus inoffensifs par les événements, la meilleure compagnie possible et de vieux amis qu’elle comblait discrètement des attentions les plus délicates.

Lors de la crise amenée par les événements de 1814-1815, la maison Biolley résista à cette commotion terrible. Toutes ses relations, établies avec la France ou les pays soumis à la domination française, furent brusquement arrêtées ; mais elle tint tête à l’orage et réussit, en peu de temps, à donner à sa fabrication un développement plus considérable que par le passé. C’est alors que se montra le talent de M. Raymond Biolley que sa tante s’adjoignit comme premier collaborateur et son héritier présomptif. Nous parlerons eu détail de ces efforts à l’article suivant.

Madame Biolley continua à diriger les affaires et à imprimer le sceau de son énergie à tout ce qui l’entourait ; elle mourut en 1831. C’est assurément une belle figure historique, et dans l’ordre matériel, notre patrie ne compte guère de noms, depuis plusieurs siècles, qui puissent être comparés à celui-là.

G. Dewalque.

Bec-de-Lièvre, Biographie liégeoise. — Renseignements particuliers.

BIOLLEY (Raymond-Jean-François, vicomte DE), industriel, né à Verviers le 10 février 1789, y décédé le 22 mai 1846. Il était issu d’une ancienne famille noble de Sallanches, dont deux frères quittèrent la Savoie à la fin du xviie siècle pour se vouer à l’industrie. L’un d’eux s’établit à Augsbourg ; l’autre, François, fonda à Verviers, en 1725, la célèbre manufacture de draps qui eut une si grande part à la prospérité de cette ville. Detrooz (Histoire du marquisat de Franchimont) cite Jean Biolley comme bourgmestre en 1745 et ajoute : « Celui-ci était étranger et, par conséquent, était placé au consulat contre la loi ; plusieurs de la même famille y furent ensuite placés de même ; mais elle augmenta le commerce de la ville, l’embellit par beaucoup d’édifices particuliers et mérita du public à beaucoup d’autres titres : de manière que, si la loi a été transgressée, on a lieu d’en perdre la mémoire. »

Orphelin de bonne heure, le jeune Raymond Biolley fut bientôt appelé à prendre part aux travaux dirigés par sa