il y avait dans le campanile de la tour de Saint-Pierre, à Louvain, une statue mobile ou mannequin charge d’annoncer les heures ; le peuple le désignait sous la dénomination de maître Jean. Notre sculpteur fut chargé, en 1459, d’en faire un nouveau spécimen, représentant un chevalier armé détentes pièces, lequel fut enluminé par Hubert Stuerbout ; il reçut pour ce travail huit florins du Rhin. Beyaert, qui travailla pour un grand nombre d’églises de Louvain, sculpta, en 1463, les ornements d’un nouveau jubé à l’église des Récollets et exécuta aussi des sculptures dans l’église de Saint-Léonard, à Léau, de 1477 à 1482.
La ville de Louvain, qui avait alors un peintre en titre, voulut avoir aussi son sculpteur officiel. Josse Beyaert obtint ce poste ; il figura, en qualité de fonctionnaire de l’antique cité, en 1475 et 1476, dans l’Omgang ou procession de la kermesse. Il semble avoir appartenu à une famille aisée ; ses frères et sœurs étaient bien établis et l’un d’eux, Pierre Beyaert, qui mourut en 1471, occupa les fonctions de secrétaire de la ville. Notre artiste, qui avait été marié et père de plusieurs enfants, mourut avant le 22 mars 1486 ; la date précise de son décès nous est restée inconnue.
Nous citerons encore ici deux sculpteurs de la même famille. Jean Beyaert, dit Vanden Borre, fils de Pierre, qui exécuta, en 1478, un rétable pour l’église de Groot-Adorp.
Lancelot Beyaert, fils du précédent, qui travailla on 1528, à Louvain, avec Guillaume Hessels, à l’autel que la corporation des maçons fit élever en l’église de Saint-Pierre. Un de ses élèves, Henri de Vleeschouwer, obtint, le 19 août 1519, de Jean Rogge, juré de la corporation des sculpteurs, une attestation d’aptitude, constatant qu’il avait passé le temps stipulé par les statuts dans les ateliers de Beyaert.
Comptes de la ville. — Registres des chambres échevinals — Louvain monumental.
BEYAERT (Jean), dit VANDEN BORRE, frère de Lancelot, dont il est fait mention a l’article précédent, naquit en 1499, à Louvain, et y mourut en 1543. 11 épousa la fille de Josse Metsys, ferronnier, architecte, horloger et frère du fameux peintre Quentin Metsys. En 1524, il aida son beau-père dans l’exécution, en pierres d’Avennes, du modèle des trois flèches, dont on avait alors l’intention de surmonter le beffroi de l’église de Saint-Pierre. Ce modèle, qui fut monté, en 1529, dans l’une des salles de l’hôtel de ville, par Jean Beyaert, forme encore un des plus beaux ornements du musée archéologique de la ville de Louvain. Deux ans après, en 1531, notre artiste exécuta un groupe figurant la Sainte -Trinité, qui était destiné à occuper une niche dans la façade de la porte de Diest, alors nouvellement construite. Un second groupe de trois personnages, deux lions et deux griffons, ainsi que les armoiries sculptées de la ville, qui devaient décorer la façade de cet édifice du côté de la campagne, furent également confiés à son ciseau.
Jean Beyaert, qui, dans sa jeunesse, avait eu maille à partir avec la justice pour divers détournements, donna à la fin de sa vie des preuves nouvelles de son caractère fougueux et irréfléchi. Sa fin lamentable appartient à la sanglante histoire des persécutions religieuses du xvie siècle. Nous la rapporterons en quelques lignes.
On sait qu’en 1543, quarante bourgeois de Louvain furent arrêtés pour cause d’hérésie. Enlevés à la juridiction des échevins, on les traduisit devant une commission spéciale nommée par l’empereur Charles-Quint. Jean Beyaert et sa femme se trouvèrent au nombre des accusés. Catherine Metsys, qui avait reçu une certaine instruction, était une protestante convaincue. Elle exerçait une action profonde sur son époux, néophyte plus zélé que réfléchi. En effet, Beyaert ne se contenta pas de déclamer contre le culte catholique et d’assister aux réunions de ses coreligionnaires ; il se livra parfois à des excès d’ardeur qui ne pouvaient manquer de tourner contre la cause de la réforme. Un jour il enleva des églises de Saint-Pierre et de Saint-