et évéque de Frascati, en 1442. Profondément dévoué au roi d’Angleterre, il n’avait voulu accepter qu’avec son approbation le chapeau cardinalice. En 1443, Henri VI le fit avertir que les Anglais sont chassés de Dieppe par son neveu, Louis de Luxembourg : « De ceste nouvelle », dit un manuscrit de la bibliothèque de Valenciennes, « fut le chancelier sy troublé, qu’il se " acoucha malade, de sorte que oncques " puis n’eust santé ». Vainement le roi lui envoya « ses médecins et cirurgiens, " et tout ce qu’il put ". Le prélat s’expatria en Angleterre la même année, et, sur son navire, » avoit trompes, clai " rons et autres instrumens, tellement " que la mer en retentissoit «. Il mourut à Hatfield bientôt après, le 18 septembre 1443, et, selon d’autres, le 4 octobre : il fut inhumé en la basilique d’Ely, près de la chapelle des Reliques.
Jean Le Fèvre, Chronique, édit. Morand (Soc. de l’Hist. de France). — Monstrelet, Chronique, édit. Douët d’Arcq ’Soc. de l’Hist. de France). — Chastellain, édit. Kervyn de Leltenhove. — Vigner, Hist. de la Maison de Luxemboinq. — De la Fons Melicocq, dans VAnn. bull. de la Soc. d’hist. de France (1866), t. IV, i, 3739. — Mém. d’un bourgeois de Paris. — De Barante, Hist. des Ducs de Bourqoqne. — Sismondi, Hist. des Français. — Moreri, Grand diction, hist. — Anselme, Hist. génial, de France. — Gallia Christ., t. XI, col. 89. — G2ims, Episc. eccl. cath., t. XIX, p. 188, 520, 613.
LUXEMBOURG (le bienheureux Pierre DE), né le 20 juillet 1369.
Son père était Gui de Luxembourg,
lieutenant de Duguesclin dans l’expédition
d’Auvergne et l’un des premiers
qui « firent entreprinse », dit Froissart,
" contre les Anglois en 1369 ». Su
mère était Mahaut de Châtillon, cousine
du duc de Bourbon et de la reine
Jeanne de France. Vers la fin de 1377,
Pierre commença dans les hautes écoles
de Paris, sous la discipline de maîtres
célèbres, les Oresme et les d’Ailly, ses
études de philosophie et de théologie.
L’illustration de sa race, l’éclat de sa
vertu, la précoce maturité de son esprit
qui suppléait déjà en lui l’autorité
de l’âge et faisait écouter ses conseils
dans les troubles de l’université, le
désignèrent, encore enfant, aux honneurs
ecclésiastiques. Dès 1379, il fut
pourvu d’un canonicat à Notre-Dame
de Paris et successivement nommé, en
1381, chanoine de Cambrai et archidiacre
de Bruxelles et de Dreux. Ces
prébendes lui venaient à point, car sa
famille était presque ruinée par la rançon
de son frère Waléran au roi d’Angleterre.
S’astreignant, d’ailleurs, lui-même
aux stricts besoins d’une vie
ascétique, il prodigua ses revenus en
aumônes et résigna bientôt ses bénéfices
à son frère André. A quatorze ans, il
fut élevé par Clément VII à l’évêché
de Metz, — honneur périlleux dans un
diocèse tiraillé, en plein grand schisme
d’Occident, par les partisans des deux
papes. Pour accroître le prestige du
jeune évêque. Clément VII eut beau lui
conférer le chapeau de cardinal : Pierre
dut conquérir son siège épiscopal, les
armes à la main, et fut bientôt abreuvé
de tant d’amertumes qu’il se retira à
Luxembourg. Il fut appelé de cette retraite
à la cour pontificale d’Avignon ; il
mourut dans cette ville, le 2 juillet 1387,
à l’âge de dix-huit ans, et y fut inhumé
au cimetière de Saint-Michel. Jean Juvénal
des Ursins et Froissart, ses contemporains,
ainsi que l^hilippe de VigneuUes,
dans sa Chronique de Metz,
signalent, en faisant l’éloge de ce prélat,
les miracles qui attestèrent la sainteté
de sa vie et consacrèrent sa mémoire dans
la vénération publique. L’ne église fut
bâtie par de pieuses libéralités sur sa
tombe : « On se pourroit esmerveiller »,
dit Froissart, • de la grande créance
« que ceuxdupaïsde là environ y avoient
u et des visitations quils y faisoient, et
n des présents que rois, ducs, comtes,
» dames et gens de tous estatsy faisoient.
« Et en ces jours que je fus en Avignon,
u car par là, pour ce voir je retournai de
« la comté de Foix, de jour en jour
u ces œuvres et magnificences augmenn
toient ». Son culte s’étendit en Belgique,
en Savoie, en Espagne, et, par
bref du 9 avril 1527 , le pape Clément VI I
le proclama bienheureux. Par mandement
du vice-légat d’Avignon (3 juillet
1600), sa fête fut élevée au rang des
solennités dites de précepte. Ses reli-