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promu à l’évêché d’Anvers en 1597. Gazœus (Gazet) fait un grand éloge de son savoir et de sa prudence,

Alphonse Le Roy.

Le Carpentier, Hist. de Cambrai, t. I, 2e partie, p. 414 et p. 418. — Gallia Christiana, t. III, col. 52-55 et 56-57. — Foppens, Bibl. Belgica, t. II, p. 881. — Goethals, Dict. généal., au mot Glymes.

BERGHES (Jean DE GLYMES, marquis DE), diplomate, mort en Espagne dans la fleur de l’âge, le 21 mai 1567, était l’aîné des enfants d’Antoine de Glymes, seigneur de Berg-op-Zoom, créé marquis De Berghes par lettres patentes de Charles-Quint (mai 1533), et de Jacqueline de Croy, fille de Henri, comte de Porcéan, seigneur d’Arschot. Jean parcourut toute la carrière des honneurs, si largement ouverte à sa famille, pour aboutir à une fin malheureuse. Il fut chambellan de Charles-Quint, chevalier de la Toison d’or le 21 février 1555, grand bailli et capitaine général du Hainaut, gouverneur de Valenciennes et de Cambrai le 12 mars 1560, grand veneur du Brabant et de la Flandre. Par ses qualités peu communes, par la noblesse de son caractère, par sa fidélité chevaleresque envers son roi, il se montra jusqu’à la fin digne des faveurs dont il fut l’objet ; mais il ne s’en laissa jamais éblouir, et il y renonça spontanément, sans regret et sans arrière-pensée, quand la voix intérieure lui en fit un devoir. Libéral sincère à une époque d’intolérance et de sombre fanatisme, il refusa courageusement d’allumer les bûchers dressés par Philippe II : peut-être se creusa-t-il ainsi une tombe prématurée[1]. Victime ou non, il dut mourir le cœur navré de n’avoir pu rien faire pour son pays et de sentir peser sur lui des soupçons immérités[2] ; mais son âme dut paraître sereine devant le tribunal de Dieu, car elle n’avait jamais connu les capitulations de conscience.

On sait peu de chose de la jeunesse du marquis De Berghes. Il eut pour précepteur le jurisconsulte Charles du Moulin ; les leçons et les conseils de cet homme illustre paraissent avoir exercé sur son esprit une influence durable. L’indépendance de ses idées ne porta point préjudice à son crédit auprès de Charles-Quint ; mais il fut relativement tenu à distance sous le règne suivant, bien que son mérite et sa loyauté ne pussent être révoqués en doute. Lorsque Philippe II, avant de partir pour l’Espagne, s’occupa d’arranger les affaires des Pays-Bas, Jean de Berghes ne fut point désigné immédiatement, ainsi que plusieurs l’ont cru, pour gouverner la province de Hainaut : cette fonction échut à son beau-père, Jean de Lannoy, et c’est seulement après la mort de ce dernier, arrivée quelques mois plus tard, qu’il obtint la confiance royale, grâce à l’intervention de Marguerite de Parme. Dès son installation, Jean de Berghes se trouva dans la situation la plus difficile. Une sourde agitation s’était produite en Belgique le lendemain de l’embarquement de Philippe II. Les dernières mesures du gouvernement, souverainement impopulaires, produisaient déjà leurs effets. La présence des soldats espagnols dans le pays était un grave sujet d’inquiétude ; la création de nouveaux évêchés (voir les articles Maximilien et Robert de Berghes), plus ou moins indifférente peut-être à toute autre époque, était regardée par la population comme le prélude d’une violente persécution religieuse ; car on ne pouvait se méprendre sur les intentions du roi à l’égard des hérétiques. Les édits intolérants de Charles-Quint avaient été confirmés par son fils ; les guerres contre la France en avaient seules retardé l’exécution. On voyait dans les chefs des nouveaux diocèses autant d’odieux inquisiteurs. On en voulait surtout à Granvelle, récemment promu au cardinalat et devenu le premier conseiller de Marguerite : pour avoir des suppliants, disait-on, il voulait faire des malheureux et des coupables. Le clergé n’était pas plus satisfait que les partisans secrets de la réforme : les monastères allaient être ruinés au profit des évêques à doter ; les intentions des fondateurs ne seraient donc plus respectées. Ne pouvant rien obtenir de Marguerite,

  1. « La bonne opinion qu’il avait du roi, dit Van Meteren, lui raccourcit la vie. »
  2. Voir Strada, liv. VI.