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jeta hors des murailles. Ce fut là, à coup sûr, l’une de ses plus étonnantes actions. Notre personnage avait ce double mérite de ne s’étonner de rien et de payer toujours de sa personne. Amis et ennemis sont unanimes à lui rendre ce témoignage qu’il fut l’un des plus braves capitaines de son temps et des plus dévoués à la cause qu’il servait. Le duc de Parme, qui l’aimait beaucoup et se fiait entièrement à lui, l’envoya, pendant le siége d’Anvers, dans l’électorat de Cologne, où le désordre était à son comble. Berlaymont pacifia ensuite la province de la Gueldre, et ne reparut en Belgique qu’en 1587, pour prendre part au siége de l’Escluse. Étant à Boxtel, le gouvernement de Bois-le-Duc l’appela à son secours ; il rencontra en route, près du fort Engelen, la cavalerie ennemie et engagea le combat qui eut pour lui une issue fatale. Grièvement blessé à la gorge, il fut transporté à Bois-le-Duc, où il expira le 14 juillet. Il ne laissa point d’enfants de sa femme Anne de Brimeu, la sœur de la comtesse de Meghem, et ses biens furent dévolus à son frère, le sire de Floyon, en faveur duquel il avait testé étant à Liége, le 12 avril 1580.

C.-A. Rahlenbeck.

Arch. prov. de Liége. — Mss. généalogiques de Lefort. (Cet auteur donne à Claude Berlaymont deux femmes du nom de Brimeu. — J.-C. de Jonge, De Unie van Brussel. ’S Gravenhage, 1825. — J. Van Vloten, Nederlands opstand tegen Spanje. Haarlem, 1860. — S Strada. — Van Meteren. — Le Petit.

BERLAYMONT (Florent, comte DE), homme de guerre, mort à Namur, le 8 avril 1626. Il était fils puîné de Charles, seigneur de Berlaymont, créé comte en 1574, et d’Adrienne de Ligne. Florent de Berlaymont fut d’abord chanoine-tréfoncier de la cathédrale de Liége, puis, lorsqu’il prévit que ses frères aînés ne laisseraient pas de postérité, il jeta le froc aux orties et embrassa la carrière des armes, où il n’obtint guère de succès. En 1572, étant capitaine, il fut fait prisonnier à Ruremonde. En 1576, de même que les autres membres de sa famille, il se rallia au parti des États généraux. Les États projetaient de réunir dans Anvers le plus grand nombre possible de troupes afin de bloquer la citadelle qui se trouvait encore au pouvoir des Espagnols. Dans ce but, Florent de Berlaymont se dirigea sur cette ville avec une partie du régiment de son frère Gilles, dont il était le lieutenant-colonel ; mais sa conduite maladroite le fit tomber aux mains de Julian Romero, qui se montra d’abord assez mal disposé à l’égard d’un ex-chanoine qui avait offert son épée au gouvernement insurrectionnel. Les États généraux finirent par obtenir sa liberté et lui écrivirent pour le « remercier de ses bonnes vertus et bonne et grande affection démontrée à la patrie, leur déplaisant l’infortune de sa captivité comme la fortune est variable et dont il ne pouvait avoir que honneur, le priant de vouloir continuer en sa bonne affection et dévotion envers ladite patrie. »

Don Juan ayant pris le gouvernement général du pays, après avoir publié l’Édit perpétuel qui acceptait tous les points de la Pacification de Gand et de l’Union de Bruxelles, Florent de Berlaymont se rallia, comme son frère Gilles, au nouveau gouverneur général sans qu’on puisse raisonnablement accuser sa conduite d’inconséquence ou de duplicité (voir Gilles de Berlaymont).

Après avoir servi sous son frère Gilles, il lui succéda en 1579, dans le gouvernement des provinces de Namur et de l’Artois ; plus tard, il devint gouverneur du Luxembourg, il obtint une bande d’hommes d’armes des Ordonnances, le collier de la Toison d’or, un régiment d’infanterie wallone avec lequel il assista au siége de Carpen ; enfin il hérita de tous les titres et honneurs de ses frères aînés, morts successivement sans laisser d’enfants. En sa qualité de comte de Berlaymont, il était encore èchanson héréditaire et chambellan du comté de Hainaut : Lorsque l’archiduc Albert se rendit en Espagne pour épouser l’infante Isabelle, Florent de Berlaymont l’accompagna ; il assista aussi, à Ferrare, à la double union de l’archiduc Albert et de Marguerite de Bavière avec le roi d’Espagne, Philippe III. Après cette cérémonie, il eut l’honneur de porter devant Marguerite, jusqu’au Palais, le collier de la Toison