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la principauté minuscule d’Amblise à Claude d’Anglure, et qui s’était allié à l’illustre famille de Lorraine par son mariage avec Louise de Lorraine, fille de Henri, comte de Chaligny, arrière-petite-fille d’Antoine, duc de Lorraine et de Bar ; Louise de Lorraine, devenue veuve, prit le voile dans l’ordre des Pénitentes capucines.

Des deux fils issus de cette dernière union, l’aîné, Albert-Marie, mourut en 1641, sans avoir eu de postérité de Claire-Marie de Nassau-Siegen, sa cousine, tandis que le second, Claude-Lamoral, qui épousa la veuve de son frère, parcourut une brillante carrière. Chevalier de la Toison d’or dès 1647, il fut chargé d’aller complimenter Charles II, roi d’Angleterre, sur son rétablissement au trône, et devint maître de camp général de la cavalerie aux Pays-Bas. Un mémoire anonyme, daté de l’an 1670, fait de lui le portrait suivant : “ Le prince de Ligne est un homme qui accorde la civilité française avec la retenue espagnole. Il a eu des déférences jusques aux bassesses pour toutes les personnes de cette nation-là dans le commencement de son élévation, ce qui l’a fait considérer comme un homme propre à obéir et lui a donné la cavalerie, ce qu’aucun Flamand n’aura plus après lui. Il s’est toujours bien ménagé et a fait sa charge avec réputation pendant les guerres, où il n’a jamais eu de malheur que par des accidents imprévus. Il est splendide et économe tout ensemble, d’un esprit assez ordinaire et plutôt bon que brillant. Il le porte haut par les alliances de Lorraine et de Nassau et, quelque froideur qui paraisse dans son air doux et modeste, il sacrifierait tout pour maintenir sa gloire. Au reste, les prises qu’il a eues avec le marquis de Caracena (alors gouverneur général), avec lequel il a rompu ouvertement... et celles qu’il a eues avec le marquis de Castel-Rodrigo, qui n’ont pas été moindres, ont donné de quoi s’étonner, vu sa conduite passée fort uniforme et raisonnable. Le prince eut aussi des démêlés avec le duc d’Aerschot, qui lui enleva le gouvernement du Hainaut, et avec le comte d’Egmont, à qui il disputa le commandement des hommes d’armes. Il y eut, à ce sujet, un “ appel ” du comte au prince, ce qui fit grand éclat et fut empêché par la prudence de M. de Louvignies ”. Claude de Ligne devint vice-roi de Sicile en 1670, fut nommé gouverneur du duché de Milan le 16 août 167S, et enfin fut membre du conseil d’Etat à Madrid, où il mourut, le 21 décembre 1679. Son troisième fils Prosper-Hyacinthe, fut la tige des marquis de Mouy ; le quatrième, Charles-Joseph , devint marquis d’Aronches, grand de Portugal, ambassadeur de ce pays à Vienne et commença la famille des Ligne-Sousa.

L’aîné, Henri-Louis-Ernest, fut gouverneur de la province de Limbourg, et mourut le 8 février 1702, à Raudour, dans le bois, en attendant un sanglier à son poste, à ce que rapportent des mémoires attribués à son petit-fils. Il s’était marié, à Madrid, en 1677, à dona Joanna-Monique de Aragon y Benavidez, et en eut plusieurs fils. Antoine-Joseph, le premier, fut colonel d’un régiment d’infanterie espagnole, et mourut à Belœil, en 1707 ; ce fut probablement cet oncle mystérieux à qui les mémoires dont je viens de parler attribuent une existence romanesque : une jeunesse amoureuse, un attachement profond pour une femme dont la condition ne lui permettait pas de l’épouser, une vieillesse austère dans l’habitation dite le Petit Hôtel de Ligne, à Bruxelles, où il aurait vécu avec un seul domestique, n’ayant d’autres meubles qu’une chaise et un crucifix. Un troisième frère, Ferdinand, prince du Saint-Empire, combattit d’abord dans les troupes espagnoles à Ramillies, mais quitta ensuite le service d Espagne pour celui d’Autriche. Il se distingua à Audenarde et à Malplaquet, devint feld-maréchal et colonel propriétaire d’un régiment de dragons, et mourut, le 9 mai 1757, sans avoir été marié. Il était fort dévot et méticuleux, et s’efforça toujours,