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d’écolâtre ou de maître de la grande école de Mons étant devenue vacante, par suite du décès de maître Jean Ghobelet, Jacques de Leussauch sollicita cette importante fonction. Il eut pour compétiteur maître Jean Baldricus, prêtre, né à Soignies. La nomination devait se faire de commun accord par les échevins de Mons et par le chapitre de Saint-Germain, mais les échevins appuyaient le second candidat, tandis que de Leussauch avait obtenu les suffrages des chanoines. Ce dernier finit par être nommé le 25 juin 1530, comme le plus « ydosne », les échevins ayant reconnu qu’il était « homme arresté et propice ». Il remplit jusqu’à la fin de l’année 1536 la charge de maître de la grande école de Mons, qui était alors un établissement d’instruction moyenne divisé en trois classes et très florissant. Ce fut pendant ces années de professorat qu’il put constater combien l’idiome en usage parmi les habitants du Hainaut était plus incorrect que celui de ses voisins de France ; il signale le défaut qu’ils avaient de faire sentir l’8 d’une manière sensible. La direction de la grande école appartenait, comme nous l’avons dit, au magistrat de Mons et au chapitre de Saint-Germain ; cette situation provoqua entre ces deux autorités de fréquentes discussions ; un conflit était à peine apaisé par un arrangement qu’une nouvelle contestation surgissait. Ce fut, semble-t-il, à cause d’une querelle entre les deux pouvoirs, que Jacques de Leussauch, prêtre au caractère pacifique, notifia, le 27 octobre 1536, aux échevins sa résolution de renoncer à la direction de la grande école. Sa démission fut acceptée. De Leussauch passa les dernières années de sa vie à Tournai, où il mourut le 1er juillet 1557. De son temps, il avait joui d’une certaine réputation. Le bénédictin dom de Beauchamps voit en lui un personnage très remarquable par son érudition et la pureté de sa vie. Un poète contemporain, Lucas Bruière ou Bruierius, l’a célébré dans ses vers comme un écrivain aussi distingué dans l’histoire que dans la littérature et la poésie.

Il ne nous reste de lui qu’un opuscule, fort rare, intitulé : Hannoniæ urbium et nominatiorum locorum ac cœnobiorum, adjectis aliquot limitaneis, ex annalibus anacephalæosis. Penias declamatiuncula. Carminum tumultuaria farrago. Anvers, Michel Hillenius, 1534 ; in-8o, 36 ff. non paginés. Il comprend un résumé historique et géographique du comté de Hainaut et un certain nombre de poésies assez médiocres. La description topographique du Hainaut a de la valeur ; elle a été rééditée, en 1844, par le baron de Reiffenberg et traduite, en 1885, par G. Decamps et A. Wins, pour la Société des bibliophiles belges de Mons. De Leussauch a fait paraître son opuscule en 1534, alors qu’il était à la tête de la grande école de Mons. Il se pourrait donc qu’il ait été destiné à faciliter à ses élèves l’étude de l’histoire et de la géographie du Hainaut. La concision de son travail vient encore étayer cette hypothèse, ainsi que sa rareté, qualité commune à tous les manuels classiques du XVIe siècle.

Ernest Matthieu.

Paquot, Mémoires, t. I, p. 195. — De Reiffenberg, Monuments pour servir à l’histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg, t. I. — Brassart, Jacques de Leussauch dit Lessabæus, dans Souvenirs de la Flandre wallonne, t. XX, p. 76-79. — G. Descamps et A. Wins, Description abrégée des villes, des localités les plus renommées et des monastères du Hainaut et de quelques contrées voisines, par Jacques Lessabée ou De Leussauch (1534), traduction du latin avec introduction et notes. Mons, Dequesne-Masquillier, 1885 ; in-4o. — Archives communales de Mons. — E. Matthieu, Histoire de l’enseignement à Mons (en cours de publication).

LEUX VON LEUXENSTEIN, peintre. Voir Luyckx (François).

LEUZE (Nicolas DE), théologien, traducteur, né à Frasnes lez-Buissenal (Hainaut), dans les premières années du XVIe siècle, mort à Louvain, le 8 août 1598. Après avoir fait ses études à l’université de Louvain et avoir pris le grade de licencié en théologie, il devint écolâtre de l’église Saint-Pierre de cette ville (12 décembre 1550), puis chanoine du premier ordre dans la même église (22 juin 1559). Il enseigna quelque