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de Ligne, qui prit, en se mariant, les armes et le nom d'Arenberg et devint la souche de la famille de ce nom qui existe encore de nos jours. Quant à l’aîné, Jean, baron de Ligne, seigneur de Roubaix, etc., maréchal du Hainaut, il servit avec le plus grand dévouement le roi des Romains, Maximilien. En 1478, son château de Ligne fut pris par les Tournaisiens et son château de Belœil par les Français. En 1479, il fut fait prisonnier à la bataille de Guinegate et, pour payer sa rançon, vendit, moyennant 2,000 écus, la seigneurie d Ollignies à Godefroid de Gavre. Lorsque les hostilités recommencèrent en 1484, il s’empara du château d’Audenarde et défit les Français. C’est à cette époque qu’il fut créé chevalier de la Toison d’or, à Bruges, le 5 mai 1484, dignité qui, à partir de cette époque, fut héréditaire dans sa famille jusque pendant le xixe siècle. Il mourut en 1491, et fut enseveli à Belœil, près de sa femme, Jacqueline de Croy, fille d’Antoine de Croy, surnomme le Grand.

Son fils Antoine eut une existence non moins accidentée que la sienne. En 1513, il combattit vaillamment à la bataille de Blangy ou de Térouanne, gagnée sur les Français par le roi d’Angleterre, Henri VIII, et son allié Maximilien d’Autriche. Il accompagna ensuite le premier de ces princes dans son expédition contre Tournai, et s’empara de Mortagne et de Saint-Amand. Mais, peu de temps après, le roi d’Angleterre se réconcilia avec François Ier, alors roi de France, et lui restitua la ville de Tournai. Henri VIII avait donné Mortagne au comte de Suffolk et celui-ci l’avait vendu 1,000 écus au seigneur de Ligne, qui fut créé prince de Mortagne. Invité à rendre sa conquête, Antoine s’y refusa et il fallut les ordres les plus sévères de son souverain et de Marguerite d’Autriche pour qu’il consentît à la restituer, encore fallut-il lui donner une indemnité quintuple du prix d’achat. Mais Charles-Quint et François Ier ne tardèrent pas à se brouiller ; Tournai, assiégé une seconde fois, fut pris et annexé désormais aux provinces des Pays-Bas. Mortagne fut également reconquis, puis démantelé. Quant à la possession de ce domaine, elle fut vigoureusement revendiquée par Antoine de Ligne, à qui la défense énergique de ses droits valut le surnom de grand diable de Ligne. Il n’en continua pas moins à se signaler en défendant les frontières du Hainaut et prit encore la ville de Roye, en Picardie, en 1528. Le prince de Mortagne, créé comte de Fauquemberghe par Charles-Quint, mourut en 1532, et choisit également pour sépulture l’église de Belœil, où il repose à côté de sa femme, Philippine de Luxembourg, fille de Jacques, seigneur de Fiennes, et à côté de la plupart de ses successeurs.

Leur fils, Jacques, créé comte de Ligne en 1543, fut ambassadeur près du pape Clément VII, et mourut d’une pleurésie, en 1552, après avoir épousé Marie, baronne de Wassenaer, héritière du vicomte de Leyde, puis Jeanne de Hallewyn. De Marie de Wassenaer il eut Philippe, comte de Ligne et de Fauquemberghe, qui, avant l’âge de vingt-quatre ans, assista à trois sanglantes batailles : Renty, Gravelines et Saint-Quentin ; mais il fut ensuite retenu chez lui par une longue maladie, et mourut en 1583. Un second fils, Lamoral , vécut à la cour des archiducs Albert et Isabelle, qui, ainsi que toute la maison d’Autriche-Espagne, le combla d’honneurs et de dignités. L’empereur d’Allemagne ordonna de l’inscrire au rang des princes de l’Empire, le 20 mars 1601 ; ses princes naturels relevèrent au rang de prince de Ligne, le 2 août 1602 ; le roi d’Espagne le créa Grand de ce pays, lui et ses héritiers ; il fut, en outre, chevalier de la Toison d’or, du conseil d’État, gentilhomme de la chambre des archiducs, capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances, gouverneur et capitaine général de l’Artois. Son alliance avec Marie de Melun, héritière du marquisat de Roubaix, augmenta encore sa fortune. Quand il mourut, le 5 février 1624, il avait eu la douleur de voir expirer avant lui, le 17 avril 1622, son fils Florent, qui avait acheté