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lieu de son diocèse le 5 décembre 1743. Il était fils d’Eugène de Glymes, dit De Berghes, et par conséquent frère de Philippe-François. Il fut élu le 7 février 1724, en remplacement de Joseph-Clément de Bavière, décédé le 12 novembre de l’année précédente. L’archevêque de Cologne, Clément-Auguste, neveu du prélat défunt, le cardinal-prince de Saxe-Zeil et le prince de la Tour d’Auvergne, archevêque de Vienne en Dauphiné, s’étaient mis sur les rangs ; mais le chapitre, voulant répondre au vœu de la population, préféra porter ses suffrages sur un prélat indigène, disposé à fixer sa résidence dans le pays : les troubles qui avaient agité Liége sous les princes-électeurs de Cologne eussent été certainement moins prolongés et moins désastreux, sans l’absence presque continuelle de ces souverains. Désintéressé, modeste dans ses habitudes et exempt d’ambition, Georges-Louis ne s’était pas attendu à parvenir au faîte des honneurs. Dans sa jeunesse, il avait embrassé la carrière des armes et servi les Pays-Bas espagnols en qualité de lieutenant-colonel de cavalerie. A trente-cinq ans, il quitta le service pour entrer dans les ordres, fut nommé en 1700 chanoine tréfoncier de Saint-Lambert, et vécut sans faire parler de lui jusqu’à sa promotion. Après avoir reçu les félicitations de ses compétiteurs, il se hâta de se dérober au monde et alla passer plusieurs semaines chez les Pères capucins, pour se livrer à la méditation et à la prière, aussi bien que pour se préparer à ses graves fonctions. La mort du pape Innocent XIII (mars 1724) ayant retardé sa confirmation, il ne prit possession de son palais épiscopal qu’après l’avoir reçue de Benoît XIII, quelques mois plus tard. De même qu’en 1688 et en 1694, le chapitre avait gouverné la principauté pendant l’interrègne, battu monnaie, rendu des ordonnances, en un mot, comme dit Bouille, exercé toutes les fonctions de l’autorité principale. (Sur cette dérogation aux anciennes coutumes, voir Ferd. Henaux, Histoire du pays de Liége, 2e éd., t. II, p. 254.)

Georges-Louis s’occupa sans retard de chercher des remèdes aux maux dont le pays avait souffert pendant les longues guerres de Louis XIV. Il commença par s’entourer de ministres bien intentionnés et capables de seconder ses vues : il prit pour chancelier le comte de Berlaymont, archidiacre de Hainaut ; pour grand-vicaire, le comte de Rougrave ; pour grand-mayeur, le baron de Horion : tous trois justifièrent pleinement sa confiance. L’attention du prince se porta successivement sur les finances, sur l’administration civile, sur la justice et sur la discipline ecclésiastique. A part le donatif destiné à couvrir les frais de sa confirmation, il ne voulut jamais rien accepter pour lui ; pendant toute la durée d’un règne de vingt ans, il se contenta des revenus de sa mense épiscopale, sans prélever de taille ou d’impôt quelconque à son profit. On lui avait donné le conseil de restaurer le château de Eranchimont, pour en faire un rendez-vous de chasse et un palais d’été : il aima mieux rebâtir à ses frais la magnifique résidence de Seraing, que les princes allemands, résidant ordinairement à Bonn, avaient laissé à peu près tomber en ruine ; Georges-Louis voulait rester le plus possible à proximité de Liége et avoir l’œil sur tout ce qui s’y passait. L’église de Seraing fut également embellie ou plutôt réédifiée au moyen de ses libéralités. Cette générosité n’excluait chez le prince ni la prudence en affaires ni l’esprit de sage économie. Sa vigilance et ses conseils contribuèrent efficacement à rétablir, entre les recettes et les dépenses de la cité, l’équilibre rompu par des administrations plus empressées de construire de beaux monuments que de s’assurer d’abord qu’elles pouvaient le faire sans se mettre dans l’embarras. Il sanctionna l’édit de son prédécesseur sur la réduction des rentes à cinq pour cent, mais sans avoir égard à la hausse de l’argent, ce qui avait donné lieu, sous Joseph-Clément, à de nombreuses contestations ; cependant il ne fallut rien moins qu’une décision impériale (1727) pour aplanir toutes les difficultés. Les faux monnayeurs furent rigoureusement poursuivis ; la peine de mort fut comminée, même contre les particuliers qui fabriqueraient des pièces de bon aloi. Il n’est per-