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jour et nuit avec une violence toujours croissante, sans ébranler la fermeté des Gantois et non sans grandes pertes pour les assiégeants. Cependant, le secours promis par les Anglais ne se montrait pas, les munitions de guerre s’épuisaient, les vivres et l’eau potable surtout manquaient dans la place. Le vaillant capitaine dut songer à faire sa retraite et l’effectua si heureusement qu’il ramena, presque sans perte, sa troupe à Gand, où il fut reçu avec les plus vives acclamations. L’armée royale se vengea comme se vengent les lâches : elle dévasta, par le fer et le feu, les cantons paisibles des Quatre-Métiers, et reprit ensuite le chemin de la France, sans même oser paraître sous les murs de Gand. Le duc de Bourgogne commença, dès lors, à comprendre que ce n’était pas la force qui pouvait soumettre la puissante commune, et prêta plus volontiers l’oreille aux conseils du chevalier de Heyle, homme généralement considéré à Gand et qui n’avait rien tant à cœur que de procurer une paix durable à sa patrie.

Suivant le désir du duc lui-même, le chevalier se rendit d’abord près d’Ackerman, qui se tenait au château de Gavre et sous le sceau du secret, il lui communiqua son projet de pacification. Après s’être recueilli un instant, l’illustre guerrier répondit : « Là où Monseigneur de Bourgogne voudra tout pardonner et la bonne ville de Gand tenir en ses franchises, je ne seroi jà rebelle, mais diligent grandement de venir à paix. » Il fut en effet un membre influent de la députation qui se rendit à Tournai et y négocia le traité de paix signé le 18 décembre 1385, aux conditions les plus honorables pour les Gantois. Ackerman revint à Gand sans crainte, mais il refusa une place à la cour ou un emploi à l’armée que lui offrit Philippe le Hardi, résolu qu’il était de passer le reste de ses jours dans le calme de la vie privée. Deux ans après, comme il se rendait, le 22 juillet, à l’abbaye de Saint-Pierre, il fut assassiné par un fils naturel du sire d’Herzeele, qui lui imputait la mort de son père. Ainsi tomba sous la dague d’un vil meurtrier ce grand citoyen, que les historiens attachés au parti du comte proclament eux-mêmes un homme de bien, chaste et humain, aussi sage au conseil que redoutable à la guerre.

J.-J. De Smet.

ACKET (Jean), poëte flamand, vivait du xviie au xviiie siècle. Le lieu de sa naissance est inconnu, mais il est probable qu’il naquit à Bruges. Acket est un de ces poëtes flamands du xviie siècle qui exerçaient leur muse au profit du théâtre national. Il faisait partie de la chambre de rhétorique de Bruges, connue sous le nom de Drie Sanctinnen. Il fit représenter sur le théâtre de cette ville, le 15 février 1700, une tragédie flamande intitulée : Clarinde, princesse van Mantua of de ramspoedighe liefde, imprimée la même année à Bruges, chez Ignace van Pee, in-8o, pp. 49. Cette pièce fut suivie d’un opéra, avec ballet, intitulé : Gelukkige en ongelukkige minnestryd, publié à Bruges, chez Paul Roose, en 1706.

F. Vande Putte.

ADALBAUD ou ADALBALDE (Saint), mari de sainte Rictrude, était un des principaux seigneurs de la cour de Dagobert I et de son fils Clovis II, roi de Neustrie et de Bourgogne ; mais ses vertus le rendaient plus illustre encore que sa noblesse et que le titre de duc ou de seigneur de Douai qu’il paraît avoir porté. Sa mère se nommait Gerberte et était fille de sainte Gertrude ou Geretrude, qui fonda le monastère de Hamage, près de Marchiennes, où elle passa les dernières années de sa vie. Son père, qu’il perdit de bonne heure, s’appelait Rigomer. L’un de ses frères, Erchinoald, fut, dans la suite, maire du palais, sous la régence de la reine Bathilde ; l’autre, appelé Sigefroi, épousa sainte Berthe, laquelle, devenue veuve, bâtit le monastère de Blangy, en Artois.

Saint Amand, qui, pendant la jeunesse d’Adalbaud, prêchait déjà la foi dans nos provinces, le connut de bonne heure et entretint avec lui des rapports d’une intime amitié. Ce fut même par ses conseils et pour les services qu’il en avait reçus, qu’Adalbaud contribua plus tard, vers 643, à la première fondation du monastère de Marchiennes. En sa qualité de noble leude