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comme allemand, et il se peut qu’il soit liégeois. Étant déjà sous-diacre de Liége, il alla étudier à l’École de Chartres, sous l’illustre Fulbert, et y eut plusieurs condisciples qui devinrent célèbres, entre autres Bérenger de Tours. Reginald, devenu évêque de Liége, en 1024, le rappela, le regardant comme son diocésain. Revenu dans cette ville, il s’y appliqua aux belles-lettres, à la philosophie, à la dialectique et à la théologie. L’école si renommée de cet évêché avait alors à sa tête le savant Wason, qui fut appelé à la cour de l’empereur Conrad et remplacé par Adelman dans la chaire de scolastique. Celui-ci imprima un mouvement remarquable à cette école et forma un nombre considérable d’élèves qui illustrèrent l’Église de Liége par leurs connaissances variées, entre autres Francon, Lambert, abbé de Saint-Laurent, et Guillaume, abbé de Saint-Remy, à Reims. Après plusieurs années d’un enseignement public dont l’influence se fit longtemps sentir, il se retira, on ne sait trop pourquoi, en Allemagne. Bientôt après, il passa en Lombardie, où son savoir et ses vertus attirèrent tellement l’attention sur lui, qu’il fut élu évêque de Brescia, en 1049 ou 1050.

Adelman a laissé plusieurs écrits, parmi lesquels sa lettre à Bérenger de Tours, son ancien condisciple à Chartres, contre les erreurs de cet auteur sur le mystère de l’Eucharistie, lettre intitulée : De Corpore et Sanguine Domini, qui eut à cette époque un immense retentissement et qui fut plusieurs fois publiée au xvie siècle. D’autres lettres et des compositions en vers sont encore attribuées à Adelman, mais elles ne sont point parvenues jusqu’à nous ; elles sont simplement signalées par Sigebert de Gembloux et Tritheim. Il a, en outre, composé, pendant qu’il était écolâtre à Liége, des rhythmes alphabétiques, consistant en strophes de trois vers, commençant par une lettre de l’alphabet, de A à Z. C’est une espèce d’éloge rimée des savants des Écoles de Chartres et de Liége de son temps, le vénérable Fulbert en tête.

Bon de Saint-Genois.

Martène et Durand, Thesaurus Anecdotorum, t. IV, pp. 113-114. — Foppens, Bibliotheca Belgica, t. I, p. 6.

ADELPHRÈDE, ADELPHRIDE ou ÉDELPHRIDE, dix-neuvième évêque de Tournai. Il se place entre Élisée (748) et Dodon, prédécesseur de Guillebert († 782.)

ADELTRUDE (Sainte). Les actes de saint Bavon nous font connaître qu’il eut de son mariage avec la fille du comte Adilian, une fille nommée Adeltrude ou Agglethrude. Dès sa tendre jeunesse, elle montra tant de vertu, que son exemple contribua beaucoup à la conversion de son père. Après sa mort, vers 657, elle se retira à Wintershoven, un des domaines que son père possédait dans la Hesbaie. Elle consacra sa fortune à de œuvres de charité et seconda, par sa générosité, les travaux évangéliques de saint Landoald et de ses compagnons, circonstance dont plusieurs écrivains ont conclu sans fondement qu’elle était venue avec eux dans nos provinces. Pour confirmer cette assertion, on s’est prévalu de ce que le corps de sainte Adeltrude a été inhumé dans l’église de Wintershoven, ainsi que ceux de saint Landoald et de ses compagnons. Sa fête est marquée dans le martyrologe sous le 19 mars. Souvent on confond par erreur sainte Adeltrude de Wintershoven avec sainte Aldetrude, abbesse de Maubeuge. (Voyez Ghesquière, Acta SS. Belgii, t. II, pp. 453-458, et t. III, pp. 345 et suiv.)

P. F. X. de Ram.

ADENÈS ou ADANS, surnommé le Roi, poëte, né dans le Brabant, xiiie siècle. Sur cet écrivain, à coup sûr un des plus considérables, quoiqu’un des moins renommés de son temps, l’histoire littéraire ne possède guère d’autres détails que ceux dont nous sommes redevables à lui-même et qui se trouvent semés çà et là dans ses écrits comme par hasard. Si le nom d’Adenès, sous lequel il est plus généralement connu, n’est tout simplement qu’un de ces diminutifs dont l’usage fut si commun au moyen âge, ou si, comme le pense M. Paulin Paris (Histoire littéraire de la France, t. XX, p. 679), il fut donné à notre Adam pour le distinguer du célèbre Adam de la Halle, son émule et son contemporain, c’est ce qu’il est impossible de déci-