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quis, « pour qu’au cas, comme cela pourrait être, qu’il fût impliqué et coupable dans les troubles des Pays-Bas, on puisse avec plus de facilité disposer de ceux-ci. » Le marquis, n’ayant point d’enfants, avait testé en faveur de sa nièce Marguerite de Mérode, à condition qu’elle épouserait un de ses neveux. Cette jeune personne ne paraissant pas avoir été élevée dans les principes de la religion catholique, la duchesse eut mission de tâcher « de l’avoir sous la main, ainsi que le neveu auquel elle était destinée. » Le seigneur de Mérode ne se montra pas pressé de confier sa fille à des mains étrangères ; quant à la question de confiscation, le président Viglius déclara à la gouvernante que « le marquis étant mort au service du roi et en présence de Sa Majesté, il ne pouvait être procédé contre ses biens que par la voie de la justice : il fallait donc d’abord qu’on instruisît son procès et qu’il fût condamné. » Marguerite approuva cet avis et en écrivit au roi. L’affaire traîna en longueur. Enfin le marquisat fut remis à la nièce de Jean de Berghes après la Pacification de Gand. Elle en fit le relief le 22 février 1578. Marguerite de Mérode était alors l’épouse de Jean de Witthem, seigneur de Beersel.

Alphonse Le Roy.

Gachard, Corresp. de Philippe II, t. I et II. — Strada, De Bello Belgico, l. II, III, IV et VI. — Bentivoglio, Guerra di Fiandra, l. II et III. — Van Meteren, Hist. des Pays-Bas, l. II et III. (On trouve le portrait de Jean de Berghes dans l’édition française de cet ouvrage, la Haye, 1618, fol. 51, verso). — Loyens, Synopsis, etc. (Brux. 1672, in-4o). — Schiller, Abfall der Niederlände. — Prescott, Hist. du règne de Philippe II, liv. II et III. — Altmeyer, les Gueux de mer, p. 161. — Th. Juste, Le comte d’Egmont et le comte de Hornes, passim. — Goethals, Dict. généal., au mot Glymes, etc.

BERGHES (Robert DE) quatre-vingt-septième évêque de Liége, succéda le 7 mai[1] 1557 à Georges d’Autriche, abdiqua le 30 mars 1563 et mourut à Berg-op-Zoom, moins de deux ans après[2]. Il refusa de profiter, au détriment de son frère aîné Jean (voir l’art. précédent), des avantages qui lui étaient faits par le testament de ses parents ; il n’accepta pas non plus sa part dans la succession du troisième fils d’Antoine, Louis, comte de Walhain. Coadjuteur de Georges d’Autriche depuis le 18 décembre 1549, il arriva de Bruxelles à Liége un jour ou deux après la mort de ce prélat, et présenta incontinent ses bulles au chapitre ; de là il se rendit à l’abbaye de Herkenrode, pour y recevoir les ordres sacrés le 8 novembre 1557 : son entrée solennelle à Liége date du 12 décembre de la même année. Des lettres d’investiture lui furent délivrées par l’empereur Ferdinand, le 28 janvier 1558.

Le lendemain de son inauguration, il adressa aux états un discours qui eut pour résultats l’allocation immédiate de cinquante-deux mille florins en payement des taxes de l’empire, et une nouvelle publication des édits de Charles-Quint contre les hérétiques. Thomas Watelet, natif de Beho (marquisat de Franchimont), homme de basse condition, mais sectaire influent, ardent et courageux, fut livré au bras séculier et brûlé vif. On ne citerait toutefois, sous le règne de Robert, qu’un très-petit nombre d’exécutions capitales. Le clergé n’était pas sans crainte, surtout depuis que la diète germanique, réunie à Augsbourg en 1555, avait accordé aux luthériens la libre profession de leur culte dans plusieurs États de l’Allemagne, et avait autorisé les sujets protestants des États catholiques à s’exiler en emportant leurs biens, en cas de persécution : c’était, comme le dit M. Lenoir, une demi-tolérance. D’autres part, en 1560, François II, roide France, octroya aux huguenots la faculté de disputer en public, à condition que leurs discours ne continssent rien de séditieux : ils s’en prévalurent et se répandirent au dehors, jusque dans le pays de Liége. Les protestants liégeois saisirent l’occasion et demandèrent qu’il leur fût permis de se conformer ouvertement à la confession d’ Augsbourg. Grand émoi dans les corps de métiers, qui se réunirent pour

  1. Le 5 mai, selon Sylvius.
  2. Selon Loyens, il décéda le 26 janvier 1564 ; le 27, selon Fisen. Ces dates sont inadmissibles, puisque Robert ne quitta Liége qu’après avoir fait lire au chapitre la bulle de la confirmation de Groesbeek, document qui fut seulement reçu le 11 avril de la même année.